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Tarek Fahmy : La loi César vise à écarter Bachar Al-Assad, mais ce sera difficile

Sabah Sabet, Lundi, 22 juin 2020

3 questions à Tarek Fahmy, profes­seur de sciences politiques à l’Université américaine du Caire, sur l’impact des nouvelles sanctions de la loi César sur la Syrie

Al-Ahram Hebdo : Six mois après son adoption par le Congrès améri­cain, la loi César est mise en appli­cation depuis le 17 juin, quel est le but de ces nouvelles sanctions amé­ricaines contre le régime syrien ?

Dr Tarek Fahmy: L’Administration américaine vise à travers les sanc­tions imposées à faire pression sur le régime syrien afin d’avancer dans le processus politique, mais en écartant le président syrien, Bachar Al-Assad, de l’équation politique, ce sera diffi­cile. Outre la Syrie, la stratégie de « pression maximale » de par Washington vise aussi l’Iran, princi­pal allié de Damas, afin de le mettre à genoux. C’est aussi un message adressé à la Russie qui soutient le régime syrien. Mais l’activation de la loi César a ses propres problèmes concernant le mécanisme d’applica­tion, surtout au niveau des pays de l’Union européenne. Je pense aussi que le côté russe, qui est contre ces sanctions, va s’y opposer, d’autant plus que Moscou est contre l’exclu­sion de Bachar Al-Assad. Moscou reste un obstacle face à tout règle­ment sans le régime actuel.

Quel sera donc l’impact, direct ou indirect, sur la Syrie ?

– La loi César aura de graves réper­cussions à l’intérieur de la Syrie qui souffre déjà d’une crise économique, surtout avec l’effondrement histo­rique de la monnaie nationale face au dollar. Les articles de la loi auront des effets négatifs sur plusieurs secteurs économiques dans leur ensemble comme le pétrole, la construction et l’énergie. La loi stipule un gel des avoirs, une impossibilité d’accès au système bancaire international et une interdiction d’entrée sur le territoire américain des personnes désignées comme des dirigeants politiques, des responsables sécuritaires et des hommes d’affaires, qui sont placés sur la liste noire des Etats-Unis. En outre, la loi concerne une centaine d’entreprises, de banques et d’or­ganes étatiques syriens. De même, en touchant les deux principaux alliés de Damas, Moscou et Téhéran, elle affecte indirectement la Syrie. Mais en réalité, en attendant un règlement définitif, c’est le peuple syrien qui souffrira le plus.

Mais pourquoi ces sanctions maintenant ?

Ce n’est certainement pas un hasard qu’elles interviennent à l’ap­proche des élections américaines prévues le 3 novembre. Le président américain, Donald Trump, veut faire bouger les choses dans plusieurs dossiers dans la région. Il veut mon­trer que Washington a son mot à dire dans la crise syrienne, mais aussi dans la crise libyenne, la sécurité du Golfe et dans d’autres questions régionales. Autant de crises qui ne peuvent être résolues sans compro­mis internationaux.

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