Le conflit en Syrie est entré, dimanche 15 mars, dans sa 10e année. Si le régime a pu se maintenir en contrôlant désormais plus de 70% du territoire, le pays est meurtri: la guerre a laminé les infrastructures, entraînant des destructions estimées à quelque 400 milliards de dollars, faisant de la reconstruction une tâche titanesque. Et la population, elle, est épuisée. Au moins 384 000 personnes, dont plus de 116000 civils, ont péri dans le conflit, selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH). A la veille de ce 9e anniversaire, l’émissaire de l’Onu pour la Syrie, Geir Pedersen, a déploré la durée et la nature « horrible » du conflit, « preuve d’un échec collectif de la diplomatie », un conflit où « les civils payent le plus lourd tribut ». Car des puissances étrangères aux intérêts divergents jouent des muscles en Syrie. Le principal front de la guerre aujourd’hui— où se jouent aussi et surtout les intérêts des uns et des autres— est la région d’Idleb, ultime grand bastion djihadiste et rebelle dans le nord-ouest. La région jouit, depuis début mars, d’une trêve précaire, après plusieurs mois d’une offensive du régime. En vertu du cessez-le-feu, des patrouilles conjointes de la Russie et de la Turquie, qui soutiennent des groupes rebelles, ont débuté dimanche 15 mars à Idleb. Mais l’offensive a entraîné la mort de près de 500 civils, selon l’OSDH, et a déplacé environ un million de personnes, d’après l’Onu. Et dans les camps de déplacés non loin de la frontière turque, les tentes faites de bâches en plastique s’alignent le long des routes boueuses, battues par les vents. Comme dans tous les camps de la région, les civils survivent dans des conditions déplorables. Tout comme ceux qui ont traversé la frontière avec l’espoir, ou l’illusion, de rejoindre l’Europe .
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