La situation en Lybie demeure toujours inquiétante, les deux camps ne sont pas parvenus à un accord de cessez-le-feu durable. (Photo : AFP)
Réunis à Genève pendant une semaine sous l’égide des Nations-Unies, les camps libyens en conflit ont achevé, samedi 8 février, leurs négociations sans parvenir à un accord de cessez-le-feu durable. « Les deux camps ont admis la nécessité de transformer la trêve en vigueur en un cessez-le-feu durable, mais il reste quelques points de divergence. La MANUL a proposé qu’une nouvelle session de pourparlers commence le 18 février », a indiqué dans un communiqué la Mission d’Appui des Nations-Unies en Libye (MANUL) en ajoutant que, selon l’émissaire de l’Onu pour ce pays, Ghassan Salamé, une commission militaire a été formée pour parvenir à un règlement politique à la crise libyenne. Cette commission est composée de cinq officiers supérieurs envoyés par le Gouvernement d’union nationale (GNA) et de cinq représentants des forces du maréchal Khalifa Haftar, homme fort de l’est. En parallèle aux pourparlers militaires à Genève, l’Onu a lancé un autre volet de discussions autour de sujets économiques et financiers et un premier cycle de discussions s’est tenu à Tunis le 6 janvier. Un deuxième round se tient depuis le 9 février au Caire, mais aucun détail n’a été annoncé sur ces discussions. Ces négociations ont été décidées lors d’un sommet à Berlin le mois dernier, les grandes puissances internationales se sont alors engagées à cesser toute interférence dans le pays et à respecter l’embargo sur les armes.
L’annonce de la fin de ce round de discussions à Genève sans résultat tangible a été décevante, d’autant plus que le médiateur onusien avait annoncé auparavant que les belligérants en Libye avaient fait des « progrès » en vue d'un accord de cessez-le-feu durable. « Des progrès ont été faits sur de nombreux sujets importants et nous avons devant nous des convergences dans plusieurs domaines », a en effet indiqué à Genève l’émissaire de l’Onu pour la Libye, Ghassan Salamé, au quatrième jour des discussions. Suivant les grandes lignes mises lors du sommet international du 19 janvier à Berlin, la commission militaire conjointe avait défini les conditions d’un cessez-le-feu durable, avec retrait de positions militaires, mais les dirigeants en Libye ont refusé les conditions sans annoncer les détails.
Malgré ces tentatives de parvenir à une solution, la situation en Libye demeure compliquée. « Les camps rivaux sont soumis à de fortes pressions de la communauté internationale pour parvenir à un règlement politique, mais chacun d’eux campe sur sa position. Chaque camp pose ses conditions et veut préserver ses intérêts sans présenter de concessions », estime Dr Mona Solimane, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire. Selon elle, « l’issue de la crise libyenne demeure dans les mains des Libyens eux-mêmes, et si toutes les parties ne présentent pas de concessions, toute tentative sera vouée à l’échec, d’autant plus que la communauté internationale ne parvient pas à imposer sa solution, et que même ses pressions ne sont plus efficaces. Les alliés des deux camps ont perdu leur influence ».
Blocage à l’Onu
De son côté, l’émissaire onusien a également déploré que les envois d’armes et de combattants étrangers n’aient pas cessé en Libye, ce qui aggrave la situation. Et la Russie a compliqué la situation en bloquant à l’Onu un projet de résolution britannique sur la Libye en refusant que le mot mercenaires figure dans le texte. La Russie souhaite que ce terme soit remplacé par combattants terroristes étrangers. « Il y a quelques paragraphes dans la résolution qui posent problème. Nous avons décidé de poursuivre les discussions avec les autres partenaires du Conseil », a déclaré l’ambassadeur russe à l’Onu, Vassily Nebenzia, sans entrer dans les détails, à l’issue d’une réunion du Conseil de sécurité.
En dépit de la trêve instaurée le 12 janvier et malgré les promesses faites lors de la Conférence internationale à Berlin, le 19 janvier, de cesser les ingérences, d’encourager les négociations et de respecter l’embargo sur les armes, des combats sporadiques ont lieu quotidiennement aux portes de Tripoli et les armes continuent d’affluer. L’émissaire de l’Onu, Ghassan Salamé, a lui-même encore dénoncé le fait que de nouveaux mercenaires et de nouveaux équipements sont en train d’arriver pour les deux parties, en violation des engagements pris à Berlin. Depuis dix mois que dure le siège de Tripoli, le Conseil de sécurité n’a jamais réussi à se mettre d’accord sur une résolution.
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