Les derniers affrontements ont poussé 400 000 personnes à s'enfuir d'Idleb. (Photo : Reuters)
Les combats entre les forces gouvernementales et les groupes djihadistes et rebelles ont fait plus de 400 morts, de part et d’autre, ces deux dernières semaines, mais ont abouti à la reprise d’une autre ville importante, Maaret Al-Noomane, dans le sud de la province d’Idleb.
Selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), parallèlement à l’avancée terrestre du régime, des avions ont pilonné le secteur, visant un centre de la défense civile. La prise de Saraqeb constituerait une victoire stratégique pour le régime, qui a repris le contrôle sur plus de 40% de la province d’Idleb. La ville se trouve à la jonction entre deux autoroutes que le régime cherche à reconquérir en vue de reconstruire une économie ravagée par près de neuf ans de guerre. La M5 relie Alep, deuxième ville du pays et ancien poumon économique de Syrie, à la capitale Damas, tandis que la M4 relie Alep à la ville côtière de Lattaquié.
Seule une cinquantaine de kilomètres de la M5 demeurent hors de portée du régime, selon l’OSDH. Et seulement moins de la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants des provinces d’Alep, de Hama et de Lattaquié, sont encore dominés par les djihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTS), ex-branche syrienne d’Al-Qaëda. Cette région de trois millions d’habitants, dont la moitié sont des déplacés venus d’autres ex-bastions insurgés, abrite aussi différents groupuscules djihadistes et diverses factions de l’opposition armée affaiblies.
La Turquie prête à riposter
Après avoir enchaîné les victoires avec le soutien de Moscou, le régime contrôle désormais plus de 70% du territoire national. Cette avancée a poussé le président turc, Recep Tayyip Erdogan, à menacer de recourir à la force en Syrie où les forces loyalistes progressent dans le dernier bastion rebelle d’Idleb. « Nous ne tolérerons pas ces attaques qui provoquent des bains de sang et menacent notre pays d’une nouvelle vague de migrants», a déclaré Erdogan.
En effet, la Turquie a averti qu’elle riposterait à toute attaque contre ses postes d’observation dans la province d’Idleb. L’armée turque est déployée sur douze postes d’observation dans cette région, en vertu d’un accord conclu en septembre 2018 entre Moscou, allié du régime syrien, et Ankara, qui parraine les rebelles.
Depuis mercredi 29 janvier, l’armée turque a déployé des renforts à Reyhanli, ville turque frontalière de la Syrie et située non loin d’Idleb. Erdogan avait accusé Moscou, allié du régime syrien, de ne pas respecter les accords conclus avec Ankara au sujet du nord-ouest de la Syrie, où les aviations syriennes et russes ont multiplié les bombardements. Malgré un cessez-le-feu déclaré le 12 janvier, les combats se poursuivent dans le nord-ouest de la région. Ils ont causé, depuis début décembre, la fuite de 388 000 personnes.
Au total, depuis le 24 janvier, le régime syrien a repris 30 localités dans le sud d’Idleb, d’après l’OSDH. Lors de ces derniers bombardements, plus de 75000 personnes ont fui leurs foyers dans les secteurs de Maaret Al-Noomane, d’Ariha et de Saraqeb, selon l’OSDH. A cet égard, l’Onu a déploré le lourd tribut payé par la population civile lors de l’offensive du régime. « Les combats doivent cesser », a déclaré au Conseil de sécurité de l’Onu le secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires des Nations-Unies, Mark Lowcock, mettant en garde contre l’aggravation d’une catastrophe humanitaire. Partageant le même avis, David Swanson, un porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (Ocha), a déclaré: « Des violences quasi quotidiennes continuent d’impacter les civils et des infrastructures comme les écoles et les hôpitaux ». La province a déjà été le théâtre d’une offensive d’envergure entre avril et août 2019 ayant tué près d’un millier de civils et déplacé plus de 400000 personnes, selon l’OSDH. S’il parvenait à reconquérir la totalité de cette région, où vivent environ 3 millions de personnes, le régime contrôlerait la quasi-totalité du pays, hormis les zones tenues par les Kurdes ou par les forces turques et leurs supplétifs syriens dans le nord.
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