
Près d'un millier ont péri et plus de 40 000 personnes ont été déplacées depuis fin avril 2019.(Photo : AFP)
La région d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, est le théâtre depuis deux semaines de combats entre forces pro-régime et factions djihadistes et rebelles. Il s’agit des plus violents combats depuis un accord de cessez-le-feu annoncé fin août par Moscou. Dominée par les djihadistes du groupe Hayat Tahrir Al-Cham (HTS), ex-branche syrienne d’Al-Qaëda, la province d’Idleb et des secteurs adjacents de celles d’Alep, Hama et Lattaquié, échappe toujours dans sa vaste majorité au régime. Ces zones abritent aussi d’autres groupuscules djihadistes et des rebelles affaiblis. Entre fin avril et fin août, la région avait été pilonnée par l’armée syrienne, appuyée par l’aviation russe. Près d’un millier de civils ont péri durant cette période, selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), et plus de 400 000 personnes ont été déplacées, d’après l’Onu.
Cette offensive était prévue, car fin octobre, le président syrien Bachar Al-Assad a effectué sa première visite dans la province depuis le début de la guerre en 2011, affirmant que la bataille d’Idleb était la clé pour mettre fin à la guerre qui déchire la Syrie depuis 2011. « Il s’agit des combats les plus violents dans la province d’Idleb depuis l’entrée en vigueur de l’accord du cessez-le-feu annoncé fin août par le régime syrien et son allié russe », a indiqué le directeur de l’OSDH, Rami Abdel-Rahmane.
Selon les analystes, le régime de Bachar et son allié russe ont juste deux mois pour finir les combats dans cette région, car en février, il y aura un sommet entre les grandes puissances sur l’avenir de la Syrie. Ce nouveau sommet, qui réunira les dirigeants de Turquie, de France, d’Allemagne et de Grande-Bretagne se tiendra à Istanbul. « Ce sommet sera très critique car la relation entre la Syrie et la Turquie, surtout en ce qui concerne les frontières, y sera décidée. Les autorités syriennes veulent récupérer Idleb dans les semaines à venir, et les djihadistes vont échapper aux régions contrôlées par la Turquie. Cette dernière sera chargée d’un nouveau partage démographique dans ces régions », explique Dr Mona Soliman, professeure de sciences politiques à l’Université du Caire. En effet, la Turquie a lancé en octobre dernier dans le nord de la Syrie une offensive contre les forces kurdes des YPG, considérées comme terroristes par Ankara mais qui jouent un rôle-clé dans la lutte contre les djihadistes du groupe Daech. Cette offensive majeure en Syrie pour éloigner les YPG de sa frontière avant de l’interrompre à la faveur d’accords séparés conclus avec les Etats-Unis et la Russie. En dépit de ces accords, des affrontements sporadiques continuent d’opposer les combattants kurdes aux forces turques et à leurs supplétifs syriens dans le nord-est de la Syrie. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a affirmé qu’il soulèverait la question des attaques visant les forces turques et imputées aux YPG avec le président russe, Vladimir Poutine. Pour se protéger, les Kurdes, qui contrôlaient plus du quart du territoire syrien avant l’offensive, ont amorcé un rapprochement avec le régime et la Russie.
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