La guerre au Yémen n’en finit pas de s’embrouiller, devenant plurielle, avec une guerre dans la guerre entre les alliés eux-mêmes. La situation a atteint une telle complexité qu’il est devenu urgent de trouver une porte de sortie. Tout le monde semble en être aujourd’hui conscient, tout le monde parle de la nécessité de sortir de l’impasse. Mais comment ? Pour faire preuve de bonne volonté, l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont affirmé dimanche 8 septembre travailler à l’apaisement dans le sud du Yémen, où des affrontements armés en août ont mis en évidence les divergences entre les deux pays alliés. Riyad et Abu-Dhabi « travaillent en coordination avec toutes les parties concernées pour (...) préparer un dialogue qui mettra fin au différend et aux conséquences de la crise », a indiqué un communiqué commun publié par l’agence officielle saoudienne SPA. Dans leur texte commun, les deux pays ont évoqué un « climat positif » dans le sud, tout en appelant les parties en conflit à s’abstenir de tout acte militaire ou de toute campagne de presse de nature à « aviver les tensions ».
Cet apaisement entre les deux alliés et cette volonté afffichée d’apaiser les tensions qui avaient surgi entre eux interviennent alors que la crise avait pris un nouveau tournant fin août, lorsqu’un nouveau front s’est ouvert à Aden (sud) au sein du camp anti-Houthis entre l’armée appuyée par Riyad et les séparatistes du Conseil de transition du sud (STC), accusés d’être soutenus par les Emirats arabes unis. En effet, les combats à Aden entre les séparatistes du STC et les troupes loyales au gouvernement du président Abd-Rabbo Mansour Hadi, appuyé par Riyad, ont mis en évidence les divergences entre ces piliers de la coalition qui intervient militairement au Yémen contre les rebelles houthis. Le gouvernement yéménite avait accusé Abu-Dhabi d’avoir commis un « coup d’Etat » dans le sud en soutenant les séparatistes. Il avait par ailleurs refusé de s’engager dans un dialogue proposé par l’Arabie saoudite avec les séparatistes, exigeant des pourparlers directs avec Abu-Dhabi. Pour sa part, Riyad a dénoncé dans un communiqué jeudi 5 septembre tout « changement de la réalité » dans le sud du Yémen, y voyant une atteinte à sa propre sécurité.
Auparavant, Riyad a proposé, pour apaiser la tension dans le sud, un dialogue interyéménite à Djeddah et le STC s’est dit prêt à y participer. Le gouvernement yéménite reconnu par la communauté internationale s’est dit lui aussi prêt à un dialogue direct avec Abu-Dhabi. Tout comme les Emirats arabes unis, dont le ministre des Affaires étrangères, Anwar Gargash, a réitéré l’engagement de son pays aux pourparlers proposés par l’Arabie saoudite. « Nous attendons avec confiance et optimisme la réunion de Djeddah entre le gouvernement yéménite frère et le STC », a tweeté M. Gargash. « L’unité contre le coup d’Etat des Houthis et un effort redoublé pour l’affronter est la priorité », a-t-il ajouté.
Pourparlers entre Washington et les Houthis
Les deux alliés se sont donc souvenus que leur ennemi commun reste les Houthis. Dans leur communiqué du 8 septembre, l’Arabie saoudite mais aussi les Emirats ont ainsi indiqué soutenir le « gouvernement légitime » dans le but de « faire échouer le projet iranien et celui des organisations terroristes au Yémen ». Or, là aussi, tout reste à faire. Jusque-là, la guerre n’a pas porté ses fruits. D’où l’annonce surprise de Washington, intervenue en pleine tension entre Riyad et Abu-Dhabi, selon laquelle les Etats-Unis sont en pourparlers avec les rebelles houthis au Yémen en vue d’une solution à la guerre dans ce pays. C’est ce qu’a déclaré jeudi 5 septembre David Schenker, assistant du secrétaire d’Etat américain au Proche-Orient, lors d’une visite en Arabie saoudite. « Nous avons (...) des pourparlers dans la mesure du possible avec les Houthis pour essayer de trouver une solution négociée mutuellement acceptable au conflit. Nous nous concentrons (...) sur les efforts visant à mettre fin à la guerre au Yémen. Nous travaillons avec (l’émissaire de l’Onu au Yémen), Martin Griffiths, et nous sommes en contact étroit avec nos partenaires saoudiens », a-t-il dit lors d’une conférence de presse dans la base aérienne d’Al-Kharj au sud de Riyad.
C’est la première fois qu’un responsable américain évoque publiquement des pourparlers entre l’Administration du président Donald Trump et les rebelles houthis du Yémen qui se sont emparés de la capitale Sanaa en 2014 et contrôlent, depuis, de larges portions du nord du pays. La semaine dernière, le Wall Street Journal (WSJ) avait rapporté que les Etats-Unis « cherchaient à inciter l’Arabie saoudite à prendre part à des pourparlers secrets à Oman avec les dirigeants houthis dans le but de négocier un cessez-le-feu au Yémen ». Une initiative qui intervient après l’intensification par les Houthis des attaques de missiles et de drones contre l’Arabie saoudite voisine et sur fond de tensions régionales .
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