L'offensive sur Idelb a fait 950 morts, depuis 8 août.
Après des pourparlers acharnés, une trêve a été signée entre le régime syrien et son allié russe, d’un côté, et la Turquie et les djihadistes, de l’autre côté, pour arrêter les combats dans la ville d’Idleb. « Un calme relatif règne, les avions du régime syrien et de son allié russe sont à l’arrêt depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu », a affirmé le directeur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel-Rahmane. Cette trêve est entrée en vigueur samedi 31 août, après quatre mois de bombardements meurtriers qui ont tué plus de 950 civils et une offensive au sol ayant permis au régime de reconquérir des secteurs stratégiques dans la ville d’Idleb.
Accueillant environ trois millions d’habitants, Idleb et des secteurs des provinces adjacentes sont dominés par les djihadistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaëda). Ces dernières années, tout au long des offensives qui lui ont permis de reconquérir près de 60 % du territoire syrien grâce à l’appui de Téhéran et de Moscou, le pouvoir de Bachar Al-Assad a accepté des trêves similaires. Mais celles-ci ont toujours fini par voler en éclats. Une précédente trêve décrétée début août dans cette même région d’Idleb s’était effondrée au bout de quelques jours. En effet, cette trêve a donné l’occasion à Washington de mener une frappe près d’Idleb contre des chefs djihadistes. Cette frappe a par ailleurs tué au moins 40 d’entre eux, selon l’OSDH. Ce bilan est l’un des plus meurtriers infligés aux djihadistes dans une seule attaque en Syrie.
L’OSDH, qui s’appuie sur un vaste réseau de sources en Syrie, a précisé que des tirs de missiles avaient visé une réunion rassemblant des chefs des groupes djihadistes Hourras Al-Din et Ansar Al-Tawhid ainsi que des chefs d’autres groupes extrémistes qui leur sont alliés, dans un camp d’entraînement.Les groupes visés sont des alliés de Hayat Tahrir Al-Cham et toutes ces factions ont déjà été la cible de raids aériens du régime syrien, de son allié russe, mais aussi de la coalition internationale antidjihadiste dirigée par les Etats-Unis.
Parallèlement, le Pentagone a indiqué dans un bref communiqué qu’une frappe américaine avait visé au nord d’Idleb des leaders des djihadistes responsables d’attaques menaçant des citoyens américains, ainsi que des civils innocents sans donner de précision sur la façon dont l’opération avait été menée. « La trêve était appliquée pour donner l’occasion à Washington de mener cette attaque. Autre raison non annoncée, la Russie a voulu donner du temps à la Turquie pour évacuer cette ville et transporter ses alliés au nord de la Syrie, région sous contrôle de la Turquie. Si le régime syrien s’empare de cette région, et cela est prévisible, il va contrôler toute la Syrie. Cette situation va obliger la communauté internationale à accepter le plan de paix du président syrien Bachar Al-Assad », explique Dr Mona Soliman, professeure à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire. Bouthaina Chaabane, conseillère du président syrien, a en effet affirmé que la trêve « était temporaire ». « La trêve sert la grande stratégie de libération de chaque centimètre du territoire syrien », a-t-elle dit tout en ajoutant qu’une précédente trêve décrétée début août dans cette même région avait volé en éclats au bout de quelques jours.
Fin avril, le régime d’Assad aidé de Moscou avait lancé des raids aériens contre la province d’Idleb et les secteurs limitrophes dans les provinces voisines de Hama, Lattaquié et Alep, dominés par HTS. Le 8 août, il a débuté une offensive au sol reprenant de nombreux secteurs, y compris la totalité des zones qui lui échappaient dans la province de Hama. Le régime Assad a reconquis environ 60 % du territoire avec l’aide de Moscou, de l’Iran et du Hezbollah libanais. L’ensemble de la région d’Idleb était censé être protégé par un accord sur une « zone démilitarisée », annoncé en 2018 par la Turquie, un allié de groupes rebelles, et la Russie pour séparer les zones gouvernementales des territoires aux mains des djihadistes et insurgés. Mais cet accord n’a pas été respecté et n’a pas empêché la dernière offensive.
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