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Situation inquiétante au Sud-Liban

Maha Salem avec agences, Mardi, 03 septembre 2019

La tension est montée d'un cran cette semaine à la frontière sud du Liban, avec des échanges de tirs entre Israël et le Hezbollah. Une nouvelle guerre est toutefois peu probable.

Situation inquiétante au Sud-Liban
A cause des vives tensions, la mission de l'Onu au Liban (Finul) a été renouvelée pour un an. (Photo : Reuters)

L’armée israélienne et le Hezbollah ont échangé, dimanche 1er septembre, des tirs de missiles de part et d’autre de la frontière entre Israël et le Liban. Le Hezbollah a affirmé avoir détruit un véhicule militaire de l’armée israélienne dans le secteur d’Avivim, dans le nord d’Israël à proximité de la frontière. En revanche, Israël affirme qu’il s’agit de tirs de missiles antichars du Hezbollah qui avaient touché une ambulance militaire, sans toutefois faire de victime. L’attaque a entraîné une riposte militaire israélienne dans le sud du Liban. Selon l’armée liba­naise, Israël a visé les environs des localités de Maroun Al-Ras, Aïtaroun et Yaroun avec plus de 40 roquettes à fragmentation ou incendiaires, pro­voquant des incendies dans ces sec­teurs boisés. Ces villages se trouvent juste en face de la localité israélienne d’Avivim, cible des missiles anti­chars du Hezbollah.

Ces échanges de tirs interviennent sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Hezbollah, qui a aussi accusé le 25 août l’Etat hébreu d’avoir mené une attaque de drones sur son bastion de la banlieue sud de Beyrouth. Israël a bombardé, le 24 août, un village syrien, affirmant vouloir contrer une attaque au drone kamikaze iranien. Le lendemain, deux drones israéliens, selon le Liban, sont tombés dans la banlieue sud de Beyrouth, bastion du Hezbollah, puis, le 28 août, l’armée libanaise a tiré sur des drones israé­liens survolant le Liban. Israël n’a pas revendiqué la paternité des drones tombés à Beyrouth, mais a soutenu que le Hezbollah tentait de confectionner des missiles de préci­sion dans ces quartiers, des alléga­tions qui pourraient avoir été établies justement grâce à des drones de sur­veillance.

Selon Dr Mona Soliman, profes­seure à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire, « ces échanges de tirs étaient prévisibles, on s’attendait à une riposte du Hezbollah aux frappes israéliennes qui ont eu lieu la semaine dernière. On peut même dire que cette riposte a tardé, mais il faut noter que ces frappes sont modestes et n’ont pas causé de vraies pertes et cela est dû aux pressions exercées sur le mouvement chiite ». L’analyste explique qu’après les frappes contre le fief chiite de Beyrouth, la position du Hezbollah était critique et qu’il devait riposter. « Tout d’abord, Hassan Nasrallah veut améliorer son image et augmenter sa popularité. Autre raison, il veut plus de soutien financier, car l’Iran a déjà réduit les fonds versés à ce mouvement, et cherche à trouver d’autres sources. Autre raison, le mouvement chiite veut montrer sa force militaire et rappeler qu’il peut frapper », dit-elle.

Appels au calme

De son côté, le premier ministre libanais, Saad Hariri, tente de calmer la situation en demandant l’interven­tion des Etats-Unis, de la France et de la communauté internationale. Pour éviter plus d’escalade, la force de l’Onu déployée dans le Sud-Liban à la frontière avec Israël a appelé à la plus grande retenue. Quant au Conseil de sécurité de l’Onu, il a renouvelé pour un an la mission de ses quelque 10 000 Casques bleus au Liban (Finul), met­tant en garde contre un nouveau conflit entre ce pays et Israël.

Côté israélien, en pleine campagne électorale, le premier ministre, Benyamin Netanyahu, a voulu se montrer ferme : « Nous réagirons en fonction des développements, assu­rant avoir donné l’ordre à l’armée de rester prête à tous les scénarios ». Mais tout porte à croire que la situa­tion ne va pas dégénérer même s’il s’agit des plus importants échanges de tirs depuis la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah. « Même si Israël hausse le ton, il ne veut pas s’impliquer dans une nouvelle guerre avec l’approche des législa­tives du 17 septembre. Netanyahu veut juste tirer profit de ces événe­ments pour gagner en popularité et améliorer son score », estime Dr Mona soliman. Quant à la commu­nauté internationale, ajoute-t-elle, elle veut à tout prix éviter un nou­veau foyer de tension dans la région, et va donc faire pression sur tous les camps pour calmer la situation.

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