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Pris en étau, les Palestiniens appellent au secours

Maha Salem avec agences, Mardi, 30 juillet 2019

Sur fond de vives tensions, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a décidé de cesser de respecter les accords conclus avec Israël. Une annonce qui intervient à quelques jours d'une nouvelle tournée de Jared Kushner et de Jason Greenblatt pour discuter à nouveau du « deal du siècle ».

Pris en étau, les Palestiniens appellent au secours
Israël a détruit 12 immeubles de Palestiniens à Sour Baher. (Photo : AFP)

C’est une décision tant cruciale que critique. Le président de l’Auto­rité palestinienne, Mahmoud Abbas, a annoncé de cesser de respecter les accords conclus avec Israël. Cette décision intervient après la destruction par Israël de 12 immeubles de Palestiniens à Sour Baher, un quartier important entre Jérusalem-Est annexée et la Cisjordanie occupée par Israël depuis 1967.

Essayant de défendre cet acte injuste, Israël a affirmé que ces immeubles, dont beaucoup étaient encore en construction, étaient trop près de la barrière de sécurité, dont il a commencé la construc­tion en 2002 pour se protéger des attaques venues de Cisjordanie occupée. Pour les Palestiniens, c’est tout autre chose. « Cette opé­ration est destinée à couper Jérusalem de Bethléem dans le sud de la Cisjordanie », a affirmé Walid Assaf, ministre palestinien chargé de la surveillance des colo­nies israéliennes.

Les Palestiniens affirment égale­ment qu’il est presque impossible d’obtenir des permis de construire de la part des autorités israéliennes et qu’il en résulte une pénurie de logements. Mais dans le cas de Sour Baher, les bâtiments avaient été construits avec des permis palestiniens. Ils étaient situés dans des zones censées être sous contrôle civil de l’Autorité palestinienne, en vertu des accords d’Oslo conclus en 1993. Il s’agit donc d’une preuve supplémentaire qu’Israël ne res­pecte pas les accords. « Nous annonçons la décision de la direc­tion (palestinienne) de ne plus appliquer les accords signés avec Israël », a donc réagi le président de l’Autorité palestinienne, tout en ajoutant que la direction palesti­nienne allait mettre en place immé­diatement un comité chargé d’étu­dier comment mettre en oeuvre cette décision. Mahmoud Abbas a condamné les démolitions de loge­ments des Palestiniens par Israël au sud de Jérusalem, estimant qu’elles constituent une dangereuse esca­lade contre le peuple palestinien sans défense. « Ces destructions peuvent seulement être qualifiées de nettoyage ethnique et de crime contre l’humanité », a affirmé Abbas.

« Cette décision était prévisible, c’est une façon pour les Palestiniens d’exprimer leur désarroi. Elle pourrait être une forte pression sur l’état hébreu, car sa sécurité risque d’être menacée, notamment en rai­son de l’échange d’informations entre les services de sécurité. Une coopération sécuritaire essentielle à Israël. Pour l’Autorité palesti­nienne donc, c’est une carte de pression exercée sur les Israéliens », explique Dr Tareq Fahmi, profes­seur à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire.

Une carte de pression

En effet, la coopération entre ser­vices de sécurité palestiniens et israéliens passe pour avoir permis de déjouer des dizaines d’attentats anti-israéliens. Les Israéliens assu­rent que l’Autorité palestinienne y trouve son compte avec le maintien de la stabilité. Fahmi ajoute que la décision palestinienne doit pousser la communauté internationale à faire, elle aussi, pression sur les Israéliens pour répondre à certaines revendications palestiniennes. « Ces revendications sont les droits minimes des Palestiniens », affirme Dr Tareq Fahmi.

Outre les démolitions de maisons palestiniennes, Israël a commencé à déduire environ 9 millions d’euros par mois sur le montant total rever­sé à l’Autorité palestinienne au titre de la TVA et des droits de douane prélevés par l’Etat hébreu sur les produits importés par les Palestiniens. Ces derniers ont refu­sé de toucher une quelconque somme due au titre de ces droits de douane de la part d’Israël tant que ces fonds étaient incomplets, lais­sant l’Autorité palestinienne face à une grave crise financière. Ces taxes représentent 65 % des recettes de l’Autorité censée préfigurer un Etat palestinien.

Les responsables palestiniens avaient précédemment menacé à plusieurs reprises de rompre les relations avec Israël. Le Conseil palestinien avait approuvé en 2015 la fin de la coopération sécuritaire, mais le vote était resté lettre morte. En janvier 2018, le Conseil central de l’OLP s’est prononcé en faveur de la suspension de la reconnais­sance de l’Etat d’Israël, une déci­sion qui n’a toujours pas été appli­quée. En plus, les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens autour de la solution dite à deux Etats israélien et palestinien coexistant l’un à côté de l’autre sont au point mort.

Les Etats-Unis promettent un plan de paix, mais son volet poli­tique tarde à être dévoilé. Les émissaires américains Jared Kushner et Jason Greenblatt doi­vent retourner au Moyen-Orient dans les jours à venir pour des discussions sur ce plan. Les Palestiniens boycottent pour l’ins­tant cet effort de paix américain, accusant l’Administration du pré­sident des Etats-Unis, Donald Trump, de parti pris en faveur d’Israël.

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