Israël a détruit 12 immeubles de Palestiniens à Sour Baher. (Photo : AFP)
C’est une décision tant cruciale que critique. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a annoncé de cesser de respecter les accords conclus avec Israël. Cette décision intervient après la destruction par Israël de 12 immeubles de Palestiniens à Sour Baher, un quartier important entre Jérusalem-Est annexée et la Cisjordanie occupée par Israël depuis 1967.
Essayant de défendre cet acte injuste, Israël a affirmé que ces immeubles, dont beaucoup étaient encore en construction, étaient trop près de la barrière de sécurité, dont il a commencé la construction en 2002 pour se protéger des attaques venues de Cisjordanie occupée. Pour les Palestiniens, c’est tout autre chose. « Cette opération est destinée à couper Jérusalem de Bethléem dans le sud de la Cisjordanie », a affirmé Walid Assaf, ministre palestinien chargé de la surveillance des colonies israéliennes.
Les Palestiniens affirment également qu’il est presque impossible d’obtenir des permis de construire de la part des autorités israéliennes et qu’il en résulte une pénurie de logements. Mais dans le cas de Sour Baher, les bâtiments avaient été construits avec des permis palestiniens. Ils étaient situés dans des zones censées être sous contrôle civil de l’Autorité palestinienne, en vertu des accords d’Oslo conclus en 1993. Il s’agit donc d’une preuve supplémentaire qu’Israël ne respecte pas les accords. « Nous annonçons la décision de la direction (palestinienne) de ne plus appliquer les accords signés avec Israël », a donc réagi le président de l’Autorité palestinienne, tout en ajoutant que la direction palestinienne allait mettre en place immédiatement un comité chargé d’étudier comment mettre en oeuvre cette décision. Mahmoud Abbas a condamné les démolitions de logements des Palestiniens par Israël au sud de Jérusalem, estimant qu’elles constituent une dangereuse escalade contre le peuple palestinien sans défense. « Ces destructions peuvent seulement être qualifiées de nettoyage ethnique et de crime contre l’humanité », a affirmé Abbas.
« Cette décision était prévisible, c’est une façon pour les Palestiniens d’exprimer leur désarroi. Elle pourrait être une forte pression sur l’état hébreu, car sa sécurité risque d’être menacée, notamment en raison de l’échange d’informations entre les services de sécurité. Une coopération sécuritaire essentielle à Israël. Pour l’Autorité palestinienne donc, c’est une carte de pression exercée sur les Israéliens », explique Dr Tareq Fahmi, professeur à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire.
Une carte de pression
En effet, la coopération entre services de sécurité palestiniens et israéliens passe pour avoir permis de déjouer des dizaines d’attentats anti-israéliens. Les Israéliens assurent que l’Autorité palestinienne y trouve son compte avec le maintien de la stabilité. Fahmi ajoute que la décision palestinienne doit pousser la communauté internationale à faire, elle aussi, pression sur les Israéliens pour répondre à certaines revendications palestiniennes. « Ces revendications sont les droits minimes des Palestiniens », affirme Dr Tareq Fahmi.
Outre les démolitions de maisons palestiniennes, Israël a commencé à déduire environ 9 millions d’euros par mois sur le montant total reversé à l’Autorité palestinienne au titre de la TVA et des droits de douane prélevés par l’Etat hébreu sur les produits importés par les Palestiniens. Ces derniers ont refusé de toucher une quelconque somme due au titre de ces droits de douane de la part d’Israël tant que ces fonds étaient incomplets, laissant l’Autorité palestinienne face à une grave crise financière. Ces taxes représentent 65 % des recettes de l’Autorité censée préfigurer un Etat palestinien.
Les responsables palestiniens avaient précédemment menacé à plusieurs reprises de rompre les relations avec Israël. Le Conseil palestinien avait approuvé en 2015 la fin de la coopération sécuritaire, mais le vote était resté lettre morte. En janvier 2018, le Conseil central de l’OLP s’est prononcé en faveur de la suspension de la reconnaissance de l’Etat d’Israël, une décision qui n’a toujours pas été appliquée. En plus, les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens autour de la solution dite à deux Etats israélien et palestinien coexistant l’un à côté de l’autre sont au point mort.
Les Etats-Unis promettent un plan de paix, mais son volet politique tarde à être dévoilé. Les émissaires américains Jared Kushner et Jason Greenblatt doivent retourner au Moyen-Orient dans les jours à venir pour des discussions sur ce plan. Les Palestiniens boycottent pour l’instant cet effort de paix américain, accusant l’Administration du président des Etats-Unis, Donald Trump, de parti pris en faveur d’Israël.
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