
Selon l'Iran, le pétrolier britannique est arraisonné, vendredi 19 juillet, pour « non-respect du code maritime international ». (Photo : AFP)
« Dans une situation déjà tendue, ce développement alimente les risques d'une nouvelle escalade ». C’est ce qu’a déclaré, samedi 20 juillet, le service de la diplomatie de l’Union Européenne (UE), exprimant sa « profonde préoccupation » envers la détention de l’Iran d’un pétrolier britannique. Arraisonné vendredi 19 juillet pour « non-respect du code maritime international » par les Gardiens de la Révolution, le tanker Stena Impero, dont le propriétaire est s uédois, a été emmené au port de Bandar Abbas (sud), selon les autorités portuaires de la province de Hormozgan, où est situé le port. Outre l’UE, les Etats-Unis ont eux aussi dénoncé une « surenchère de la violence » de la part de l’Iran. Mais ce dernier est resté sourd devant les appels de la communauté internationale. Cité par l’agence iranienne Fars, Allah-Morad Afifipoor, directeur général de l’Autorité portuaire et maritime de la province de Hormozgan, a indiqué que le Stena Impero est « entré en collision avec un bateau de pêche » qui a « contacté le pétrolier, mais n’a pas reçu de réponse ». Le bateau de pêche a alors informé l’Autorité portuaire de Hormozgan, qui a ouvert une enquête sur les causes de l’accident conformément « à la loi internationale ». Les 23 membres d’équipage sont tous à bord, a précisé le responsable iranien. Dix-huit, dont le capitaine, sont de nationalité indienne et cinq autres de nationalité philippine, lettone ou russe. Les autorités des pays des détenus ont demandé à l’Iran de « libérer » leurs ressortissants.
Du côté du Royaume-Uni, le chef de la diplomatie britannique, Jeremy Hunt, a indiqué sur Twitter avoir fait part de son « extrême déception » à son homologue, Mohammad Javad Zarif : « Après qu’il m’eut assuré samedi dernier que l’Iran souhaitait désamorcer la situation, ils agissent dans le sens opposé ». Le chargé d’affaires iranien à Londres a été convoqué au ministère des Affaires étrangères, et le Royaume-Uni a recommandé aux navires britanniques d’éviter ce passage maritime stratégique et de rester « en dehors de la zone » du détroit d’Ormuz pour une « période provisoire ».
Cette saisie est survenue quelques heures après la décision de la Cour suprême de Gibraltar (extrême sud de l’Espagne) de prolonger de 30 jours la détention d’un pétrolier iranien arraisonné le 4 juillet par les autorités de ce territoire britannique, et soupçonné de vouloir livrer du brut à la Syrie en violation des sanctions européennes contre Damas. Mais l’Iran a nié cette accusation et dit qu’il riposterait à cet acte de « piraterie ». « Contrairement à la piraterie dans le détroit de Gibraltar, notre action dans le Golfe persique consiste à faire respecter les lois maritimes internationales », a affirmé sur Twitter le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, pour défendre l’arraisonnement du tanker britannique. « C’est l’Iran qui garantit la sécurité du Golfe persique et du détroit d’Ormuz. La Grande-Bretagne doit cesser d’être un auxiliaire du terrorisme économique des Etats-Unis », a ajouté M. Zarif. Jeudi 18 juillet, les Gardiens de la révolution avaient déjà annoncé détenir un autre tanker « étranger » et son équipage soupçonnés de se livrer à de la « contrebande » de carburant dans le Golfe. Aucune indication n’a été donnée depuis sur ce navire.
De l’huile sur le feu
Tous ces incidents mettent de l’huile sur le feu, alors que la situation reste tendue dans la région du Golfe et du détroit d’Ormuz, par où transite le tiers du pétrole acheminé par voie maritime sur la planète, sur fond de bras de fer entre l’Iran et les Etats-Unis qui y ont renforcé en mai leur déploiement militaire en arguant de « menaces iraniennes » non précisées. Cela s’ajoute à une autre polémique à propos d’un drone « iranien » que les Américains disent avoir abattu la semaine dernière dans le détroit, mais l’Iran a démenti, affirmant n’avoir perdu aucun drone.
Les tensions entre Téhéran et Washington, qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980, se sont envenimées depuis le retrait américain de l’accord nucléaire de 2015. Elles ont été exacerbées par des sabotages ou des attaques qui ont visé, depuis mai, six navires dans la région du Golfe et ont été imputés par les Etats-Unis à l’Iran qui a démenti. Et elles ont atteint un pic le 20 juin avec la destruction par l’Iran d’un drone américain. M. Trump avait alors affirmé avoir annulé à la dernière minute des frappes de représailles. Au milieu de ces tensions qui font craindre un embrasement, l’Arabie saoudite, un allié des Etats-Unis et principal rival régional de l’Iran, a annoncé que pour la première fois depuis 2003 des forces américaines seraient déployées sur son sol. Cela « aura un effet dissuasif supplémentaire et renforcera notre capacité à défendre nos troupes et intérêts dans la région », a indiqué le commandement central des forces américaines, alors que Washington cherche à mettre sur pied une coalition internationale pour escorter les navires de commerce dans le détroit d’Ormuz.
Lien court: