Les Soudanais ont manifesté massivement suite à l'appel lancé par l'opposition pour faire pression
sur le Conseil militaire.(Photo : Reuters)
C’est sans doute pour faire pression sur le Conseil militaire que des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi 29 et dimanche 30 juin à Khartoum et dans plusieurs villes du Soudan, répondant ainsi à l’appel lancé par l’opposition. Il s’agit du premier appel de cette envergure lancée par l’Alliance pour la Liberté et le Changement (ALC), fer de lance de la contestation, depuis la dispersion le 3 juin d’un sit-in de manifestants devant le QG de l’armée à Khartoum. Depuis l’éviction de l’ex-président, Omar Béchir, après plusieurs mois de manifestations populaires, le Conseil militaire est engagé dans un bras de fer avec la contestation.
Mais le chef du Conseil militaire, Abdel-Fattah Al-Burhane, essaye de jouer l’apaisement. Samedi 29 juin, il s’est offert un bain de foule dans la banlieue d’Omdurman, ville voisine de Khartoum. « Nous vous promettons qu’avec les frères de l’ALC et les autres partis politiques, nous allons rapidement arriver à un accord. Nous sommes prêts dès aujourd’hui à céder le pouvoir à un gouvernement élu, accepté par tout le peuple soudanais », a déclaré Al-Burhane. Le Conseil militaire a aussi annoncé qu’une nouvelle initiative de transition établie par les médiateurs de l’Ethiopie et de l’Union africaine pouvait servir de base pour une reprise des négociations avec la contestation.
Une ou deux initiatives ?
Le nouveau plan prévoit toujours une instance de transition constituée de huit civils et sept militaires. Sur les huit civils, sept seraient issus de l’ALC, tandis que le dernier serait choisi par les deux camps. Cette instance sera présidée par un des militaires pendant 18 mois, avant qu’un civil ne prenne la relève jusqu’à la fin de la transition, qui doit durer au total trois ans. Le nouveau texte présente une différence majeure par rapport à la version précédente. Il n’évoque plus le quota de 67% alloué à l’ALC au sein du Conseil législatif, qui va faire office de parlement de transition. Ce pourcentage avait été accepté par les deux parties avant la rupture des négociations, mais il a été critiqué ces dernières semaines par le Conseil militaire. Ce dernier a demandé à Addis-Abeba de revoir son plan initial en rédigeant un document commun avec l’Union Africaine (UA). « Même si le Conseil militaire de transition a quelques observations, dans son ensemble, il s’agit d’une proposition valide pour les négociations afin d’arriver à un accord final sur la formation des institutions du pouvoir de transition. Le Conseil militaire est prêt à négocier immédiatement et de manière sérieuse », a annoncé le porte-parole du conseil, le général Chamseddine Kabbachi. Selon le texte de la proposition éthiopienne-UA, une fois l’accord accepté et signé, les deux camps reprendront les négociations et finaliseront les questions en suspens, notamment la formation du Conseil législatif.
Mais l’opposition a assuré lundi 1er juillet que les initiatives de l’Ethiopie et l’Union africaine étaient identiques, contredisant le Conseil militaire au pouvoir qui a réclamé la veille un plan commun. Dimanche 30 juin, le porte-parole du Conseil militaire a assuré qu’un plan de transition préparé par l’Ethiopie était différent d’une autre initiative présentée par l’Union africaine, sans évoquer les détails des deux documents. Des propos ont été réfutés lundi par l’Alliance pour la Liberté et le Changement (ALC), chef de file de la contestation. L’Union africaine a suspendu le Soudan de l’organisation quelques jours après la dispersion du sit-in. Ni l’Ethiopie ni l’UA ne se sont prononcées sur les déclarations du Conseil militaire. Les négociations entre l’opposition et le Conseil militaire de transition doivent dessiner la future période de transition, mais les pourparlers ont été interrompus en mai, et l’Ethiopie joue le rôle de médiateur pour les relancer.
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