Les pays du Golfe accusent l'Iran d'avoir saboté leurs navires au large des Emirats arabes unis. (Photo : AFP)
La tension est montée d’un cran cette semaine entre Washington et Téhéran, les deux pays échangent les accusations et les menaces. Lundi, le président américain, Donald Trump, a menacé l’Iran de « destruction » en cas d’attaque contre les intérêts américains. « Si l’Iran veut la guerre, ce sera sa fin. Plus jamais de menaces à l’encontre des Etats-Unis », a lancé Trump. Déjà, les Etats-Unis ont annoncé le déploiement dans le Golfe du porte-avions Abraham Lincoln et de bombardiers B-52, invoquant des menaces de la part de l’Iran. En plus, l’Administration Trump a ordonné à son personnel diplomatique non essentiel de quitter l’Iraq, citant des menaces émanant de groupes armés iraqiens soutenus par l’Iran. Ces ordres ont été donnés après qu’une roquette Katioucha eut été tirée contre la Zone verte à Bagdad, qui accueille des institutions gouvernementales et des ambassades, dont celle des Etats-Unis. Il n’était pas clair dans l’immédiat qui était derrière cette attaque.
Les relations américano-iraniennes sont au plus bas depuis que le président Trump a décidé, il y a un an, de se retirer de l’accord international conclu en 2015, visant à limiter le programme nucléaire iranien en échange d’une levée des sanctions contre Téhéran, et depuis le rétablissement des sanctions économiques américaines contre l’Iran, en novembre dernier. Le monde craint l’éclatement d’une guerre entre ces deux pays qui pourrait détruire toute la région et les intérêts de plusieurs pays. « Aucun des deux pays ne veut cette guerre. Une guerre entre les Américains et les Iraniens peut détruire la région. Elle sera catastrophique pour les deux pays qui vont perdre non seulement des soldats et des équipements, mais aussi d’énormes sommes d’argent. Alors, une guerre militaire est exclue, mais les deux pays exercent un autre genre de guerre qui est la guerre des nerfs. Autrement dit, chaque camp exerce de fortes pressions sur son rival pour l’obliger à faire des concessions. Les deux pays vont poursuivre cette guerre des nerfs jusqu’à ce qu’une médiation soit menée pour trouver une issue et calmer la situation. Cette médiation peut venir de la part de la Turquie ou de l’Union Européenne (UE) », explique Dr Mona Soliman, professeure à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire. Et d’ajouter qu’il faut attendre la fin des élections européennes, la semaine prochaine, pour voir une éventuelle médiation de l’UE.
En dépit des tensions, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a écarté la possibilité d’une nouvelle guerre dans la région. « Il n’y aura pas de guerre parce que nous ne souhaitons pas de conflit et parce que personne ne se fait d’illusion quant à sa capacité à affronter l’Iran dans la région », a déclaré Zarif, dont le pays est accusé de mener des attaques contre ses voisins dans la région du Golfe. Le 12 mai, 4 navires, dont 3 pétroliers, ont été sabotés au large des Emirats arabes unis, à l’entrée du Golfe. Ces actes n’ont pas été revendiqués. Deux jours plus tard, une attaque de drones a endommagé un oléoduc en Arabie saoudite. Principal rival régional du Royaume saoudien, l’Iran a été montré du doigt par Riyad après ces attaques, pourtant revendiquées par les rebelles yéménites soutenus par Téhéran. Riyad a accusé l’Iran d’avoir ordonné cette attaque contre cet oléoduc, destinée à contourner le détroit d’Ormuz, voie principale des exportations de brut de la région, que l’Iran menace de fermer en cas de conflit avec les Etats-Unis. « Ces attaques iraniennes constituent un message à l’attention des Américains selon lequel l’Iran répondra en cas d’attaque américaine contre ses intérêts. L’Arabie saoudite et les Emirats sont les alliés les plus proches des Américains dans la région », explique Mona Soliman.
Patrouilles de sécurité
La Ve flotte américaine, basée à Bahreïn, a indiqué que les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) avaient débuté des patrouilles renforcées de sécurité dans les eaux internationales en coordination étroite avec Washington. Riyad a néanmoins assuré dimanche que la sécurité de son industrie pétrolière était « solide ». Avec la volonté d’user de son influence diplomatique dans la région pour mieux contrer son rival iranien, Riyad a demandé, samedi, la convocation d’un sommet du CCG et de la Ligue arabe. Ces deux sommets extraordinaires auxquels Riyad invite ses partenaires se tiendraient le 30 mai à La Mecque pour discuter des agressions iraniennes et de leurs conséquences sur la région. « Il s’agit de consulter les dirigeants des pays frères à propos des sujets susceptibles de renforcer la sécurité et la stabilité dans la région », a affirmé le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Al-Jubeir. Et d’ajouter que son pays « ne veut pas une guerre avec l’Iran et va tout faire pour la prévenir, mais Riyad est prêt à se défendre et à défendre ses intérêts si l’autre partie choisit d’aller vers la guerre ». Les alliés régionaux du Royaume ont salué l’invitation saoudienne. Le ministère des Affaires étrangères des Emirats arabes unis a indiqué que dans les circonstances critiques actuelles, les pays du Golfe et les pays arabes doivent faire preuve d’unité.
Côté américain, le président Donald Trump a ouvert la porte au dialogue en direction des dirigeants de l’Iran, qui est pourtant sa bête noire depuis son accession à la Maison Blanche. En réponse, l’Iran a réaffirmé sa doctrine de ni guerre, ni négociations. « Ni nous, ni (les Etats-Unis) ne cherchons la guerre, ils savent qu’elle ne sera pas dans leur intérêt », a déclaré, mardi, l’ayatollah Ali Khamenei, tout en répétant son opposition à toute négociation avec le gouvernement américain actuel.
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