« Le redéploiement des rebelles houthis des trois ports de Hodeida, Salif et Ras Issa (ouest) s’est déroulé conformément aux plans établis », a déclaré l’Onu, dimanche 12 mai, tout en ajoutant que « les trois ports ont été surveillés simultanément par des équipes des Nations-Unies, alors que les forces militaires quittaient les ports et que les garde-côtes assumaient la responsabilité de la sécurité. Au cours des prochains jours, les activités devraient être axées sur l’élimination des équipements militaires et le déminage », a affirmé le texte signé par la Mission des Nations-Unies chargée de soutenir l’accord de Hodeida.
Selon le président du Comité de coordination des redéploiements, le général danois Michael Lollesgaard, cette première étape doit être considérée comme la première partie du concept convenu pour la phase 1 des redéploiements généraux à Hodeida, conformément à l’accord de Stockholm. Le communiqué onusien a aussi annoncé que le gouvernement yéménite s’est engagé à exécuter sa part de la phase 1 à la demande de l’Onu et que les consultations avec les parties au sujet de l’amorce de ces prochaines étapes se poursuivent.
Toutefois, depuis l’annonce du retrait des rebelles des ports de Hodeida, Salif et Ras Issa, des responsables gouvernementaux yéménites mettent en doute ce désengagement, parlant tantôt de nouvelle ruse, tantôt de manipulation. Ils affirment que les Houthis transfèrent l’autorité à des forces qui leur sont favorables. Mais pour satisfaire la communauté internationale, le gouvernement yéménite a salué l’annonce rebelle. « Nous saluons toute mesure en vue de la mise en oeuvre de l’accord de Suède sur le redéploiement dans des ports de la province de Hodeida, tout en mettant en garde contre les tentatives de la milice (des Houthis) de tromper la communauté internationale », a déclaré le ministre yéménite de l’Information, Mouammar Al-Iryani.
Annoncé à plusieurs reprises par l’Onu, notamment en février et en avril, le retrait effectif des ports tardait à être mis en oeuvre, suscitant l’inquiétude de la communauté internationale, alors que des millions de Yéménites sont menacés par la famine. L’essentiel des importations et de l’aide humanitaire est censé arriver via la ville portuaire de Hodeida qui a été la cible d’une offensive gouvernementale avant les pourparlers de paix en Suède fin 2018. Le processus initié en Suède était le premier depuis 2016. Il a suscité des espoirs, les parties ayant conclu une trêve qui semble à peu près tenir à Hodeida, ainsi qu’un accord pour la libération de milliers de prisonniers. Cependant, ces libérations n’ont toujours pas eu lieu. Ce redéploiement avait été l’objet d’un accord lors de pourparlers tenus en décembre sous l’égide de l’Onu en Suède. « Les pressions américaines ont été renforcées sur le régime iranien pour que ce dernier abandonne quelques dossiers régionaux. Et le conflit yéménite prend la part de lion d’autant plus qu’il demeure sans issue depuis quatre ans. Le retrait houthi est sans doute le résultat de pressions de la part des Iraniens, eux mêmes sous pression. Ils ont donc été obligés de quitter le port et d’appliquer les termes de l’accord de paix signé à Stokholm », explique Dr Ahmad Youssef, directeur au Centre des études et de recherches arabes et africaines au Caire. Selon lui, « ce retrait, que les Houthis ont essayé de retarder à plusieurs reprises, peut être le premier pas d’un règlement politique ». Une lueur d’espoir pour régler ce conflit qui a tué des dizaines de milliers de personnes, dont de nombreux civils. Environ 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées et 24,1 millions, soit plus des deux tiers de la population, ont besoin d’assistance. Et, le Yémen est toujours menacé par la pire catastrophe humanitaire du monde.
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