Les forces du maréchal Haftar avancent
sur 2 axes : par le sud et le sud-est.
(Photo:Reuters)
Pour la deuxième semaine consécutive, des combats acharnés opposent les forces de l’Armée Nationale Libyenne (ANL) du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen, à celles du Gouvernement d’union nationale (GNA) basé à Tripoli. L’offensive de Haftar vise à chasser les terroristes et les criminels implantés près de Tripoli. « On ne peut parler de processus politique pour ramener la stabilité en Libye qu’après s’être débarrassé des groupes terroristes et des hors-la-loi. Nous irons aux urnes une fois que les milices auront déposé leurs armes », a affirmé le porte-parole de l’ANL, le général Ahmad Al-Mesmari. Avis partagé par le président de la Chambre des représentants, Akila Saleh, à l’ouverture de la première session à Benghazi qui a eu lieu le 14 avril, Saleh a salué l’offensive menée par le maréchal Haftar. Un combat contre le terrorisme que l’Egypte soutient: le président Abdel-Fattah Al-Sissi a reçu, dimanche 14 avril, le maréchal Haftar, et selon le porte-parole de la présidence égyptienne, Bassam Radi, « Le Caire soutient les efforts de lutte contre les milices armées terroristes, afin d’assurer la stabilité du citoyen libyen dans l’ensemble du territoire libyen ».
Sur le terrain, les combats ont déjà fait plus de 561 blessés et plus de 13500 déplacés. Un bilan lourd qui a poussé l’Onu à réclamer une pause humanitaire dans les combats aux abords de Tripoli, afin de faciliter le départ des civils et d'apporter une aide à ceux qui restent. « Les combats continuent et il y a en fait une augmentation du recours à de l’artillerie lourde qui peut avoir un impact dévastateur, spécialement dans des zones urbaines », a déclaré le porte-parole de l’Onu, Stéphane Dujarric.
Les forces du maréchal Haftar semblent avancer sur deux axes: par le sud et le sud-est et à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale, l’aéroport international de Tripoli, inutilisé depuis des combats en 2014, est aussi le théâtre d’intenses combats. L’offensive s’annonce toutefois longue et difficile. « Il est vrai que les forces de l’ANL sont plus fortes et mieux organisées et qu’elles possèdent un plan stratégique et une tactique militaire, mais il ne faut pas pour autant négliger aussi la puissance de leurs opposants surtout après l’alliance des milices de Misrata aux forces du GNA de Fayez Al-Sarraj. Ces dernières possèdent les armes de l’ancien président Muammar Kadhafi, mais, elles ne sont pas organisées », explique Dr Ziyad Aql, politologue et spécialiste du dossier libyen au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram, au Caire, tout en ajoutant que « cette offensive sera longue et difficile ». « Elle ne sera pas vite tranchée. Cela dit, le maréchal Haftar a déjà reporté plusieurs gains. Tout d’abord, il montre à la communauté internationale qu’il possède la force militaire et la haute main dans ce conflit. Sa stratégie était dès le début organisée, il a pu faire des alliances avec le sud, région pleine de tribus et de factions. Le maréchal Haftar savait d’avance que la crise libyenne sera résolue politiquement, alors il a voulu réaliser une avancée remarquable pour que ses revendications soient acceptées le temps des négociations venu. Autre gain, aucun processus de paix ne sera appliqué sans l’approbation de Haftar. Il va sûrement occuper un poste important dans la période de transition politique », ajoute Dr Aql.
Impact sur le processus politique
En effet, cette offensive va sans doute avoir un important impact sur le processus diplomatique. Selon les analystes, l’Onu peut être amenée à changer le plan de paix proposé aux Libyens. « Le plan de paix onusien n’était pas satisfaisant pour les camps libyens en conflit, et dans les jours à venir, le rôle de l’Onu diminuera sans doute. Un groupe des pays concernés par cette crise devrait prendre le relais dans la période à venir. Le règlement de la crise libyenne sera alors basé sur deux axes: le premier dépendra de ce groupe et de sa capacité à se mettre d’accord sur une solution acceptable par toutes les parties, le deuxième axe dépendra sur les compromis réalisés entre les camps libyens rivaux eux-mêmes. Il faut donc avant tout régler les divergences entre les Libyens et répondre à certaines revendications. Chaque camp doit présenter des concessions. Le plus important actuellement est que la communauté internationale est devenue consciente que n’importe quelle solution politique doit être acceptable par les différentes camps libyens. Autrement dit, un plan de paix doit être fait et planifié par les Libyens eux-mêmes, sans l’approbation de ces derniers, on ne pourra jamais trouver la paix », conclut Dr Aql .
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