C’est une fin de non-recevoir que les Européens ont apportée aux demandes américaines de se retirer de l’accord nucléaire iranien. Pour les Européens, l’Iran respecte cet accord qui garantit une levée de sanctions économiques en échange d’un engagement à se limiter strictement à développer une industrie nucléaire civile. « Ensemble, avec les Britanniques, les Français et toute l’Union Européenne (UE), nous avons trouvé un moyen pour que l’Iran reste dans l’accord sur le nucléaire. Et notre objectif reste sans arme nucléaire, justement parce que l’Iran déstabilise la région », sans cet accord, « la région ne sera pas plus sûre et ferait en réalité un pas de plus vers une confrontation ouverte », a souligné le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, lors de la Conférence sur la sécurité de Munich vendredi 15 février, en réponse à l’appel, formulé la veille, par le vice-président américain, Mike Pence, pour que les Européens se retirent de l’accord nucléaire, comme l’ont déjà fait les Etats-Unis, au motif que Téhéran déstabilise le Moyen-Orient. Et la haute représentante pour les affaires étrangères de l’UE, Federica Mogherini, de renchérir : « Nous pensons que (cet accord) est fondamental et crucial pour notre sécurité ». L’accord « est un pilier fondamental de l’architecture de non-prolifération nucléaire à l’échelle mondiale ». Des réponses qui n’ont pas calmé le vice-président américain. Avant d’atterrir à la Conférence sur la sécurité de Munich, Mike Pence a une fois de plus accusé l’Iran de nourrir un antisémitisme qu’il a comparé à celui des Nazis après une visite dans le camp d’extermination d’Auschwitz en Pologne. M. Pence a également dénoncé l’initiative de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni visant à permettre aux entreprises européennes de continuer à opérer en Iran en dépit des sanctions américaines. « C’est une mesure peu judicieuse qui ne fera que renforcer l’Iran, affaiblir l’UE et créer encore plus de distance entre l’Europe et les Etats-Unis », a jugé M. Pence.
Mais ce n’est pas que la question de l’accord sur le nucléaire qui divise Américains et Européens. « Est-ce une bonne idée pour les Américains de se retirer soudainement et rapidement de Syrie? Cela ne renforcera-t-il pas encore la capacité de l’Iran et de la Russie d’exercer leur influence ? », s’est interrogée samedi 16 février la chancelière allemande, Angela Merkel, à la Conférence sur la sécurité de Munich. Avant elle, toujours à Munich, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait déjà critiqué les incohérences du retrait américain de Syrie qui « risquait de favoriser » l’Iran. « Comment est-ce que l’on peut être très ferme à l’égard de l’Iran et en même temps abandonner le nord-est de la Syrie alors que l’on sait très bien que la fin de l’histoire risque d’être de favoriser la présence iranienne dans la zone ? », a-t-il demandé avant d’ironiser : « Pour moi c’est un mystère ».
Chaque camp campe donc sur sa position et le statu quo, aussi tendu soit-il, risque de se prolonger. L’UE tente en vain de sauver l’accord. Washington promet d’exercer une pression maximum sur Téhéran et avertit que les sanctions américaines deviendront encore plus sévères à moins que l’Iran ne « change son comportement dangereux et déstabilisateur », comme l’a dit Mike Pence. Téhéran s’obstine. Et Tel-Aviv tente de son côté de tirer le plus de profit possible de ce chaos.
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