Selon les FDS, entre 500 et 600 terroristes se trouvent encore dans le dernier bastion de Daech. (Photo : AFP)
Après cinq mois de combat contre Daech dans l’est de la Syrie, la force arabo-kurde soutenue par Washington a annoncé, samedi 9 février, avoir lancé sa dernière offensive contre l’ultime réduit djihadiste : quelques kilomètres carrés dans l’est syrien, tout près de la frontière iraqienne. Soutenue par la coalition internationale emmenée par Washington, les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) ont annoncé donc, samedi 9 février, avoir lancé la « bataille finale » pour « éliminer » ce qui reste de Daech dans l’est syrien. « La bataille a commencé », a indiqué à l’AFP un porte-parole des FDS, Mustefa Bali, qui a aussi fait état « d’affrontements directs à l’arme légère ». « Entre 500 et 600 terroristes » se trouveraient encore dans le réduit djihadiste, a-t-il précisé, se basant sur des témoignages de personnes ayant fui le secteur. « Il y a de violents combats. Nous avons donné l’assaut et nos hommes avancent », a indiqué à l’AFP un commandant des FDS, au deuxième jour de l’offensive. « Les FDS ont progressé » sur deux axes, a indiqué Mustefa Bali sur Twitter, précisant que les djihadistes avaient perdu des dizaines de positions et que leurs « fortifications » avaient été détruites.
Jeudi 31 janvier, la coalition avait affirmé que le secteur encore tenu par Daech ne représentait plus que moins de 1 % de son « califat » autoproclamé. Les quelques kilomètres carrés encore tenus par les djihadistes se trouvent dans la province de Deir Ezzor, dans un secteur allant du village de Baghouz à la frontière iraqienne. Ces derniers jours, la progression au sol des FDS avait été stoppée, les combattants des FDS sur le terrain assurant que les djihadistes utilisaient des civils comme boucliers humains. Sur le terrain, les grands combats ne semblent pas avoir encore commencé. Samedi 9 février, un porte-parole des FDS présent à la base militaire d’Al-Omar, près du théâtre des opérations, a assuré que « la progression se fait lentement ». « Quand il y a des mouvements de djihadistes, on frappe » à l’artillerie, a-t-il expliqué.
Les FDS avaient lancé en septembre, avec le soutien de la coalition internationale, leur offensive contre cet ultime réduit de Daech, prenant les unes après les autres les localités tenues par les djihadistes. Depuis septembre, plus de 1 200 djihadistes ont été tués dans les affrontements, contre plus de 670 combattants des FDS, selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH). Plus de 400 civils, dont 144 enfants, ont péri dans les violences, selon l’Observatoire.
Washington promet de « continuer à diriger » la lutte antidjihadiste
L’annonce de cette ultime bataille intervient alors que le président américain Donald Trump avait juste auparavant pronostiqué une victoire imminente contre Daech. « L’annonce formelle que nous avons repris 100 % du califat devrait intervenir la semaine prochaine », a-t-il dit. Mais c’est davantage pour justifier sa décision de retirer ses troupes de Syrie. En effet, soucieux de minimiser les conséquences de leur retrait de Syrie, les Etats-Unis ont réaffirmé la semaine dernière leur engagement à vaincre « définitivement » Daech, tout en demandant à leurs alliés, réunis à Washington, d’en faire eux-mêmes davantage, et ce, à l’occasion de la rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays membres de la coalition internationale antidjihadistes, mercredi 6 février. Moins rassurant que le président américain, le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a reconnu, au cours de cette réunion, que Daech « reste une menace dangereuse ». Dorénavant, « notre combat ne sera pas forcément en premier lieu militaire », a plaidé Mike Pompeo, évoquant l’importance du renseignement à l’ère du « djihad décentralisé ». C’est pourquoi, a-t-il assuré, l’annonce-surprise du retrait des quelques 2 000 soldats américains du nord syrien, faite en décembre par Donald Trump, « ne signifie pas la fin du combat américain ». « L’Amérique va continuer à diriger » la lutte antidjihadiste « en ne laissant aucun répit à ceux qui voudraient nous détruire », a-t-il martelé.
« C’est justement la nouvelle vision de Donald Trump : soutenir la lutte antiterroriste indirectement, à travers des aides logistiques ou militaires à d’autres parties qui, elles, se chargeront de la bataille proprement dite », explique Dr Hicham Mourad, professeur de sciences politiques à l’Université du Caire. C’est ce qui s’est passé en Syrie. « Il y a certainement eu un deal avec la Turquie », estime Hicham Mourad. Or, conclut-il, « Trump, qui avait pourtant fait de la lutte antiterroriste l’une de ses priorités en période de campagne, traite avec la question avec sa mentalité d’homme d’affaires : il ne pense qu’aux gains (ou aux pertes) financiers. Mais pour une grande puissance, les calculs devraient être tout autre. En se retirant, Trump laisse les mains libres à d’autres puissances, notamment la Russie, à s’impliquer davantage, donc à devenir diplomatiquement plus influentes ».
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