Dans le cadre de l’accord de paix signé en décembre dernier en Suède, des représentants du gouvernement yéménite et des rebelles houthis se sont réunis à nouveau cette semaine en Jordanie. Sous l’égide de l’Onu, les deux parties ont mené des discussions techniques concentrées sur un échange de prisonniers, dont l’identification reste problématique. Cet échange devait concerner à l’origine jusqu’à 15 000 détenus au total.
Le pouvoir et les rebelles yéménites s’étaient déjà réunis mi-janvier dans la capitale jordanienne pour deux jours de négociations, au cours desquelles ils avaient soumis aux médiateurs de l’Onu la liste des captifs dont ils souhaitaient la libération. « Ce sont des tentatives avancées par l’Onu pour appliquer l’accord qui peine à se concrétiser. Car le conflit yéménite a une proportion plus grande, c’est un conflit par procuration entre l’Arabie saoudite et l’Iran », explique Dr Mona Soliman, professeure à la faculté des sciences politiques à l’Université du Caire.
Selon elle, « à eux seuls, les Houthis et le pouvoir n’ont pas la capacité de mettre fin au conflit, les deux camps sont soumis à la volonté de leurs alliés respectifs. Donc, la communauté internationale doit intensifier ses pressions sur les deux vrais rivaux pour arriver à une solution politique ».
Pas d’issue sans une solution à Hodeida
L’échange de prisonniers n’est qu’un seul point d’achoppement, il existe une liste de différends dont le port de Hodeida est l’essentiel. Pour trouver une issue à cette question, les camps rivaux doivent présenter des concessions et l’Onu les poussent à se réunir à la table des négociations dans quelques jours. Les Houthis, alliés de l’Iran, affirment avoir commencé à retirer leurs forces du grand port de Hodeida. Une déclaration non confirmée. De sa part, la coalition militaire menée par l’Arabie saoudite accuse les Houthis de multiplier les violations du cessez-le-feu. A cet égard, cette alliance insiste à assiéger cette ville pour obliger les Houthis à se retirer. L’activité commerciale de ce port est indispensable aux quelques 20 millions de Yéménites qui font face à des difficultés alimentaires, menacés par la pire crise humanitaire. L’Onu s’est engagée à vérifier que toutes les forces armées quittent la ville et doit superviser la levée des taxes au port. Les Houthis dépendent sur ce port comme une ressource de financement, déjà, ils en tiraient jusqu’ici un tiers de leurs revenus. Ils se disent prêts à abandonner cette ressource, à condition qu’elle serve à payer les fonctionnaires. Dans le nord rebelle, nombre de ces employés ne reçoivent plus leurs salaires de l’Etat depuis l’été 2016. Or, l’accord de Stockholm a laissé en suspens une question cruciale : le sort de la Banque centrale de yémen. C’est à elle que l’Onu doit verser les revenus du port. A son tour, la banque sera responsable des revenus et le partage des ressources. Sans un accord technique permettant de faire fonctionner un minimum d’institutions, la paix est impossible. L’Onu a obtenu l’autorisation d’envoyer, pour une période initiale de 30 jours, une équipe préliminaire d’observateurs chargés de surveiller le cessez-le-feu et le retrait des combattants des ports de Hodeida, de Salif et de Ras Issa dans 3 semaines, comme agréé à Stockholm. Le secrétaire général doit aussi proposer des options avant fin mars pour renforcer le dispositif de surveillance de l’Onu dans le gouvernorat de Hodeida. Dans le conflit yéménite, la ville de Hodeida est un noeud stratégique.Tenu par les rebelles houthis appuyés par l’Iran, ce port de la mer Rouge est assiégé par les forces gouvernementales et les alliés locaux de la coalition arabe menée par l’Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Pour ces derniers qui encadrent les opérations au sol, le contrôle de Hodeida constitue un enjeu majeur.
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