La capitale n'a pas connu d'attentats depuis un an. (Photo: AP)
Deux attentats à Damas et à Afrine (nord), des raids israéliens dans le sud de la capitale: la Syrie a été le théâtre, dimanche 20 janvier, d’un regain de violences alors que la question du retrait des troupes américaines, décidé il y a un mois, fait encore des remous. Ces trois événements ne sont certes pas liés, mais ils rappellent que la guerre est loin d’être finie dans ce pays où agissent plusieurs acteurs régionaux et internationaux. Première conséquence de cette décision, l’intensification des raids que mène Israël « contre des cibles iraniennes ».
En effet, l’Etat hébreu a annoncé haut et fort son intention de continuer à lutter contre la présence iranienne en Syrie, et, plus généralement, contre l’influence de Téhéran dans la région. Israël en a toujours fait son cheval de bataille, et, depuis la décision américaine, il accroît ses raids. Et surtout, les annonces se font plus franches. Selon certains analystes, si Benyamin Netanyahu s’exprime plus ouvertement à propos du théâtre syrien, c’est surtout pour accroître sa crédibilité sur le plan sécuritaire à l’approche des élections législatives anticipées du 9 avril prochain. Mais ce faisant, Israël risque cependant de s’engager dans une escalade militaire avec la Syrie et l’Iran, mais aussi d’irriter la Russie, soutien du régime de Damas. Lors d’un déplacement au Tchad, le premier ministre israélien a ainsi déclaré dimanche 20 janvier : « Nous avons une politique bien établie: saper l’enracinement de l’Iran en Syrie et nuire à quiconque tente de nous nuire ». Aussitôt dit, aussitôt fait, Tel-Aviv a ainsi annoncé quelques heures plus tard mener des attaques aériennes en Syrie.
Selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH) cité par l’AFP, il y a eu des frappes de missiles israéliens dans le secteur de l’aéroport de Damas et les environs de la capitale. Ces bombardements auraient vraisemblablement touché des dépôts d’armes iraniens et appartenant au Hezbollah, la milice chiite libanaise soutenue par Téhéran, selon cette ONG. Le lendemain matin à Damas, l’agence de presse officielle syrienne Sana a fait savoir que la défense anti-aérienne syrienne avait riposté dans la nuit de dimanche à lundi à de nouveaux tirs « ennemis » contre la Syrie, alors qu’un communiqué de l’armée israélienne a dit avoir intercepté une roquette lancée depuis la Syrie et visant le territoire israélien. L’armée israélienne a également mis en garde les forces syriennes contre « toute tentative de frapper le territoire ou les forces d’Israël ».
Le retrait américain
en toile de fond
Quelle que soit la version véridique, ces événements témoignent d’une tension grandissante et ne sont pas sans lien avec le retrait américain. Tout comme le regain de violence dans le nord du pays. La ville d’Afrine, dans la province d’Alep, a été le théâtre, également le dimanche 20 janvier, de l’explosion d’une bombe dans un bus. Cet attentat, qui a fait trois morts et plusieurs blessés, selon l’OSDH, coïncide avec la date anniversaire du lancement d’une offensive turque contre cette région à majorité kurde pour en chasser les rebelles kurdes des Unités de protection du peuple (YPG) qu’Ankara considère comme une organisation terroriste étroitement liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Suite à cette offensive, Afrine avait été prise en mars 2018 par l’armée turque, et depuis, cette région est aujourd’hui tenue par des factions armées pro-Ankara. L’attentat a eu lieu alors que des milliers de Kurdes manifestaient à Qamichli (nord-est) pour dénoncer « l’occupation turque ». Dans un communiqué, les YPG se sont engagées à poursuivre la « lutte » en vue de la libération d’Afrine « de la puissance occupante ». « Ils n’arriveront jamais à nous dissuader de poursuivre notre combat à Afrine », a rétorqué le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors d’une conférence téléphonique avec des militaires turcs ayant participé à l’offensive l’an dernier.
Outre le nord et la question kurde, le terrorisme continue de frapper. Dimanche 20 janvier, Damas a été secoué par l’explosion en matinée d’un « engin explosif » dans le sud de la capitale, perpétrée par un « terroriste », sans faire de victime, a affirmé l’agence officielle Sana, selon qui cet auteur a été interpellé. Il s’agit de la première attaque dans la capitale syrienne depuis plus d’un an. Quelques jours auparavant, mercredi 16 janvier, un attentat revendiqué par l’organisation djihadiste Daech a tué au moins 19 personnes, dont 4 Américains, dans la ville de Minbej (nord-est). C’est dire que la tension n’est pas près de baisser en Syrie.
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