Jeudi, 13 février 2025
Al-Ahram Hebdo > Monde Arabe >

Le Koweït miné par les divisions politiques

Maha Salem avec agences, Mardi, 18 juin 2013

Pour la deuxième fois en un an, la Cour constitutionnelle koweïtienne a dissous le Parlement. Elle appelle à un nouveau scrutin que l'opposition a d'ores et déjà affirmé vouloir boycotter.

Comme prévu, la Cour constitutionnelle du Koweït a invalidé, lundi 17 juin, les dernières élections législatives et a dissous le Parlement, tout en approuvant une réforme du mode de scrutin proposée par l’émir et contestée par l’opposition. D’où le rejet du verdict par cette dernière.

Les opposants islamistes, nationalistes et la plupart des groupes d’opposition libéraux qui veulent revenir à l’ancien mode de scrutin, appellent au boycott des prochaines élections. Le dirigeant de l’opposition et ex-président du Parlement, Ahmad Al-Saadun, a déclaré que les opposants avaient formé, au cours d’une réunion dimanche 16, un comité qui décidera d’une série d’actions contre ce verdict qui, selon lui, a quasiment mis fin à la Constitution. Seul un groupe de l’opposition libérale, le Bloc de l’Action nationale, a annoncé dans un communiqué respecter la décision de la justice.

C’est la deuxième fois que le Parlement est dissous en un an. En juin 2012, la Cour avait dissous la Chambre, alors dominée par l’opposition, pour vice de forme. L’actuelle Chambre est dominée par les partisans du gouvernement, l’opposition ayant boycotté les élections de décembre pour dénoncer le changement par l’émir du mode de scrutin.

La Cour constitutionnelle était appelée à se prononcer en octobre sur la constitutionnalité du décret de l’émir modifiant la loi électorale de 2006 et limitant le choix des électeurs à un seul candidat, contre quatre auparavant. Ce décret avait accentué une grave crise politique qui secouait l’émirat depuis 2006, provoquant une vague de manifestations parfois violentes. L’opposition estimait que l’émir avait outrepassé ses pouvoirs et que la mesure favorisait une manipulation du scrutin. La Cour avait assuré que le décret était conforme à la Constitution, servait l’intérêt national et donnait une chance aux minorités d’être représentées au Parlement.

Mais les juges ont par la suite invalidé le scrutin de décembre, ordonnant de nouvelles élections : ils ont évoqué l’inconstitutionnalité d’un deuxième décret de l’émir ayant institué la Commission nationale des élections. En décidant de la dissolution du Parlement, la Cour a précisé que les lois votées par la Chambre depuis son élection restaient valides.

Le président du Parlement dissous, Ali Al-Rached, a précisé que les prochaines élections se dérouleraient sur la base de l’amendement à la loi électorale. Mais, les groupes d’opposition avaient prévenu en mai qu’ils ne participeraient à aucun scrutin qui ne soit pas régi sur la base de la loi de 2006.

Le Koweït a été longtemps considéré par ses voisins arabes du Golfe comme un phare de la démocratie, avec le fort dynamisme de son Parlement et une liberté d’expression avérée. Mais cette image a été écornée par des années de querelles à répétition depuis le vote en 2006 d’une modification de la loi électorale qui autorisait chaque électeur à choisir jusqu’à quatre candidats.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique