Les conditions des réfugiés et déplacés et leur retour étaient au menu des pourparlers à Astana. (Photo : AFP)
Réunis pendant deux jours à Astana, les émissaires de l’Iran, de la Russie et de la Turquie ont achevé un nouveau round de pourparlers sur la Syrie sans réaliser aucun progrès malgré la présence des délégations du gouvernement et de l’opposition. Ces pourparlers ont été consacrés à la situation à Idleb, les conditions du retour des réfugiés et déplacés ainsi que la reconstruction après le conflit.
Et le vrai enjeu de ces négociations portait sur la création du comité pour rédiger la nouvelle Constitution. « La rencontre d’Astana a été une occasion ratée d’accélérer la mise en place d’un Comité constitutionnel crédible, équilibré et inclusif, pour et dirigé par les Syriens, facilité par les Nations-Unies », a déploré l’envoyé spécial des Nations-Unies pour la Syrie, Staffan De Mistura, dans un communiqué diffusé par ses services, en ajoutant qu’aucun progrès tangible n’avait été enregistré vers l’élaboration d’une nouvelle Constitution syrienne, étape cruciale vers un règlement politique du conflit.
« Il n’y a pas eu de progrès tangible pour venir à bout de l’impasse vieille de dix mois concernant la composition du Comité constitutionnel », a affirmé De Mistura qui quitte ses fonctions fin décembre après plus de quatre ans de médiation infructueuse. L’objectif du Comité constitutionnel est d’élaborer une nouvelle Constitution pour la Syrie. Mais Damas s’oppose à sa composition telle qu’elle est proposée par l’Onu.
Depuis janvier, le médiateur, Staffan de Mistura, travaille sur la composition du comité qui doit comprendre, selon son plan, 150 personnes : 50 choisies par le régime, 50 par l’opposition et 50 par l’Onu pour inclure dans la réflexion des représentants de la société civile et des experts. Le gouvernement syrien s’oppose à ce que des leaders religieux, des représentants de groupes féministes ou des experts indépendants puissent faire partie de ce comité.
Ce dernier serait chargé de plancher sur une loi fondamentale permettant de mener à des élections, afin de tourner la page de sept années d’une guerre dévastatrice. Les dirigeants de la Russie, de la Turquie, de l’Allemagne et de la France ont appelé à ce que le comité soit formé avant la fin de l’année.
Pressions américaines
Face à ce blocage — ces discussions d’Astana étaient les onzièmes depuis l’initiative diplomatique de Moscou début 2017 en faveur de tels pourparlers qui ont éclipsé les autres discussions sur la Syrie sous les auspices des Nations-Unies —, les Etats-Unis, qui jugent vital d’obtenir une percée d’ici la fin de l’année, ont annoncé que le processus d’Astana n’avait produit qu’une impasse sur l’élaboration d’une nouvelle Constitution pour la Syrie. Dans un communiqué, le département d’Etat américain regrette aussi cette absence d’avancées. « Pendant dix mois, l’initiative d’Astana/Sotchi, en référence aux villes kazakhe et russe où se réunissent ses participants, a produit une impasse sur le Comité constitutionnel syrien », a estimé la porte-parole de la diplomatie américaine, Heather Nauert.
Selon cette dernière, mettre en place et réunir, d’ici la fin de l’année, ce Comité constitutionnel à Genève est vital pour une désescalade durable et une solution politique au conflit. « Mais la Russie et l’Iran continuent d’utiliser ce processus pour masquer le refus du régime Assad de s’engager dans le processus politique sous l’égide de l’Onu. Aucun succès n’est possible sans que la communauté internationale tienne Damas totalement responsable pour l’absence de progrès dans la résolution du conflit », a affirmé Heather Nauert.
Les Etats-Unis et les Occidentaux ont toujours émis des doutes sur ces négociations menées par la Russie et l’Iran, soutiens du régime syrien de Bachar Al-Assad, et la Turquie, soutien de groupes rebelles syriens. « Toutes ces tentatives sont organisées pour donner du temps au régime syrien afin de renforcer sa position sur le terrain avant toutes négociations. Le temps n'est pas en faveur de l’opposition ; au contraire, cette dernière a perdu plusieurs acquis et devra faire des concessions. Elle a déjà été obligée de revoir ses revendications à la baisse.
En plus, l’opposition est divisée, elle n’est plus soutenue comme au début du conflit ni au niveau politique, ni militaire, ni financier », explique Dr Ahmed Youssef, politologue et directeur du Centre des études et des recherches arabes et africaines au Caire. Et de conclure : « Le régime, s’appuyant sur le soutien de Moscou, va poursuivre ses pressions pour que la communauté internationale accepte ses exigences pour la formation du comité de la Constitution ».
Lien court: