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Syrie : Regain de tension dans le nord

Maha Salem avec agences, Lundi, 26 novembre 2018

La situation est à nouveau tendue dans le nord de la Syrie. Une offensive contre Idleb serait en préparation.

Pour soutenir le régime syrien, la Russie a mené des frappes aériennes en Syrie contre les positions de terroristes syriens qu’elle accuse d’avoir mené une attaque au chlore samedi 24 novembre à Alep (nord-ouest), tenue par le régime de Damas.

« Des frappes aériennes ont été menées par des avions de l’armée russe. Toutes les cibles des combattants ont été détruites », a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Igor Konachenkov. Ces frappes ont eu lieu suite à ce que le ministère russe de la Défense affirme être une attaque de ces combattants avec des armes contenant du chlore. « Des groupes terroristes, se trouvant dans la zone tampon d’Idleb (nord-ouest) contrôlée par le groupe djihadiste Hayat Tahrir Al-Cham, ont tiré à l’aide de lance-grenades des explosifs contenant apparemment du chlore », a déclaré M. Konachenkov, tout en ajoutant que des chimistes militaires russes sont arrivés dans cette région pour porter assistance aux victimes et évaluer la situation.

Les raids russes interviennent malgré un accord dévoilé en septembre par la Russie, allié du régime, et la Turquie, parrain traditionnel des rebelles, visant à mettre en place une trêve et à créer une « zone démilitarisée » qui doit séparer les territoires insurgés des régions gouvernementales dans les provinces voisines d’Alep et d’Idleb (nord-ouest). « En octobre dernier, lors du Sommet d’Istanbul consacré à la Syrie, la Russie avait annoncé que le démantèlement des groupes djihadistes serait achevé avant la fin de cette année.

L’étape suivante étant les négociations de paix et l’application de la transition politique avec le début de l’année prochaine, ce qui doit coïncider avec le début de la mission du nouvel émissaire onusien. Ensuite, il y aura la désignation du comité chargé de rédiger la nouvelle Constitution syrienne. Toutes ces annonces nous révèlent l’approche de l’offensive contre Idleb. En plus, il y a des combats entre les groupes djihadistes armés et la Turquie n’arrive plus à contrôler les groupes sous sa tutelle, elle a perdu son influence », explique Dr Mona Soliman, professeure à la faculté d’économie et de sciences politiques de l’Université du Caire.

Tous les indices confirment donc l’approche de l’offensive sur Idleb mais, selon l’analyste, ce ne sera pas une vaste offensive comme dans les cas de Homs et d’Alep. Il s’agira d’une opération limitée pour détruire certains endroits contrôlés par des djihadistes. Le régime syrien mène depuis plusieurs semaines des raids sur le rif d’Idleb. Il vise des positions et des camps militaires dépendant de ces groupes. Le nombre de ces derniers est estimé à 30000 combattants bien armés, formés et équipés, explique Mona Soliman, qui ajoute que le régime syrien veut mener des attaques chimiques sans être critiqué par la communauté internationale et que l’attaque de samedi 24 novembre sert bien ses intérêts.

Le pouvoir syrien a accusé des groupes terroristes d’avoir mené cette attaque chimique dans la ville d’Alep, un drame qui a provoqué une centaine de cas de suffocation. Mais les rebelles ont démenti toute implication dans l’attaque contre Alep, métropole du nord aux mains du régime, les autorités syriennes et leur allié russe évoquant un possible recours au gaz de chlore.

Dans un pays ravagé depuis 2011 par une guerre civile, c’est le pouvoir de Bachar Al-Assad qui a été le plus souvent accusé d’avoir utilisé l’arme chimique lors d’attaques souvent meurtrières. Depuis fin 2016, Alep est sous contrôle du régime. Mais des secteurs à la périphérie ouest de la ville sont tenus par des groupes rebelles et djihadistes. Le Front national de libération, l’alliance rebelle la plus importante présente dans les provinces d’Alep et d’Idleb, a rejeté les accusations de Damas et démenti toute implication dans l’attaque à l’arme chimique.

« Nous démentons les allégations mensongères du régime sur une attaque contre Alep qui aurait été menée par les révolutionnaires à l’aide de projectiles, encore plus une attaque menée à l’aide de projectiles contenant du gaz de chlore », a indiqué dans un communiqué le porte-parole de la coalition rebelle du Front national de libération, Naji Moustapha. Toutefois, dans la périphérie ouest d’Alep, plusieurs groupes djihadistes sont également présents, notamment Hayat Tahrir Al-Cham, organisation dominée par l’ex-branche d’Al-Qaëda, ainsi que le groupuscule Hourras Al-Din, lié à Al-Qaëda. Ces factions n’ont pas réagi aux informations faisant état d’une attaque chimique.

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