«
C’est un moment crucial pour le Yémen ». C’est ce qu’a déclaré, vendredi 16 novembre, l’émissaire de l’Onu pour le Yémen, Martin Griffiths. En effet, après trois ans et demi de guerre, une ébauche semble se dessiner et les pressions diplomatiques commencent à porter leurs fruits. Certes, on est encore loin d’une solution finale, mais la volonté affichée des deux parties de s’asseoir autour d’une table de négociations est en soi une avancée considérable. «
J’ai l’intention de réunir à nouveau les parties rapidement en Suède. Je pense que nous sommes proches de surmonter les obstacles afin que cela puisse se faire », a déclaré Martin Griffiths. Il a également dit que le gouvernement yéménite, soutenu par les Saoudiens, tout comme les rebelles houthis, soutenus, eux, par l’Iran, avait montré un «
engagement renouvelé » à travailler à une solution politique et avait présenté des «
garanties solides » selon lesquelles ils participeraient aux pourparlers.
M. Griffiths a précisé que la coalition menée par les Saoudiens avait accepté des « arrangements logistiques », afin d’ouvrir la voie à des discussions — y compris sur des évacuations médicales de la ville de Sanaa, tenue par les rebelles — et qu’un accord sur un échange de prisonniers était proche d’être conclu. Autant de signes que des mesures renforçant la confiance mutuelle étaient pris en amont des discussions à venir.
M. Griffiths prévoit de se rendre dans la capitale Sanaa la semaine prochaine, afin de finaliser les préparatifs. Il a proposé de voyager avec la délégation des rebelles houthis en Suède « si cela (était) nécessaire ». Une façon d’éviter que ne se reproduise le scénario de septembre dernier, lorsque les Nations- Unies avaient annoncé des discussions à Genève, mais qu’elles n’ont jamais eu lieu après des exigences de dernière minute de la part des rebelles houthis. Parallèlement, l'Angleterre doit présenter, ce lundi, devant le Conseil de sécurité, un projet de résolution sur le Yémen, afin de soutenir les démarches des pourparlers, a annoncé l’ambassadrice britannique, Karen Pierce. Un vote pourrait intervenir rapidement, mais aucune date n’a été annoncée. Aucune date non plus n’a été évoquée pour les pourparlers, et l’émissaire onusien a tout de même prévenu qu’une nouvelle flambée des violences mettrait en péril les efforts de paix. Mais le secrétaire général de l’Onu, António Guterres, s’est montré rassurant, affirmant qu’une solution est aujourd’hui « sur la table ».
Accalmie à Hodeida
Les pressions se sont en fait récemment accentuées pour mettre fin à la guerre au Yémen. Tour à tour, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, et son homologue britannique, Jeremy Hunt, ont estimé la semaine dernière que le temps de la négociation était venu. Lors d’un entretien avec le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohamad bin Salmane, Pompeo a explicitement appelé à « la fin des hostilités », demandant que « toutes les parties viennent à la table pour négocier une solution pacifique au conflit ». Le ministre britannique des Affaires étrangères, qui s’est entretenu à Riyad avec le roi Salmane et son homologue Adel Al-Joubeir, a appelé les Saoudiens à ne pas « risquer un désastre humanitaire en recherchant une victoire militaire », notamment dans la bataille de Hodeida.
Il aurait perçu une « véritable volonté » saoudienne d’entamer des pourparlers de paix. Hunt s’est également rendu à Abou-Dhabi pour rencontrer Mohamad bin Zayed, le prince héritier des Emirats arabes unis, l’autre tête pensante de la guerre au Yémen.
En effet, la diplomatie s’est activée, alors que la bataille de Hodeida battait son plein. Et l’annonce de prochains pourparlers a été suivie d’une accalmie dans cette ville stratégique, où la coalition était pourtant en pleine offensive pour en chasser les Houthis. Sans avoir officiellement annoncé un cessez-le-feu, des commandants des forces progouvernementales yéménites ont déclaré, mercredi 14 novembre, à l’AFP avoir reçu l’ordre de leurs supérieurs d’arrêter leurs opérations contre les rebelles houthis, retranchés dans la ville portuaire de Hodeida, dans l’ouest du pays. Trois commandants sur le terrain, qui appartiennent à des unités différentes, ont dit à l’AFP avoir des instructions de cessez-le-feu et d’arrêter toute offensive jusqu’à nouvel ordre. Cependant, « nous répondrons à tout mouvement de l’ennemi », a dit l’un d’eux.
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