Des soldats israéliens lors d’un entraînement militaire dans le plateau occupé du Golan. (Photo : AFP)
Le ministère russe de la Défense a présenté, dimanche 23 septembre, sa version de l’accident survenu il y a près d’une semaine au-dessus de Lattaquié : un avion russe avait été abattu par la défense anti-aérienne syrienne peu après un raid de l’aviation israélienne. Quinze militaires russes avaient alors perdu la vie. Dès l’incident, Moscou a fait porter la responsabilité à Israël. Si les Russes ont ensuite quelque peu assoupli leur position, l’armée russe s’est à nouveau montrée offensive et a encore une fois incriminé Israël.
Et ce, après qu’une délégation israélienne était rentrée de Moscou, après avoir présenté la version des événements aux responsables militaires russes. Au retour de la délégation, un haut responsable israélien a déclaré que Moscou semblait avoir accepté l’enquête israélienne. Pourtant, l’annonce du ministère russe de la Défense du dimanche 23 septembre semblait indiquer que Moscou se rangeait du côté de son allié syrien. Et le général Igor Konashenkov, porte-parole du ministère russe de la Défense, de dire que les actions israéliennes ont violé l’accord de déconfliction établi entre les deux pays, qui vise à éviter de telles confrontations ou des victimes collatérales.
Au-delà de l’incident lui-même, cela va remettre en cause l’effort de coordination entre Israël et la Russie, notamment cet accord, d’autant plus qu’Israël mène souvent des opérations contre des cibles associées à l’Iran en Syrie. Si Moscou refusait de coopérer avec Israël, ces interventions deviendraient beaucoup plus difficiles et complexes pour l’armée de l’air israélienne. Ce qui pourrait conduire à restreindre la liberté d’action d’Israël pour mener des opérations contre l’Iran et ses alliés en Syrie.
Or, pour Tel-Aviv, il y a des « tentatives continues de l’Iran de transférer des armes stratégiques à l’organisation terroriste Hezbollah et d’établir une présence militaire iranienne en Syrie ». C’est du moins ce que dit le rapport israélien présenté par la délégation qui s’est rendue à Moscou. Et pour Israël, le transfert d’armements est une ligne rouge qui l’a conduit à multiplier les raids aériens en Syrie. Depuis le début de l’année en effet, Israël ne cache plus son implication militaire en Syrie. Début septembre dernier, la presse rapportait, sur la foi de sources militaires, que l’armée avait visé 202 cibles depuis janvier 2017.
Selon l’Observatoire Syrien pour les Droits de l’Homme (OSDH), l’aviation israélienne aurait tué 113 Iraniens déployés au côté du régime Assad, au cours de raids effectués en un mois. La région de Lattaquié est un lieu particulièrement sensible, car elle accueille la base des forces aériennes russes de Hmeimim, à 15 km de la ville portuaire. Moscou y a notamment déployé ses batteries de défense aérienne S-400.
En réaction aux déclarations russes, le ministre de la Défense israélien, Avigdor Liberman, a indiqué dimanche 23 septembre que la politique israélienne en Syrie restait inchangée malgré le mécontentement de Moscou.
« Nous agissons avec discrétion et avec un sentiment de responsabilité », a dit Liberman à la Radio israélienne. « Rien n’a changé et rien ne changera. C’est notre politique. Nous n’avons pas l’intention d’avoir une querelle publique avec la Russie via les médias. Nous avons agi comme nous l’avons toujours fait, conformément au même système de coordination (avec la Russie) et nous continuerons à agir de la même manière à l’avenir. La responsabilité de ce tragique incident incombe à la Syrie, à l’armée du président syrien Bachar Al-Assad … Ce sont les faits », a martelé le ministre israélien.
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