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Pressions israéliennes tous azimuts

Abir Taleb avec agences, Mercredi, 06 juin 2018

Israël, qui fait de la présence iranienne en Syrie une ligne rouge, continue d’inciter la Russie à faire pression sur l’Iran. Moscou semble obtempérer pour éviter une escalade.

La tournée effectuée cette semaine par le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, en Europe avait un but précis : délivrer un message d’intransigeance maximale à l’encontre de l’Iran devant des dirigeants européens soucieux au contraire de sauver l’accord nucléaire et le dialogue avec Téhéran. Mais il ne s’agit pas que du nucléaire. Netanyahu veut surtout — et il l’a maintes fois répété — « des moyens de bloquer les aspirations nucléaires et l’expansion iranienne au Moyen-Orient ». Une question « vitale pour la sécurité d’Israël », selon lui. « Que l’Iran parte du sud de la Syrie (près d’Israël) ne suffit pas », dit Netanyahu en invoquant le fait qu’Israël resterait exposé aux missiles à longue portée que l’Iran chercherait à implanter en Syrie, « l’Iran doit donc quitter la Syrie pour de bon », a-t-il martelé avant son déplacement en Europe, lundi 4 juin.

Pour ce, Tel-Aviv frappe à toutes les portes. Israël serait en « pourparlers avancés » avec la Russie sur un potentiel retrait des forces iraniennes de Syrie, a fait savoir la chaîne israélienne Hadashot jeudi 31 mai. Selon cette chaîne, des sources diplomatiques israéliennes auraient déclaré que ces discussions avec la Russie — conduites avec le soutien des Etats-Unis — vont dans la bonne direction. Officiellement, rien n’a été déclaré, sinon que Netanyahu évoquait le même jour la situation en Syrie avec le président russe, Vladimir Poutine, dans un entretien téléphonique.

Le Kremlin a dit que la conversation s’est concentrée sur « certains aspects de l’arrangement syrien » qu’il n’a pas spécifiés, suite à des entretiens entre les deux responsables à Moscou au début du mois.

Tractations diplomatiques

Ainsi, parallèlement aux récents affrontements entre Téhéran et Tel-Aviv sur le terrain syrien, Israël ne compte pas lésiner sur ses pressions diplomatiques. Et les initiatives continues de Netanyahu pour convaincre le président russe de l’importance de la menace iranienne sur la sécurité d’Israël semblent finalement porter leurs fruits. En effet, la volonté affichée par le président Bachar Al-Assad de reprendre le contrôle des territoires tenus par l’opposition dans le sud de la Syrie a ouvert la voie à d’intenses tractations diplomatiques pour obtenir le départ des forces affiliées à l’Iran dans cette région. La Russie, principale alliée de Damas, a ainsi pour la première fois fait part de sa volonté de pousser l’Iran à un retrait. La semaine dernière, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que seule l’armée syrienne devait être présente à la frontière avec Israël et la Jordanie. Mercredi 30 mai, il a affirmé que le retrait de toutes les forces non syriennes de la frontière avec Israël devait avoir lieu « dès que possible », selon l’agence officielle russe TASS.

Déjà, en novembre dernier, Israël avait essayé d’imposer ses conditions sur l’accord de déconfliction signé entre la Russie, les Etats- Unis et la Jordanie concernant le sud syrien. Tel- Aviv voulait une zone tampon de 60 km entre sa frontière et les milices chiites pro-iraniennes. Mais seuls 20 km ont été retenus, au grand dam des Israéliens. Les choses ont changé depuis. La semaine dernière, des officiels israéliens ont laissé entendre que la Russie accepterait désormais les demandes israéliennes. Moscou a également proposé de déployer des policiers russes à la frontière du Golan. Les médias russes ont récemment fait savoir que Moscou désirerait passer un accord qui verrait la police militaire russe déployée dans les zones à proximité d’Israël. Cette convention envisagerait le retrait de toutes les forces iraniennes de la zone et exigerait l’abandon par les rebelles syriens de toutes les armes lourdes.

C’est dans ce cadre que s’inscrivait la visite du ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman, à Moscou, le 31 mai, où il a rencontré le ministre russe de la Défense, Sergei Shoigu. Les discussions avaient pour principal sujet les tensions entre Israéliens et Iraniens en Syrie. « L’Etat d’Israël apprécie la compréhension de la Russie de notre crainte sécuritaire, particulièrement concernant la situation à notre frontière nord », a ainsi écrit Lieberman après son entretien avec son homologue russe. Plus qu’une appréciation, Tel-Aviv a, semble-t-il, obtenu gain de cause auprès de Moscou.

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