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Le cri de secours des Palestiniens

Maha Salem avec agences, Mardi, 22 mai 2018

Tandis que la communauté internationale s’est contentée de condamner les violences israéliennes à Gaza, qui ont fait 60 morts, le président palestinien, Mahmoud Abbas, a demandé à placer la Palestine sous protection internationale.

Le cri de secours des Palestiniens
Près de 60 Palestiniens sont morts sous les balles israéliennes, en manifestant contre le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem. (Photo : AFP)

Après le bain de sang de Gaza, les pays musulmans ont appelé à l’envoi d’une force de protection internationale dans les Territoires palestiniens à la fin d’un sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) à Istanbul, convoquée par le président turc, Recep Tayyip Erdogan. Selon le communiqué final du sommet, les représentants des 57 pays regroupés au sein de l’OCI ont appelé à « une protection internationale pour le peuple palestinien », accusant l’Administration américaine de défendre les crimes d’Israël et de protéger l’Etat hébreu au Conseil de sécurité de l’Onu. Washington est vivement critiqué pour le transfert de son ambassade à Jérusalem, un acte considéré comme hautement provocateur.

L’OCI a en outre condamné dans les termes les plus forts les « actes criminels des forces israéliennes dans les territoires palestiniens occupés, notamment dans la bande de Gaza », où près de 60 Palestiniens sont morts, lundi, sous les balles israéliennes en manifestant contre le transfert de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem. Le texte de l’OCI appelle l’Onu à mettre sur pied « une commission d’enquête internationale » pour faire la lumière sur le bain de sang de Gaza.

Même revendication à la Ligue arabe, après une réunion extraordinaire au Caire. Les chefs de la diplomatie arabes se sont réunis en session extraordinaire, à la demande de l’Arabie saoudite, trois jours après des protestations massives, ils ont réclamé une enquête internationale sur les « crimes » israéliens.

Le Conseil des droits de l’homme de l’Onu a adopté, vendredi, une résolution appelant à l’envoi de toute urgence d’une commission internationale indépendante, pour enquêter sur les événements de Gaza.

L’équipe doit enquêter sur les violations commises lors des grandes manifestations civiles qui ont commencé le 30 mars 2018 à Gaza, dont celles qui pourraient constituer des crimes de guerre. Le ministère israélien des Affaires étrangères a rejeté cette résolution. « Israël rejette complètement la décision du Conseil des droits de l’homme, qui prouve une fois de plus qu’il s’agit d’un organe à majorité anti-israélienne dominé par l’hypocrisie et l’absurdité », a affirmé le ministère dans un communiqué.

Demander la protection internationale

En revanche, le camp palestinien a bien accueilli cette résolution, et le président palestinien, Mahmoud Abbas, a demandé à l’Assemblée générale de l’Onu de placer les territoires palestiniens sous la protection internationale en attendant qu’on décide de leur sort. Et pour éviter le veto américain, la demande a été présentée à l’Assemblée générale par un mouvement au sein de l’Assemblée appelé Réunis pour la paix.

« Si les territoires palestiniens sont placés sous protection internationale, cela obligerait l’Etat hébreu à arrêter toutes ses violations non seulement à Jérusalem, mais aussi dans tous les territoires palestiniens occupés. Le gouvernement israélien sera incapable de poursuivre son plan de judaïsation de la Palestine, déjà en place et qui doit s’achever en 2050, ce plan qui vise à anéantir la présence arabe à Jérusalem et dans tous les territoires palestiniens occupés. La crainte aujourd’hui est qu’on arrive à un point sombre et que tous les territoires palestiniens soient perdus de manière à ce que, à la reprise des négociations de paix, il n’y aurait plus de terres au sujet desquelles on peut négocier », explique Dr Tareq Fahmi, professeur à l’Université américaine au Caire. En effet, Israël a déjà commis plusieurs agressions contre les Palestiniens depuis la décision de Trump de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem en décembre dernier. Le gouverneur militaire de Jérusalem a délivré des autorisations pour expulser des milliers de familles palestiniennes de la ville sainte et détruire leurs maisons sous prétexte de « protéger l’Etat hébreu ». Par ailleurs, Israël a commencé un projet visant à relier Jérusalem-Est à Jérusalem-Ouest par le biais d’un train rapide. Le projet devrait commencer dans quatre mois. Autre mesure, le gouvernement israélien essaie de connecter les colonies de Jérusalem et de changer la carte géographique de la ville. « En plus, Israël veut judaïser l’éducation et changer toute l’histoire arabe et musulmane », affirme Tareq Fahmi. Il explique qu’il est question de promulguer une loi qui donne à Israël le droit de contrôler les lieux de culte et leurs activités. « Israël veut également imposer des impôts et des taxes sur ces lieux, surtout les églises. Après, le plan israélien consiste à nationaliser plusieurs institutions et établissements à Jérusalem. Des actions qui visent essentiellement à judaïser la ville. Placer les territoires palestiniens sous la protection internationale est le seul moyen de les protéger et de préserver l’identité palestinienne », affirme Dr Fahmi.

Depuis le 30 mars, les Palestiniens manifestent le long de la frontière avec Israël pour le droit des réfugiés à revenir sur les terres de 1948, date de la création d’Israël. La mobilisation vise aussi le blocus israélien de la bande de Gaza. Elle a été amplifiée, lundi 14, par le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem, qui ulcère les Palestiniens. Israël n’a cessé de proclamer que cette protestation massive est « orchestrée par le Hamas », mouvement islamiste qui dirige la bande de Gaza et contre lequel l’Etat hébreu a livré trois guerres depuis 2008. Le Hamas a dit soutenir cette mobilisation, tout en assurant qu’elle émanait « de la société civile » et qu’elle était « pacifique ».

Le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’Onu, Zeid Raad Al-Hussein, a jugé totalement disproportionnée la réponse d’Israël aux manifestations palestiniennes. Selon lui, les manifestants palestiniens ne semblaient pas constituer une menace imminente de mort ou de blessure mortelle pouvant justifier l’usage d’une force meurtrière.

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