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Ayman Al-Raqab : Il n’est pas question de renoncer au droit de retour 

Osman Fekri, Mardi, 03 avril 2018

3 questions à Ayman Al-Raqab, membre du Fatah et professeur de sciences politiques à l’Université d’Al-Qods.

Al-Ahram Hebdo : La situation est explosive dans la bande de Gaza, à quoi peut-on s’attendre ?

Ayman Al-Raqab : Le peuple palestinien, notamment le peuple de la bande de Gaza, a décidé d’opter pour une méthode différente pour pousser l’occupation à lever le blocus contre Gaza et à mettre en place de nouvelles dispositions à même de sauver la bande de Gaza de l’effondrement. Aujourd’hui, Gaza souffre d’un tas de maux, une hausse ter­rible du taux de chômage, des problèmes dans l’infrastructure de base, etc. En même temps, avec les différends entre le Fatah et le Hamas, notamment le non-paiement des salaires des fonctionnaires du Hamas et les problèmes de sécurité sociale, les conditions de vie sont plus que difficiles et les problèmes économiques sont majeurs.

Face à cela, certains s’attendaient à ce qu’il y ait une explo­sion interne, palestino-palestinienne. Mais le peuple palesti­nien, qui a déjà connu la division en 2007, ne veut pas revivre cette confrontation palestino-palestinienne et a choisi plutôt une confrontation avec l’occupant. C’est donc une résistance nouvelle qui commence par l’implantation de tentes tout au long de la frontière entre la bande de Gaza et Israël, des mani­festations qui vont s’étendre depuis la Journée de la Terre, le 30 mars, jusqu’au 14 mai, jour de la commémoration de la Nakba.

Ce mouvement a plusieurs objectifs. Premièrement: obtenir une levée du blocus. Deuxièmement: rappeler que le droit au retour est un droit fondamental qui ne doit pas être remis en cause. Troisièmement: attirer l’attention du monde entier sur le droit du peuple palestinien de vivre dignement. D’après les expériences passées, le monde ne bougera que si ce sont les Israéliens qui crient. Face à ce mouvement, qui a commencé vendredi 30 mars et qui se poursuivra, les Israéliens, surtout ceux qui vivent dans les colonies de la bande de Gaza, sont conscients qu’il y a danger. Et on a senti qu’ils sont inquiets.

— Il y a eu déjà plusieurs morts parmi les Palestiniens. Qu’attend la communauté internationale pour réagir et pour contrer les Israéliens à stopper leur agression ?

— Nous sommes tout à fait conscients que toute action au sein du Conseil de sécurité de l’Onu se heurte au veto améri­cain. Ce n’est pas nouveau. Nous comptons plutôt sur une prise de position de la part d’Etats qui soutiennent le peuple palestinien, loin de l’impuissance de l’Onu.

— Nous sommes aujourd’hui face à la plus importante poussée de tension entre Palestiniens et Israéliens depuis la décision de Trump sur Jérusalem prise en décembre der­nier, et nous sommes face à deux problématiques majeures : Jérusalem et le droit de retour...

— Le président américain pariait sur le fait que la colère des Palestiniens, suite à la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, allait s’estomper avec le temps. Pire encore, il compte jeter aux oubliettes le droit au retour des réfugiés de 1948. Or, pour les Palestiniens, il n’est pas question de remettre en cause ce droit. Les Palestiniens continuent de réclamer l’application des résolutions 194 et 181 du Conseil de sécurité. Les Palestiniens sont aussi décidés à faire avorter ce qu’on appelle « le marché du siècle », à ne pas accepter un pays de remplacement autre que la Palestine, à revenir à leurs terres d’origine. Aujourd’hui, il est absolument urgent que le monde agisse pour que le peuple de Gaza puisse vivre digne­ment, et plus généralement pour créer un Etat palestinien aux frontières de 1967.

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