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Le difficile choix des Palestiniens

Inès Eissa avec agences, Lundi, 05 février 2018

Le Comité exécutif de l'OLP a ouvert la voie à une suspension de la reconnaissance d'Israël. Une carte de pression que les Palestiniens jouent, mais qui peut leur coûter gros.

Le difficile choix des Palestiniens
Le comité exécutif dirigé par Abbas est la seule instance habilitée à prendre les décisions. (Photo:AFP)

Plusieurs semaines après la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu et d’y transférer, à terme, l’ambassade des Etats-Unis en Israël, les Palestiniens restent tiraillés entre des choix douloureux. D’un côté, l’Autorité palestinienne veut augmenter la pression, et de l’autre, elle court un gros risque en se mettant face à face avec Washington, voire avec l’ensemble de la communauté internationale si elle décide de ne plus reconnaître Israël.

Cette semaine pourtant, le Comité exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) a ouvert la voie à une suspension de la reconnaissance d’Israël. Il s’est cependant abstenu d’ordonner une application immédiate de cette mesure drastique. Car si elle était appliquée, cette mesure remettrait en cause l’un des principes fonda­teurs de l’effort de paix, déjà très mal en point avec les Israéliens. Après une réunion de trois heures, le Comité exécutif de l’OLP a annoncé la mise en place d’une commission chargée d’étudier cette question.

Le Comité exécutif de l’OLP se réunissait pour la première fois depuis que le Conseil central de l’OLP, un autre organe de cette organisation internationalement reconnue comme la représentante de tous les Palestiniens, a voté le mois dernier en faveur de la suspension de la recon­naissance d’Israël, jusqu’à ce que ce pays « reconnaisse l’Etat de Palestine dans ses frontières de 1967, annule l’annexion de Jérusalem-Est et cesse ses activités de colonisation ».

Seule instance habilitée à prendre les décisions engageant les Palestiniens dans le cadre du proces­sus de paix avec Israël, le Comité exécutif de l’OLP, dirigé par M. Abbas, a donc exhorté samedi 3 février le président palestinien, Mahmoud Abbas, à « commencer immédiatement à préparer (...) les projets pour les étapes de désengage­ment avec le gouvernement israélien d’occupation, aux niveaux politique, administratif, économique et sécuri­taire ».

Or, si une telle mesure était prise, elle chamboulerait la donne et serait véritablement un arrêt de mort du processus de paix au Proche-Orient, engagé depuis 1993 et censé aboutir, à terme, à la création d’un Etat pales­tinien avec Jérusalem-Est pour capitale.

Quels outils de pression ?
Les dirigeants palestiniens ont fer­mement condamné la décision annon­cée le 6 décembre par le président américain, Donald Trump, de recon­naître Jérusalem comme la capitale d’Israël. Les Palestiniens voient dans la décision américaine, en rupture avec des décennies de diplomatie internationale, un déni de leurs reven­dications sur Jérusalem-Est annexée et occupée. Mais elle est aussi, à leurs yeux, la manifestation la plus fla­grante du parti-pris pro-israélien de la Maison Blanche. Cependant, toute démarche doit aujourd’hui être sage­ment réfléchie, car risquer le tout pour le tout n’est pas une option facile pour les Palestiniens. « Les Palestiniens se trouvent face à un sérieux dilemme depuis la décision de Trump. D’un côté, ils doivent faire preuve de fer­meté, et de l’autre, ils doivent éviter de détruire complètement le processus de paix », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. Car l’Autorité palestinienne est consciente qu’il n’est pas dans son intérêt d’être la partie qui signe l’échec du processus de paix.

Dans cette confrontation diploma­tique, le côté palestinien ne dispose donc pas d’outils de pression effi­caces. « Sans un soutien solide des pays arabes et de l’Union Européenne (UE), je pense que toutes les mesures prises par l’OLP auront une portée limitée », conclut le diplomate.

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