Le comité exécutif dirigé par Abbas est la seule instance habilitée à prendre les décisions.
(Photo:AFP)
Plusieurs semaines après la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’Etat hébreu et d’y transférer, à terme, l’ambassade des Etats-Unis en Israël, les Palestiniens restent tiraillés entre des choix douloureux. D’un côté, l’Autorité palestinienne veut augmenter la pression, et de l’autre, elle court un gros risque en se mettant face à face avec Washington, voire avec l’ensemble de la communauté internationale si elle décide de ne plus reconnaître Israël.
Cette semaine pourtant, le Comité exécutif de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) a ouvert la voie à une suspension de la reconnaissance d’Israël. Il s’est cependant abstenu d’ordonner une application immédiate de cette mesure drastique. Car si elle était appliquée, cette mesure remettrait en cause l’un des principes fondateurs de l’effort de paix, déjà très mal en point avec les Israéliens. Après une réunion de trois heures, le Comité exécutif de l’OLP a annoncé la mise en place d’une commission chargée d’étudier cette question.
Le Comité exécutif de l’OLP se réunissait pour la première fois depuis que le Conseil central de l’OLP, un autre organe de cette organisation internationalement reconnue comme la représentante de tous les Palestiniens, a voté le mois dernier en faveur de la suspension de la reconnaissance d’Israël, jusqu’à ce que ce pays « reconnaisse l’Etat de Palestine dans ses frontières de 1967, annule l’annexion de Jérusalem-Est et cesse ses activités de colonisation ».
Seule instance habilitée à prendre les décisions engageant les Palestiniens dans le cadre du processus de paix avec Israël, le Comité exécutif de l’OLP, dirigé par M. Abbas, a donc exhorté samedi 3 février le président palestinien, Mahmoud Abbas, à « commencer immédiatement à préparer (...) les projets pour les étapes de désengagement avec le gouvernement israélien d’occupation, aux niveaux politique, administratif, économique et sécuritaire ».
Or, si une telle mesure était prise, elle chamboulerait la donne et serait véritablement un arrêt de mort du processus de paix au Proche-Orient, engagé depuis 1993 et censé aboutir, à terme, à la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale.
Quels outils de pression ?
Les dirigeants palestiniens ont fermement condamné la décision annoncée le 6 décembre par le président américain, Donald Trump, de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël. Les Palestiniens voient dans la décision américaine, en rupture avec des décennies de diplomatie internationale, un déni de leurs revendications sur Jérusalem-Est annexée et occupée. Mais elle est aussi, à leurs yeux, la manifestation la plus flagrante du parti-pris pro-israélien de la Maison Blanche. Cependant, toute démarche doit aujourd’hui être sagement réfléchie, car risquer le tout pour le tout n’est pas une option facile pour les Palestiniens. « Les Palestiniens se trouvent face à un sérieux dilemme depuis la décision de Trump. D’un côté, ils doivent faire preuve de fermeté, et de l’autre, ils doivent éviter de détruire complètement le processus de paix », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. Car l’Autorité palestinienne est consciente qu’il n’est pas dans son intérêt d’être la partie qui signe l’échec du processus de paix.
Dans cette confrontation diplomatique, le côté palestinien ne dispose donc pas d’outils de pression efficaces. « Sans un soutien solide des pays arabes et de l’Union Européenne (UE), je pense que toutes les mesures prises par l’OLP auront une portée limitée », conclut le diplomate.
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