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Yémen : Nouveaux combats dans le sud

Maha Salem avec agences, Mardi, 30 janvier 2018

Des affrontements acharnés entre l'armée loyaliste et des forces séparatistes ont secoué le sud du Yémen, aggravant la situation dans ce pays déjà plongé dans le chaos.

Yémen : Nouveaux combats dans le sud
Forces loyales stationnées aux alentours d'Aden. (Photo : Reuters)

D’intenses combats opposent depuis une semaine l’armée gouvernementale yéménite aux forces séparatistes à Aden, grande ville du sud du Yémen. Les incidents ont éclaté lorsque des unités de l’armée loyale au président Abd Rabbo Mansour Hadi ont tenté d’empêcher des manifestants séparatistes d’entrer dans cette ville portuaire. Déjà, ces forces séparatistes se sont emparées du siège transitoire du gouvernement au cours de cette semaine.

En effet, le président Abd Rabbo Mansour Hadi s’est réfugié à Riyad en raison de la guerre qui se pour­suit depuis trois ans dans son pays. Son gouvernement, chassé de la capitale, Sanaa, par des rebelles houthis soutenus par l’Iran, a établi son siège à Aden, mais il y est contesté depuis l’année dernière par les séparatistes sudistes qui étaient pourtant alliés au président Hadi jusqu’à mai 2017. « Les Sudistes ont profité du chaos et du vide poli­tique pour réaliser quelques gains. Ces gains vont leur donner une place à la table de négociations. Chaque camp cherche ses intérêts et veut un partage du pouvoir et des richesses du pays. Mais il faut noter que le président Hadi a commis une faute grave. Il devait s’allier avec les Sudistes pour l’aider dans sa guerre contre les Houthis. Mais Hadi a ouvert un autre front au lieu de s’unir aux Sudistes », explique Ahmad Youssef, politologue et directeur du Centre des études arabes et africaines au Caire.

Tensions persistantes

Les tensions entre le gouverne­ment Hadi et les séparatistes se sont récemment aggravées. Le Conseil de transition du sud, instance sépa­ratiste, a exigé le départ du premier ministre, Ahmad ben Dagher, et du gouvernement, accusés notamment de corruption. Le Conseil a publié une déclaration exigeant aussi des changements au sein du gouverne­ment, donnant à M. Hadi une semaine pour les mettre en oeuvre. Cet ultimatum, au terme duquel le Conseil avait menacé d’organiser un sit-in pour chasser le gouverne­ment, a expiré dimanche. Ce Conseil de transition du sud a été mis en place en mai 2017 par l’an­cien gouverneur d’Aden, Aidarous Al-Zoubaidi, limogé un mois aupa­ravant par Hadi. Le président Hadi avait également limogé le ministre de l’Intérieur, Hani ben Breik. Ces deux figures sudistes bénéficient de l’appui des Emirats arabes unis. Ce pays est pourtant un membre-clé de la coalition conduite par l’Arabie saoudite, qui soutient toujours le président Hadi. Les Emirats appuient une force formée dans le sud pour combattre les djihadistes dans la région. Cette force elle-même soutient le Conseil de transi­tion de M. Zoubaidi.

Le premier ministre, Ahmed ben Dagher, a accusé les Sudistes de fomenter un coup d’Etat dans la ville méridionale. Il a appelé la coa­lition militaire arabe à intervenir pour éviter le chaos. En première réaction à cette situation, et à la veille de l’expiration de l’ultimatum fixé par le Conseil de transition du sud, la coalition arabe avait publié un communiqué pour exprimer son inquiétude et appeler à la retenue et au calme. Elle avait demandé aux différents groupes politiques yémé­nites d’être à la hauteur de la res­ponsabilité nationale et d’achever la libération du Yémen et la défaite des miliciens houthis-iraniens. En plus, elle a précisé qu’elle suivait de près la situation dans la capitale provisoire (Aden) et le débat dans les médias à propos de certaines demandes en vue de corriger « cer­tains déséquilibres » dans la poli­tique du gouvernement Hadi. La coalition a enfin appelé les parties en conflit dans le sud à rejoindre le dialogue et à éviter les divisions qui minent les institutions de l’Etat.

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