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Double menace terroriste en Somalie

Sabah Sabet avec agences, Mercredi, 08 novembre 2017

Les Etats-Unis ont mené pour la première fois des frappes contre Daech en Somalie, un pays qui souffre déjà de la menace des insurgés shebab affiliés à Al-Qaëda.

Double menace terroriste en Somalie
Après l'attentat de Mogadiscio de mi-octobre (276 morts), Washington a décidé de renforcer son soutien au gouvernement somalien.

Pays en proie à la menace constante des Shebab, des islamistes somaliens affiliés à Al-Qaëda, la Somalie est désormais aussi menacée par des groupes proches de Daech. Et c’est dans le cadre de la guerre menée par Washington contre ce groupe terroriste que les Etats-Unis ont décidé, et pour la première fois, de frapper ce groupe dans ce pays africain exposé à une vague d’attentats meurtriers ces derniers mois. Vendredi 3 novembre, deux frappes aériennes ont ainsi été menées par les Américains contre Daech. « En coordination avec le gouvernement fédéral de Somalie, les forces armées américaines ont mené deux frappes aériennes contre Daech dans le nord-est de la Somalie, tuant plusieurs terroristes », a indiqué le Pentagone dans un communiqué. « Les drones qui ont mené vendredi ces deux frappes, la première vers minuit heure locale, la seconde en fin de matinée, ont atteint leur cible », a précisé à l’AFP le porte-parole du commandement américain pour l’Afrique (AFRICOM), le commandant Anthony Falvo. « Aucun civil ne se trouvait à proximité », a-t-il affirmé, précisant qu’il s’agissait des premières frappes contre Daech dans ce pays où le président Donald Trump a autorisé en mars dernier le Pentagone à lancer des opérations antiterroristes — par voie aérienne ou terrestre — pour soutenir le gouvernement somalien.

Les deux frappes ont visé plusieurs cibles. Une source américaine, citée par l’agence Associated Press, et publiée au quotidien français Le Monde, situe les frappes dans un village nommé Buqa à une soixantaine de kilomètres de Gandala, sur la côte du golfe d’Aden. Gandala est la ville que les militants du groupe local affilié à Daech, commandé par le cheikh Abdul Qadir Mumin, avaient prise en octobre 2016 avant d’en être chassés par les forces du Puntland en décembre de la même année. Le drapeau noir frappé de la profession de foi de Daech avait flotté pendant un peu plus d’un mois sur le vieux fort de ce port qui permet de relier la côte somalienne au Yémen. Ils l’avaient abandonné après de brefs combats. C’était alors la plus spectaculaire des opérations militaires menées jusqu’ici par Daech en Somalie. Depuis, les hommes d’Abdul Qadir Mumin avaient trouvé refuge dans les massifs montagneux de l’arrière-pays du Puntland, dont certains sommets cumulent à 2 000 mètres. En plus de la solidarité clanique, ce terrain constitue l’une des raisons de la survie du mouvement.

En fait, après le puissant attentat au camion piégé qui a causé la mort d’au moins 276 personnes à la mi-octobre à Mogadiscio, les Etats-Unis ont fait savoir qu’ils étaient prêts à renforcer leur soutien au gouvernement somalien. L’armée américaine avait déjà une force de 400 personnes sur le terrain, qui participe à deux opérations, l’une de conseil et d’entraînement aux troupes gouvernementales, l’autre de soutien logistique.

Autant de soutiens qui ne suffisent pas pour mettre fin au terrorisme en Somalie. En effet, le groupe Daech présente une nouvelle menace pour la Somalie après les insurgés shebab, acteurs de la plupart des attentats meurtriers qui ont frappé la Somalie. Ce groupe est issu d’une branche des Tribunaux islamiques qui ont contrôlé pendant six mois en 2006 le centre et le sud du pays, dont la capitale Mogadiscio, avant d’en être délogés par des troupes éthiopiennes. En 2010, les Shebab ont proclamé leur allégeance à Al-Qaëda, organisation à laquelle ils ont été officiellement intégrés en 2012, mais plus récemment, certains d’entre eux ont fait défection au profit de Daech. Ainsi, fragile, l’Etat somalien déjà incapable d’affronter seul les Shebab, se trouve actuellement face à un nouveau défi, celui de la menace de Daech. Une menace d’autant plus pesante que le groupe terroriste, fortement fragilisé dans ses fiefs syrien et iraqien, cherche à s’implanter ailleurs. Une menace qui nécessite, selon des observateurs, une mobilisation de la communauté internationale pour soutenir ce pays pauvre, victime de tous les maux.

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