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Daech vit ses derniers jours, mais …

Maha Salem avec agences, Mercredi, 08 novembre 2017

Daech fait face actuellement à une double offensive des deux côtés de la frontière entre la Syrie et l'Iraq, en vue de libérer les dernières localités occupées par l’organisation terroriste.

Daech vit ses derniers jours, mais …
La bataille de Deir Ez-Zor annonce la fin rapide de Daech en Syrie. (Photo : AFP)

Dans la dernière étape dans la guerre contre Daech, les armées syrienne, iraqienne et leurs alliés ont décidé de coopérer afin d’asphyxier les djihadistes du groupe terroriste. Il s’agit d’une décision prévisible, alors qu’aussi bien en Syrie qu’en Iraq, il y a une ferme volonté de détruire Daech d’ici à la fin de cette année. Cette offensive concerne un dernier carré sous le contrôle des djihadistes acculés dans une zone largement désertique le long de la vallée de l’Euphrate qui chevauche l’Iraq et la Syrie. Le général iraqien Yahya Rassoul, porte-parole du commandement conjoint des opérations, parle sans plus de détails d’une coopération avec l’armée syrienne et une source militaire syrienne rapporte l’existence d’une salle des opérations réunissant des Syriens, leurs alliés russes et iraniens avec des Iraqiens à Bagdad. Tous ont le même but : se débarrasser de tous les djihadistes de Daech, qui ont déjà perdu une grande partie des territoires conquis en 2014.

« Au terme de cette offensive conjointe, l’Iraq et la Syrie auront mis fin à plus de trois années d’occupation par Daech de près d’un tiers de leur territoire », explique Dr Sameh Rached, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire. Pour l’heure, l’offensive semble porter ses fruits. En 24 heures, Daech a perdu deux importants fiefs : Al-Qaïm du côté iraqien, et surtout du côté syrien, Deir Ez-Zor, dernière grande ville sous son contrôle dans les deux pays voisins. Une avancée majeure qui confirme la possibilité de libérer la totalité des territoires occupés par Daech avant la fin de l’année. Dans la province syrienne de Deir Ez-Zor, Daech est attaqué sur deux fronts, celui des forces du régime de Bachar Al-Assad, et celui des Forces Démocratiques Syriennes (FDS), une alliance de combattants dominée par les Kurdes et soutenue par les Etats-Unis. Soutenue militairement par les alliés russe et iranien, l’armée syrienne intensifie aussi sa campagne militaire en vue de s’emparer de la ville de Boukamal où se sont retranchés les djihadistes. Bien que Boukamal, où doit se jouer l’ultime bataille contre cette organisation, soit une ville moins grande que Deir Ez-Zor, sa capture priverait Daech du dernier fief urbain de son « califat » autoproclamé en 2014 et désormais effondré. Daech s’était emparé de la quasi-totalité de la province riche en pétrole de Deir Ez-Zor en 2014, profitant du chaos engendré par la guerre en Syrie déclenchée en 2011. Ainsi, dans l’est syrien, « il ne reste plus à Daech que Boukamal et une trentaine de villages de part et d’autre du fleuve de l’Euphrate. En Syrie, rien n’aurait été possible sans la couverture aérienne de la Russie », explique à l’AFP Rami Abdel-Rahmane, directeur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH).

De même, en Syrie comme en Iraq, les forces iraqiennes ont déjà marqué un point important, leur reprise de l’important poste-frontière d’Al-Qaïm vers la Syrie est symbolique. Il ne reste désormais plus aux forces iraqiennes qu’à s’emparer de la localité voisine de Raqqa et des environs désertiques pour reprendre à l’EI la totalité des territoires occupés depuis 2014.

Et les djihadistes qui ont fui ?

Or, selon les analystes, il ne s’agit pas là uniquement de Daech. « Pour les grandes puissances concernées par ce conflit et par la région, c’est une mission accomplie : le chaos régnant en Iraq et surtout en Syrie et causé par Daech est considérable, le temps est donc venu d’en finir avec Daech. Il y a eu un accord tacite pour se débarrasser de ce groupe extrémiste. Mais la problématique n’est pas finie pour autant. Il demeure un problème majeur, celui de l’avenir des djihadistes qui s’enfuient », explique Dr Ahmad Youssef, politologue et directeur du Centre des études et recherches arabes et africaines au Caire.

Tout n’est donc pas fini. Selon le colonel Ryan Dillon, porte-parole de la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, qui aide militairement les forces iraqiennes et l’alliance arabo-kurde, « les djihadistes qui vont parvenir à s’échapper vont se cacher dans le désert. Depuis leurs caches, ils vont essayer de mener des attaques pour déstabiliser les autorités localement, et poursuivre les opérations extérieures et médiatiques — soit en les organisant, soit en inspirant des assaillants à l’étranger — pour conserver un vernis de légitimité ». Et d’ajouter : « Les djihadistes rejoindront la vallée de l’Euphrate, remuante zone frontalière connue pour ses trafiquants et par laquelle passaient déjà il y a une quinzaine d’années djihadistes et autres combattants extrémistes ». Mais, dit-il, « cette zone se rétrécit chaque jour, la coalition va priver Daech de tout refuge sûr en Iraq et en Syrie ».

Malgré cela, selon de nombreux experts, les revers de Daech ne signifient ni la défaite définitive ni l’éradication de l’organisation. « Les djihadistes commettront des attaques et des attentats, d’un côté, pour se venger, et de l’autre, pour dire qu’ils existent toujours et qu’ils survivent », explique Dr Sameh Rachad. Ce qui se fait déjà : un attentat à la voiture piégée signé Daech a visé samedi 4 novembre un rassemblement de déplacés sur les bords de l’Euphrate, faisant des dizaines de morts.

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