La confrontation entre l’Arabie saoudite et l’Iran a pris de nouvelles proportions cette semaine. Outre la crise née de la démission du premier ministre libanais, Saad Hariri, que ce dernier a imputée à la mainmise de l’Iran sur le Liban (voir principal), le Yémen a été, lui aussi, au centre des tensions entre Riyad et Téhéran. Ainsi, la coalition militaire sous commandement saoudien a accusé, lundi 6 novembre, l’Iran d’être derrière des transferts d’armes et un tir de missile des rebelles houthis sur Riyad. Ces accusations sont contenues dans une déclaration publiée par l’agence officielle saoudienne SPA moins de 48 heures après l’interception et la destruction d’un missile balistique samedi soir au nord-est de Riyad, près de l’aéroport international, qui provenait du Yémen. « La direction des forces de la coalition considère (cela) comme une agression militaire flagrante par le régime iranien qui pourrait équivaloir à un acte de guerre », stipule la déclaration. La coalition a affirmé « le droit du Royaume (saoudien) à la défense légitime de son territoire et de sa population, conformément à l’article 51 de la Charte des Nations-Unies ». Elle a aussi souligné « le droit du Royaume (saoudien) de répondre à l’Iran au moment approprié et de manière appropriée », conclut la déclaration. Riyad a aussi décidé de fermer temporairement toutes les frontières aériennes, maritimes et terrestres du Yémen. La coalition a toutefois maintenu les possibilités d’accès du personnel humanitaire au Yémen selon des procédures d’inspection qui vont être actualisées.
Riyad et ses alliés accusent régulièrement l’Iran de procéder à des transferts d’armes clandestins vers les rebelles houthis. La coalition considère « l’implication du régime iranien » dans la fourniture de roquettes et de missiles aux rebelles yéménites houthis comme « une violation flagrante de résolutions du Conseil de sécurité » de l’Onu. Les rebelles houthis et leurs alliés, des unités militaires restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, ont tiré à plusieurs reprises depuis le Yémen des missiles vers l’Arabie saoudite qui les a interceptés dans la plupart des cas.
La guerre au Yémen oppose les forces gouvernementales, qui ont été chassées en septembre 2014 de la capitale Sanaa, aux rebelles houthis, issus de la minorité zaydite (branche du chiisme), très présente dans le nord et soutenus par l’Iran chiite. En mars 2015, le gouvernement yéménite du président Abd-Rabbo Mansour Hadi a reçu le soutien d’une coalition militaire de pays musulmans, à majorité sunnite et emmenée par l’Arabie saoudite. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le conflit au Yémen a fait plus de 8 650 morts et quelque 58 600 blessés, dont de nombreux civils.
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