Après de longues négociations, les principaux camps du conflit syrien se sont mis d’accord sur de nouveaux détails concernant les zones de désescalade. Un accord qui peut mettre fin à une guerre civile qui secoue la Syrie depuis plus de 6 ans.
Ceci dans le cadre du 6e round de négociations qui se tient dans la capitale kazakh, Astana, depuis le début de l’année. L’Iran, la Russie et la Turquie se sont mis d’accord pour déployer ensemble des forces de maintien de l’ordre dans la quatrième zone, couvrant la province d’Idleb et « certaines parties » des régions de Lattaquié, de Hama et d’Alep. Idleb reste la seule région syrienne détenue entièrement par des djihadistes et des rebelles qui en ont pris le contrôle en 2015. Pour la première fois, les négociations réunissent des représentants du gouvernement syrien et ceux de l’opposition, notamment des rebelles armés qui avaient refusé précédemment de participer à toute négociation avec Damas. « Le but de notre participation est de renforcer les zones de désescalade en Syrie et de discuter de nombreuses violations qui ont eu lieu depuis l’accord de cessez-le-feu signé à Ankara à la fin de l’année dernière », a affirmé Yéhia Al-Aridi, un porte-parole de l’opposition syrienne.
Alors que les Nations-Unies sont de plus en plus impliquées dans le processus de paix d’Astana, la participation des Etats-Unis est réduite à une mission d’observation. Les pourparlers, dont le premier round s’est déroulé en janvier, sont parrainés par la Russie et l’Iran, alliés de Damas, et la Turquie, soutien des rebelles, sont considérés comme une tentative du Kremlin de pacifier la Syrie après l’intervention militaire russe lancée en septembre 2015. Cette opération a changé la donne et a aidé le président Bachar Al-Assad à reprendre le contrôle total d’Alep, deuxième ville et capitale économique du pays, en décembre 2016.
Arrêt des bombardements
La Russie, l’Iran et la Turquie se sont mis d’accord en mai dernier pour la mise en place de quatre zones de désescalade en Syrie. Elles se situent dans les régions d’Idleb (nord-ouest), de Homs (centre), dans la Ghouta orientale, près de Damas, ainsi que dans le sud du pays, mais leurs contours doivent être encore définis. Trois de ces zones, censées permettre l’instauration d’un cessez-le-feu durable, ont déjà été mises en place dans le sud-ouest du pays, dans la Ghouta orientale et dans certaines parties de la région de Homs, et la Russie y a déployé sa police militaire.
Selon l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), qui recense les décès du conflit syrien et les bombardements, l’impact de la création de ces zones de désescalade est important.
« Depuis la mise en place d’un accord sur les zones de désescalade en Syrie, le bilan des morts a baissé de manière significative et les bombardements ont presque cessé dans les zones concernées », assure à l’AFP le chef de l’OSDH. Et d’ajouter que Moscou et Damas ont profité de ces zones de désescalade pour changer l’équilibre des forces sur le terrain et ont doublé par rapport à mai le territoire qu’ils contrôlent. Les djihadistes du groupe Daech et du Front Fateh Al-Cham (ancien Front Al-Nosra, ex-branche syrienne d’Al-Qaëda) sont exclus de la trêve.
La pause instaurée dans les combats contre les rebelles modérés a donc permis au régime de Damas, soutenu par l’aviation russe, de concentrer ses efforts sur la lutte antiterroriste. Ainsi, en septembre, les forces syriennes ont remporté leur plus grande victoire contre Daech, en brisant le siège imposé par les djihadistes depuis près de trois ans à Deir Ezzor (est). Les négociations d’Astana ont contribué à l’apaisement des violences en Syrie plus que tout autre effort diplomatique.
Mais alors que ces négociations se concentrent essentiellement sur les combats sur le terrain, elles n’ont pas abordé les principaux obstacles politiques empêchant l’instauration de la paix en Syrie, notamment le sort de Bachar Al-Assad. Ces derniers font l’objet de discussions parallèles parrainées par les Nations-Unies, dont le 7e round s’est terminé à Genève en juillet dernier sans que les délégations du gouvernement syrien et de l’opposition parviennent à rapprocher leurs positions sur la transition politique. Satisfait de cette avancée, l’envoyé de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a indiqué qu’il espérait lancer en octobre prochain des pourparlers de paix réels et substantiels entre le régime et l’opposition à Genève.
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