Dans une opération militaire tant attendue, l’armée syrienne est intervenue à Deir Ezzor (est de la Syrie) avec pour objectif d’en finir avec Daech dans cette région proche de la frontière iraqienne. L’armée syrienne a brisé samedi le siège de l’aéroport militaire de Deir Ezzor qu’imposait depuis trois ans Daech, désormais visé par une nouvelle offensive dans la province du même nom.
Une alliance de combattants arabes et kurdes soutenue par Washington, qui cherche à déloger les djihadistes de Raqqa, leur fief dans le nord de la Syrie, a ainsi lancé, samedi, une opération pour chasser Daech d’une partie de la province de Deir Ezzor.
La possible perte de la ville de Raqqa et de la province de Deir Ezzor devrait sonner le glas de la présence de Daech en Syrie. Depuis 2014, l’organisation extrémiste contrôle une large partie de cette province riche en pétrole et frontalière de l’Iraq et assiégeait deux enclaves gouvernementales dans la capitale provinciale, dont il détient environ 60 %. Les forces du régime avaient mis fin, mardi dernier, au siège d’un de ces secteurs, dans l’ouest de la ville, qui avait pu être ravitaillé deux jours plus tard. Elles ont ensuite progressé vers la périphérie sud de la ville pour faire la jonction avec les soldats qui défendaient l’aéroport militaire, également assiégé.
« En brisant le siège de l’aéroport militaire, les forces du régime ont pu lier (ce secteur) aux quartiers gouvernementaux dans l’ouest de Deir Ezzor », a indiqué à l’AFP le directeur de l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel-Rahmane. « Nous continuerons à nous battre jusqu’à reprendre toute la ville de Deir Ezzor », a dit le chef de l’aéroport militaire de Deir Ezzor.
A Moscou, allié de Damas dans le conflit syrien, le ministère russe de la Défense s’est félicité de la « défaite écrasante » de Daech à Deir Ezzor, obtenue par les forces gouvernementales syriennes « après des frappes massives de l’aviation russe ». Selon le communiqué russe, ce succès « dépasse par son importance et son ampleur toutes les victoires des trois dernières années ». « La première étape » de l’opération vise à « libérer les régions à l’est de l’Euphrate », a précisé Ahmad Abou-Khawla, chef du « Conseil militaire de Deir Ezzor », groupe armé rattaché aux Forces Démocratiques Syriennes (FDS) à Abou-Fass, dans la province de Hassaké, au nord de celle de Deir Ezzor. « La coalition internationale, dirigée par les Etats-Unis, mène des frappes contre des positions djihadistes pour permettre la progression au sol des FDS dans un secteur désertique du nord-est de Deir Ezzor », a de son côté indiqué l’OSDH. M. Abou-Khawla a assuré à l’AFP qu’il n’y avait pas « de coordination avec le régime ou les Russes » dans la bataille de Deir Ezzor. Le colonel américain Ryan Dillon, porte-parole de la coalition internationale antidjihadistes, a toutefois rappelé l’existence d’une « ligne de déconfliction avec les Russes » pour éviter tout accident aérien. Cette ligne, tracée entre le nord et le sud du fleuve de l’Euphrate qui coupe la province de Deir Ezzor en deux, est selon lui « nécessaire, au vu de la congestion de l’espace aérien dans l’est syrien », où opèrent des avions syriens, russes et de la coalition. « Daech n’a plus sa place sur la scène syrienne à cette phase du conflit », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. Selon lui, il était logique que toutes les parties s’accordent sur la nécessité de les éradiquer. « En ce moment, les Russes et les Américains sont vraisemblablement déterminés à mettre fin à la guerre en Syrie ; dans ce contexte, éliminer Daech s’avère comme indispensable », conclut le diplomate.
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