« Tal Afar, la résistante, a rejoint Mossoul, la ville libre, et a retrouvé sa place dans le territoire national ». Telles ont été les déclarations du premier ministre iraqien, Haider Al-Abadi, commandant en chef des forces armées, qui, au terme de 12 jours de combats, a annoncé la victoire. Soutenues par la coalition internationale menée par les Etats-Unis, les forces iraqiennes ont donc reconquis Tal Afar et la totalité de la province septentrionale de Ninive. Une victoire-clé contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI), car cette dernière ne tient plus qu’une ville au nord de Bagdad et trois localités du désert frontalier de la Syrie. Tal Afar et ses environs sont stratégiquement situés entre Mossoul, la deuxième ville d’Iraq dont l’EI a été chassé début juillet, et la frontière avec la Syrie, pays voisin où les djihadistes subissent également des revers.
Selon le général britannique Rupert Jones, commandant en second de la coalition internationale antidjihadiste, la rapidité de la bataille lancée par des forces à peine sorties de neuf longs mois de guérilla meurtrière dans les rues de Mossoul est « un signe positif ». « C’est un résultat qui prouve que les forces iraqiennes sont capables d’affronter l’EI, que la stratégie de la coalition a marché », a estimé le général Jones, en ajoutant que la reprise de Tal Afar met fin dans les faits à la présence militaire de l’EI dans le nord de l’Iraq.
Après Tal Afar, restent encore deux poches djihadistes en Iraq, dont la reprise s’annonce moins aisée. D’un côté, l’EI tient Hawija, à près de 300 km au nord de Bagdad. Sa reconquête est compliquée, car la province de Kirkouk, où elle se trouve, est disputée entre le gouvernement fédéral à Bagdad et la région autonome du Kurdistan iraqien. « L’opération (de reprise) a été retardée. Aujourd’hui, Hawija doit être la priorité », a ainsi indiqué le général Halgurd Hikmat, porte-parole des Peshmergas, les combattants kurdes qui ont notamment participé à la reconquête de Mossoul. Mais le gouvernement à Bagdad, qui s’oppose fermement au référendum kurde sur l’indépendance prévu le 25 septembre, pourrait choisir de ne pas lancer l’assaut sur Hawija avant ce rendez-vous au moins. De l’autre côté, les djihadistes sont aussi encore présents dans trois localités de l’ouest désertique frontalier de la Syrie : Al-Qaïm, Rawa et Anna. La reprise de ces zones, découvertes, proches des provinces de Deir Ezzor et de Raqqa, déchirées depuis six ans par la guerre en Syrie, s’annonce périlleuse pour les forces iraqiennes.
Une avancée plus lente en Syrie
En effet, en Syrie voisine, l’EI est également sous le feu des combattants arabes et kurdes, soutenus par les Etats-Unis dans son bastion urbain de Raqqa, et recule face aux troupes du régime dans des zones désertiques s’étendant du centre du pays à la frontière avec l’Iraq. La reconquête totale de la province de Ninive dans le nord de l’Iraq pourrait permettre à la coalition internationale antidjihadiste d’accentuer la pression sur l’EI en territoire syrien. Elles indiquent n’avoir plus qu’à reprendre Al-Ayadieh pour ravir à l’EI son dernier bastion dans la province de Ninive, où elles avaient déjà repris en juillet Mossoul, la deuxième ville du pays.
A l’issue des frappes sur Mossoul, elle avait déjà redéployé ses avions pour mener environ 270 frappes contre des cibles djihadistes dans et autour de Raqqa. Profitant de cette situation, l’alliance arabo-kurde, soutenue par Washington en Syrie, a chassé (EI) de la vieille ville de Raqqa, se rapprochant de la zone où sont retranchés les djihadistes dans le coeur densément peuplé de cette métropole du nord. De l’autre côté, les forces du régime syrien ont encore progressé vers la ville de Deir Ezzor, une enclave gouvernementale assiégée par les djihadistes du groupe EI dans l’est du pays. Deir Ezzor est le chef-lieu de la province pétrolière éponyme, la dernière de Syrie que contrôlent les djihadistes de l’EI. Déjà, les forces gouvernementales ont réussi à reprendre le gisement d’Al-Kharata. Soutenues par la Russie, les forces gouvernementales ont lancé en mai une offensive pour chasser l’organisation extrémiste d’une région désertique qui s’étend depuis le centre de la Syrie jusqu’aux frontières iraqienne et jordanienne.
Dans les deux pays, l’organisation djihadiste a également perdu des milliers de combattants, que les contingents de djihadistes étrangers, aujourd’hui moins nombreux, peinent à compenser. Malgré ces revers, le groupe ultraradical parvient encore à frapper. Il a revendiqué récemment des attentats meurtriers en Espagne et en Russie et continue de mener des attentats suicide en Iraq et d’autres pays arabes.
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