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Libye : Des efforts pour aller de l’avant

Maha Salem avec agences, Mercredi, 16 août 2017

La communauté internationale intensifie ses efforts pour concrétiser la réconciliation interlibyenne. Moscou a ainsi accueilli cette semaine Fayez Al-Sarraj et Khalifa Haftar.

Libye : Des efforts pour aller de l’avant
Fayez Al-Sarraj et Khalifa Haftar en compagnie du président français, Emmanuel Macron, le mois dernier à Paris. (Photo : AFP)

Essayant de trouver une issue à la crise libyenne, la Russie a invité les deux chefs rivaux, l’homme fort de l’Est libyen, Khalifa Haftar, et son rival Fayez Al-Sarraj, chef du gouvernement d’entente nationale, à s’asseoir à nouveau autour d’une table de négociations. Selon des déclarations de Lev Dengov, chef du groupe russe de contact sur la Libye, faites avant même l’arrivée des deux hommes, les deux rivaux doivent discuter des « questions relatives à la sécurité nationale, à la lutte contre les groupes terroristes, qui tentent de pénétrer en Libye, ainsi que de la question des immigrés qui arrivent en Europe et en Asie à travers la Libye ». Dengov a ajouté que la Russie souhaitait discuter avec toutes les parties en conflit et tenter de les réconcilier, et c’est à cela qu’a été consacrée la rencontre. Déjà, la Russie a mis en place conjointement par la Douma (chambre basse du parlement russe) et le ministère russe des Affaires étrangères un groupe pour la médiation entre les parties en conflit pour rapprocher les points de vue.

Ce n’est pas la première fois que Moscou s’active dans le dossier libyen. « La Russie essaye de jouer un rôle influent dans la région. Et s’impliquer dans la crise libyenne est pour Moscou un moyen de s’introduire non seulement dans le monde arabe mais aussi en Afrique », explique Dr Ahmad Youssef, directeur du Centre des recherches arabes et africaines au Caire. « Outre le rôle politique, Moscou veut aussi jouer un rôle économique et militaire. Il renforce ses relations avec les dirigeants libyens pour participer à la reconstruction de la Libye, la gestion des puits de pétrole et la formation de l’armée et la police libyennes à travers le fournissement d’armes, l’entraînement et le renseignement », dit-il. Ce qui explique l’accord de coopération militaire signé le mois dernier entre les Russes et les forces de l’Est libyen dirigées par le maréchal Khalifa Haftar. Il s’agit de former les membres de cette armée. Ce développement fait suite aux multiples entretiens depuis janvier 2017 entre l’homme fort de l’Est libyen et le ministre russe de la Défense, ainsi que le chef de l’étatmajor de l’armée russe. Mais la Russie n’est pas le seul pays occidental à essayer de résoudre la crise libyenne. La France a organisé une réunion fin juillet au cours de laquelle Khalifa Haftar et Fayez Al-Sarraj se sont mis d’accord sur une déclaration en dix points dans lesquels ils s’engagent notamment à maintenir un cessez-le-feu, à former une nouvelle Constitution et à organiser des élections le plus rapidement possible. Cette déclaration de principe reste toutefois très vague et n’est pas obligatoire pour les milices armées plus ou moins alliées avec les deux rivaux libyens.

Inclure les tribus

Selon le politologue, cet accord de principe n’est pas suffisant. « Il est vrai que ces deux chefs sont influents chacun dans sa région, mais il existe aussi d’autres tribus et d’autres groupes très puissants qui veulent participer à la vie politique. Ceux-là vont soutenir le chef qui va leur accorder plus de privilèges. Ces tribus souffrent toujours de négligence et de manque de ressources. Elles n’ont aucun rôle dans la vie politique. Mais en même temps, elles sont souvent armées et très puissantes, chacune dans sa région. Il est donc nécessaire de les intégrer dans la vie politique », estime Dr Ahmad Youssef. Ainsi, les deux hommes forts de la Libye cherchent à attirer les chefs de ces tribus. Ils essaient aussi de consolider leur poids. C’est ce qu’a fait la semaine dernière le maréchal Khalifa Haftar, en « empêchant l’entrée de tout navire étranger dans les eaux territoriales libyennes sans autorisation de l’ANL, l’armée de Haftar », selon les propos de Khalifa Al-Obeidi, porte-parole du commandement général de l’ANL. Par cette décision, le puissant maréchal Haftar entendait marquer son opposition à ce qui a été convenu entre son rival, le chef du GNA, Fayez Al-Sarraj, et l’Italie, en termes de soutien technique et naval dans le cadre de la lutte contre la migration clandestine et les trafiquants d’êtres humains. Parallèlement, le chef du gouvernement d’union, Fayez Al- Sarraj, a présenté à l’Assemblée Constituante (AC) un projet de Constitution, pour organiser comme prévu un référendum pour soumettre le texte aux Libyens. La Constitution est censée déterminer la structure du pouvoir, le statut des minorités et la place de la charia et mettre en place des institutions pérennes à même de rétablir la stabilité dans le pays, en proie à l’anarchie depuis la chute de Kadhafi. Ce texte de 197 articles stipule que la Libye est une république dotée d’un président, d’un parlement et d’un Sénat. Que Tripoli est la capitale, l’islam la religion d’Etat et la charia source de la législation. Les langues des communautés arabe, amazigh, touareg et toubou seront reconnues « langues officielles ». Mais il faut encore que ce texte soit approuvé par référendum.

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