Les pourparlers syriens se sont réunis dans le cadre des efforts onusiens menés par l’émissaire Staffan de Mistura, dans un 7e round de négociations. Néanmoins, la discussion des choses sérieuses se fait vraisemblablement ailleurs. Pour autant, le régime syrien a saisi l’occasion pour renforcer sa position qui ne cesse de s’améliorer grâce à la régression de l’opposition sur le plan militaire au sol. Le 7e round s’est donc terminé vendredi dernier à Genève sans que les délégations du gouvernement et de l’opposition parviennent à rapprocher leurs positions sur la lutte contre le terrorisme et la transition politique. Après cinq jours de discussions, l’envoyé spécial de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a eu un dernier entretien, vendredi, avec la délégation de Damas, dirigée par l’ambassadeur syrien aux Nations-Unies, Bachar Al-Jaafari, et celle du Haut Comité des Négociations (HCN) qui réunit l’opposition. «
Cette série de pourparlers a surtout porté sur deux principaux sujets : le premier lié au contre-terrorisme et le second à des questions techniques constitutionnelles », a déclaré Bachar Al-Jaafari aux médias, à l’issue de la rencontre. Il a qualifié d’«
utiles » et de «
détaillées » les discussions sur la lutte contre le terrorisme, tout en souhaitant que cette question «
passe du terrain théorique au Conseil de sécurité » de l’Onu.
Nasr Al-Hariri, qui dirige la délégation du HCN, a affirmé, de son côté, que l’opposition avait fait part en détail de sa « vision politique » sur la transition — à savoir le départ du président Bachar Al-Assad — et a reproché à la délégation de Damas d’avoir sciemment évité ce sujet. Mettre en place « la transition politique est la seule façon de combattre le terrorisme », a-t-il dit. Quant à M. de Mistura, il a déclaré qu’il n’avait vu aucune indication que le régime soit disposé à discuter de la formation d’un nouveau gouvernement, mais il a espéré que des pressions internationales pourraient influer en ce sens. « Nous avons fait, comme nous l’attendions et l’espérions, des progrès graduels. Pas de percée, pas d’effondrement, personne n’est parti », a déclaré M. de Mistura.
Reste à savoir si la 8e session, que de Mistura compte convoquer début septembre, pourra aboutir à quelque chose. De Mistura a déclaré qu’il avait demandé à toutes les parties, y compris le gouvernement syrien, de se préparer à y discuter de la question cruciale de la transition politique. Il a ajouté qu’il pousserait pour des pourparlers directs entre le régime et l’opposition en septembre. Le HCN, principal acteur de l’opposition, estime qu’une transition politique signifie le départ du pouvoir du président syrien Bachar Al-Assad. Mais la délégation gouvernementale syrienne exclut toujours que le sort du président puisse être l’objet de discussions. La France a sur ce point modifié récemment sa position en déclarant qu’elle ne faisait plus du départ du président syrien un préalable à une solution au conflit.
« Les négociations de Genève ont perdu leur moment d’autant plus que les grandes puissances ont bien pris les choses en main depuis l’arrivée du président américain Trump au pouvoir », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. Selon lui, le changement de la position de la France par rapport à Bachar, prononcée la semaine dernière par Macron, ainsi que la désintégration de l’alliance qatari-saoudienne se sont avérés fatals pour l’opposition en Syrie. « Dans ces circonstances, il me paraît peu convenable de mener des négociations équitables et sérieuses », conclut le diplomate.
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