Dans les rues de Mossoul, une scène que l’on n’avait pas vue depuis plus d’un an : des membres des forces iraqiennes brandissant des drapeaux iraqiens, en signe de victoire contre Daech. Le bureau du premier ministre iraqien, Haider Al-Abadi, a en effet indiqué dimanche 10 juillet dans un communiqué qu’il avait félicité « les combattants héroïques (...) pour cette victoire » dans la ville « libérée » de Mossoul. Mais en même temps, le premier ministre a affirmé qu’il ne déclarerait officiellement la victoire qu’une fois les dernières poches de résistance nettoyées. « Il ne reste seulement qu’une ou deux poches de djihadistes de Daech.
La victoire est certaine, et les derniers djihadistes sont encerclés (...) C’est une question de temps pour nous avant d’annoncer la grande victoire à notre peuple », a déclaré Abadi dans un communiqué. Cela dit, la reprise de la deuxième ville d’Iraq, principal bastion de l’Etat Islamique (EI), est le plus important succès de Bagdad depuis que le groupe extrémiste sunnite s’était emparé en 2014 de vastes portions du territoire. L’EI contrôle toujours quelques zones en Iraq, notamment les villes de Tal Afar et Hawija, au nord de Bagdad, et des zones désertiques de la province d’Al-Anbar (ouest), frontalière de la Syrie. Mais la victoire, obtenue au prix de milliers de morts et blessés, d’un immense exode de la population et d’énormes destructions, ne marque pas pour autant la fin de la guerre contre l’organisation. « Cela n’est pas le coup de grâce pour l’EI », a ainsi prévenu Patrick Martin, analyste à l’Institut américain d’études des guerres, cité par l’AFP, pour qui l’EI peut encore « resurgir et capturer du terrain urbain ». Mais ça reste un coup dur pour Daech. En effet, Mossoul avait une importante dimension symbolique pour l’EI : son chef Abou-Bakr Al-Baghdadi y avait fait en juillet 2014 son unique apparition publique après la proclamation d’un « califat ».
Le sort de Baghdadi demeure incertain : la Russie a affirmé en juin dernier l’avoir probablement tué dans une frappe en Syrie, mais personne n’a confirmé sa mort. Reste que la reconquête de Mossoul, voire une victoire totale contre Daech, ne signifie pas la fin de tous les maux. Les neuf mois de campagne militaire ont entraîné une crise humanitaire majeure, marquée par la fuite de 920 000 civils, selon l’Onu, dont 700 000 sont toujours déplacés. « Les combats sont peut-être terminés, mais pas la crise humanitaire », a prévenu dimanche dernier Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l’Onu pour l’Iraq.
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