Le Hezbollah continue à insister que son combat ne dépasse pas les frontières libanaises. (Photo: AP)
L’opposition syrienne a appelé dimanche 21 le Hezbollah libanais, l'un des alliés de Bachar Al-Assad, à retirer « immédiatement » ses combattants de la région de Qousseir à la frontière du Liban.
L’armée syrienne a progressé dans cette région, tout en soutenant que l’implication du parti chiite « pourrait entraîner le Liban et la région dans un conflit ouvert aux conséquences destructrices ». La coalition a aussi sommé le gouvernement libanais « de prendre toutes les mesures nécessaires pour stopper les actions du Hezbollah, impliqué de manière flagrante aux côtés du régime d’Assad ».
Dans le même temps, l’opposition a appelé l’Armée Syrienne Libre (ASL, rebelles) à faire preuve de retenue et à respecter la frontière souveraine du Liban.
Qousseir est l’une des plus importantes villes aux mains des insurgés dans la région de Homs, une région stratégique pour le régime car elle relie Damas au littoral. « Les troupes loyalistes appuyées par des combattants du Hezbollah ont pris le contrôle d’importants villages dans la province de Qousseir », a déclaré à l’AFP Rami Abdel-Rahmane, directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, tout en ajoutant que les combattants du Hezbollah avancent sur le terrain, tandis que l’armée assure leur couverture aérienne.
Depuis une semaine, les rebelles tirent en direction de cette région chiite à 15 km de la frontière, affirmant riposter à la participation du Hezbollah aux combats aux côtés du régime.
De son côté, le Hezbollah a plusieurs fois affirmé que les Libanais combattant à Homs étaient des habitants chiites résidant dans des villages côté syrien et qui ne faisaient que se défendre face aux rebelles, réfutant l’implication du parti en tant que tel.
Depuis plusieurs mois, le Liban — divisé entre adversaires et partisans de Damas — est touché par des violences à sa frontière poreuse avec la Syrie.
Une dette envers Damas
Malgré les réfutations du Hezbollah, les analystes s’accordent à lui imputer un rôle dans le conflit syrien. « Le régime syrien a toujours aidé et soutenu le Hezbollah. Aujourd’hui, c’est un inversement des rôles. De plus, la survie du régime de Bachar est une garantie à celle du Hezbollah », explique Rabah Allam, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire. Il estime toutefois que « le rôle attribué au Hezbollah dans le conflit syrien a tendance à être exagéré ».
Moatez Salama, politologue au sein du CEPS, estime, lui aussi, que « le camp anti-Hezbollah est comme d’habitude actif, offrant un flot d’informations et d’articles sur l’implication supposée de ce parti, dans le conflit ».
Ce camp, à travers les médias, a annoncé la mort de centaines de miliciens du Hezbollah en Syrie et la capture de dizaines d’entre eux par les rebelles Syriens. « Ce camp croit qu’un tel déluge est un moyen efficace de susciter autant de rancoeur que possible contre le Hezbollah dans l’opinion publique », ajoute Salama.
En revanche, le Hezbollah n’a, pour sa part, pas donné plus de précisions que ce qu’a déclaré son secrétaire général, Hassan Nasrallah, sur l’assistance apportée par le parti à ses sympathisants libanais qui résident dans des villages à l’intérieur de la Syrie. Il a cependant répété que le Hezbollah n’avait pas, pour l’instant, participé aux combats en Syrie.
Le Hezbollah a clarifié très tôt ses liens avec l’étranger et avec les groupes rebelles en Syrie. Il avait des preuves claires sur les tendances idéologiques de certaines des plus influentes organisations opérant en Syrie. Le point de vue du Hezbollah, pour dire les choses simplement, est que la guerre en Syrie a pour but de faire évoluer, politiquement et stratégiquement, ce pays vers une position d’opposition au Hezbollah.
Pour le Hezbollah, le régime de Bachar Al-Assad est un allié au Liban et en Palestine. Qu’il participe directement aux combats ou non, le Hezbollah est malgré lui un acteur-clé dans la crise syrienne.
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