Bien qu’il s’agisse d’élections provinciales, le scrutin — dont la première partie s’est tenue samedi dernier — relève d’une importance cruciale pour l’Iraq. D’abord, parce que dans le système fédéral iraqien, les assemblées provinciales sont déterminantes, étant donné qu’elles désignent le gouverneur, chargé de mener à bien les projets de reconstruction et de gérer les finances et l’administration de sa province.
Ensuite, parce qu’il s’agit du premier scrutin organisé depuis le départ des derniers soldats américains en décembre 2011, il a donc valeur de test pour le premier ministre chiite Nouri Al-Maliki, embourbé dans une série de crises. Et enfin parce que ces élections interviennent dans un climat particulièrement tendu dans le pays, où les violences font rage et où la minorité sunnite manifeste depuis trois mois contre le pouvoir de Nouri Al-Maliki.
D’ailleurs, face à l’instabilité, le gouvernement iraqien a reporté les élections à Ninive (nord) et Anbar (ouest), deux provinces à majorité sunnite. Les trois provinces de la région autonome du Kurdistan et celle de Kirkouk (nord) ne votant pas non plus, seules 12 provinces sont concernées par le scrutin. Et, ces dernières semaines, douze candidats ont été assassinés et, avec 271 personnes tuées, mars a été le mois le plus meurtrier depuis août 2012.
Lundi dernier encore, 15 personnes ont été tuées et plus de 160 blessées dans une vague d’attentats. Trois jours auparavant, une autre série d’attentats a eu lieu contre la communauté sunnite.
De même, aux yeux des observateurs et des diplomates étrangers, la menace la plus sérieuse vient du conflit larvé que se livrent la région autonome du Kurdistan, dans le nord du pays, et le pouvoir central à Bagdad.
Les deux entités revendiquent une bande de territoire riche en hydrocarbures. Et Bagdad enrage de voir Erbil faire de plus en plus cavalier seul, signant des contrats avec des compagnies pétrolières étrangères en se passant de l’approbation du ministère du Pétrole.
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