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Syrie : Un processus politique qui redémarre lentement

Inès Eissa avec agences, Mercredi, 08 mars 2017

Les négociations de paix sur la Syrie se sont achevées à Genève sans avancée concrète, mais avec l'espoir que le prochain rendez-vous sera plus fructueux.

Syrie : Un processus politique qui redémarre lentement
Les pourparlers de Genève n'ont, en effet, pas permis d'entamer des discussions directes entre les belligérants. (Photo : AP)

Dans les sillages de Genève, personne ne semblait se souvenir de la date du 15 mars 2011, le jour où tout a commencé. C’est en effet à cette date qu’a été lancée la crise syrienne. A l’époque, on ne parlait pas encore de crise, mais d’une révolte populaire, née dans la foulée de ce qu’on avait alors sur­nommé le Printemps arabe, et qui visait à davantage de libertés et de droits. Depuis, les choses ont bien changé. De la situation sur le terrain aux appellations mêmes. De l’affai­blissement de l’opposition dite modérée à la prolifération de groupes et groupuscules opposants, armés ou non, les uns islamistes radicaux, les autres plus modérés. De la naissance de l’Etat Islamique (EI), qui a donné lieu à un changement de taille dans la donne sur le terrain. Du désenga­gement américain progressif à l’im­plication grandissante de la Russie. De l’exigence du départ du régime de Bachar Al-Assad au fait accom­pli de son renforcement. Rien ne ressemble à l’ambiance qui préva­lait en Syrie en mars 2011. Et, ce cocktail n’a pas manqué de jeter son ombre sur les tentatives de résolu­tion du conflit.

Ainsi, les négociations intersy­riennes de Genève 4 se sont ache­vées sans aboutir à une avancée concrète. Les positions du régime et de l’opposition semblent toujours irréconciliables. Pourtant, un accord sur l’ordre du jour de la prochaine réunion prévue fin mars a été convenu. Pour autant, Genève est considérée comme la plus réussie des réunions d’autant plus que l’émissaire onusien, De Mistura, a réussi pour la première fois à tenir des pourparlers directs entre le régime et l’opposition.

Agenda en quatre points

Malgré cela, les discussions ont pris fin avec l’acceptation par les belligérants syriens d’un « agenda clair » en quatre points, selon Staffan de Mistura. Le gouvernement avait insisté à plusieurs reprises ces der­niers jours sur sa volonté d’ajouter la lutte contre le terrorisme aux trois autres éléments prévus par l’émis­saire avant le début des négociations, à savoir la gouvernance — thème flou pour évoquer une transition politique —, la Constitution et les élections. Il a obtenu gain de cause. Ces quatre sujets seront discutés « en parallèle », a assuré l’envoyé spé­cial, mais les questions de stratégie contre le terrorisme seront discutées à Genève, tandis que la partie opéra­tionnelle de la lutte contre le terro­risme sera abordée à Astana. Et l’Onu prévoit un nouveau rendez-vous en mars.

Après un peu plus d’une semaine de discussions difficiles, l’émissaire de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, a fait vendredi soir le bilan de ce quatrième round de négocia­tions. « Le train est prêt, il est en gare, les moteurs chauffent. Tout est prêt, il a juste besoin d’un accéléra­teur », a déclaré M. De Mistura. « Je crois que nous avons à présent un agenda clair devant nous », a indiqué l’émissaire. « Nous avons discuté de procédure, mais nous avons aussi discuté de substance », a-t-il dit. Ce diplomate chevronné, dont l’optimisme chronique bute depuis près de trois ans sur le conflit syrien, a prévu de se rendre la semaine prochaine au Conseil de sécurité de l’Onu à New York. Ensuite, a-t-il dit, « nous aurons Astana pour consolider le cessez-le-feu, et puis à nouveau Genève ». Si huit jours de discussions à Genève n’ont pas permis d’avancée majeure, de tous petits pas ont été accomplis, et aucun des belligérants n’a pris le risque de claquer la porte. Le médiateur de l’Onu a enchaîné les rendez-vous avec toutes les parties : la délégation du régime, celle du Haut Comité des Négociations (HCN, principale délégation de l’opposition), les opposants proches de la Russie, le « Groupe du Caire » et le « Groupe de Moscou ». Les pourparlers n’ont en effet pas per­mis d’entamer des discussions directes entre les belligérants. Les deux parties se sont simplement fait face lors de la cérémonie d’ouver­ture la semaine dernière.

A l’issue des négociations, Bachar Al-Jaafari, l’austère chef de la délé­gation du régime, s’est félicité samedi devant les journalistes « d’avoir pu imposer un ordre du jour rationnel et équilibré qui sert les intérêts du peuple syrien ». Selon lui, « le thème principal, la lutte contre le terrorisme, a occupé 80 % des discussions », alors que les trois autres points ont été effleurés. Quant au chef des négociateurs de l’oppo­sition syrienne, Nasr Al-Hariri, il a jugé cette session « plus positive ». « C’était la première fois que nous avons discuté d’une manière accep­table, en profondeur, les questions de l’avenir de la Syrie et la transi­tion politique », a-t-il dit. « Nous voulons continuer les négocia­tions », a-t-il précisé, sans toutefois donner de date pour une prochaine rencontre. Il a également indiqué que les délégations aux pourparlers en Syrie avaient reçu un papier en 12 points de l’émissaire de l’Onu. « Il s’agit de dispositions générales (...) sur l’avenir de la Syrie », a-t-il expliqué.

Reste à savoir comment se dérou­leront les prochaines négociations. « Le processus politique en Syrie passe par une phase décisive. En fait, le chapitre militaire s’approche de la fin, ouvrant la voie au règle­ment politique et diplomatique », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. Selon lui, « comme dans toutes les guerres civiles, les armes doivent se taire à un moment donné pour céder la place aux négociations sur la base des réali­tés au sol ». Ainsi, l’intervention militaire russe a accéléré l’achemi­nement vers la phase du règlement politique, tout en changeant la donne au sol en faveur du régime syrien. « A présent, toutes les condi­tions sont propices à trouver une solution pacifique qui préserverait la cohésion du pays et lui permet­trait d’éviter la désintégration de l’Etat syrien », conclut le diplo­mate.

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