Les forces iraqiennes tentent de reprendre Mossoul le plus vite possible.
(Photo : AP)
Soutenues par les raids aériens de la coalition internationale, les forces iraqiennes continuent de combattre les djihadistes de l’Etat Islamique (EI) dans la partie ouest de Mossoul. Objectif : établir un pont flottant en vue d’une ligne de ravitaillement à travers le Tigre, le fleuve qui coupe en deux la deuxième ville d’Iraq. Ce pont doit permettre de relier la partie orientale, reprise par les troupes gouvernementales aux djihadistes du groupe Etat islamique, à la partie occidentale toujours sous contrôle des extrémistes. Actuellement, il est impossible de traverser le fleuve car ses cinq ponts ont été endommagés par des bombardements depuis le début de l’offensive le 17 octobre dernier pour la reprise de la totalité de Mossoul, tombée aux mains des djihadistes en 2014. «
Nous avons effectué une importante opération pour nous rapprocher de la zone du pont », a expliqué à l’
AFP le colonel Falah Al-Wabdan, des Forces de réaction rapide du ministère de l’Intérieur, en ajoutant que «
le secteur conquis était fortement miné et quelque 44 djihadistes ont été tués. Les unités du génie vont être en mesure d’établir un pont pour nous permettre de faire traverser du matériel et des munitions ». La mise en service d’un pont de fortune avait été considérée comme une étape déterminante dans la reprise il y a un an aux djihadistes de la ville de Ramadi, dans l’ouest de l’Iraq.
Depuis le lancement en février de l’opération visant à reconquérir l’ouest de Mossoul, les troupes iraqiennes ont relativement avancé rapidement à partir du sud-ouest en reprenant l’aéroport désaffecté et une base adjacente avant d’entrer dans la ville. Elles sont désormais déployées dans le quartier de Jawsaq, repris en grande partie aux djihadistes.
Près d’une semaine après le début de leur offensive pour reprendre Mossoul-ouest au groupe Etat islamique, les forces armées ont sécurisé la plupart des régions entourant la cité, repris l’aéroport et une base contiguë, et pénétré dans les quartiers périphériques. L’assaut impliquant des milliers d’hommes de la Force d’Intervention Rapide (FIR), des unités d’élite du contre-terrorisme (CTS) et de la police fédérale, a été lancé le 19 février principalement à partir du sud. « Actuellement, nous nous dirigeons vers le siège du gouvernorat de Mossoul dans le centre. Nous sommes à 500 mètres du consulat turc », a déclaré le lieutenant-colonel Abdelamir Al-Mohammadawi, dans le quartier de Jawsaq repris en grande partie aux djihadistes, en précisant que ses forces comptaient s’en emparer avant d’atteindre le centre-ville.
Les civils pris au piège
Mais la résistance de ces derniers se renforce à l’approche des quartiers densément peuplés du centre. Il resterait quelque 2 000 djihadistes à Mossoul-ouest encerclée, selon des estimations américaines. Ces combattants, dont des étrangers, recourent à leurs tactiques habituelles de guérilla, à savoir les tireurs embusqués, les explosions d’engins piégés et les attentats suicides. De plus, les djihadistes utilisent des habitants comme boucliers humains. En outre, ces deux derniers jours, quelques centaines de civils ont fui au fur et à mesure que les militaires progressaient, les ONG estiment à 750 000 habitants le nombre des habitants toujours encerclés dans le secteur ouest de la deuxième ville d’Iraq, où ils manquent de tout.
« Alors que la bataille de Mossoul-ouest entre dans sa deuxième semaine, nous sommes extrêmement inquiets pour les quelque 800 000 personnes piégées dans les conditions les plus précaires », a déclaré Karl Schembri, porte-parole du Norwegian Refugee Council. Pour renforcer ses défenses à Mossoul-ouest, l’EI a établi des voies de déplacement protégées en creusant des passages entre les habitations. Il a également provoqué de vastes nuages de fumée noire pour couvrir le ciel selon les commandants iraqiens. Les djihadistes essaient aussi de bloquer la surveillance aérienne en étendant de longs tissus au-dessus des ruelles étroites du centre.
Cette dernière phase de la bataille de Mossoul est d’une grande importance. Car, comme l’estime Dr Mohamad Gomaa, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire, « Mossoul était le dernier espoir de l’EI. Et sa perte annoncera non seulement leur défaite mais aussi leur fin. Mais ce n’est pas une bataille facile. Cela fait plus de deux ans que les djihadistes profitent des ressources de cette ville, ils y sont bien implantés et ils s’y accrochent bec et ongles ». Cela dit, ajoute l’analyste, « les djihadistes seront chassés tôt ou tard et les prochains combats seront les plus féroces, car ces combats vont déterminer l’avenir de cette ville. Et c’est le vrai enjeu ». Mais la fin de l’EI présente aussi des risques. « Le spectre d’un nouveau conflit plane sur cette région où plusieurs forces espèrent contrôler la ville. Il y a de quoi s’inquiéter », conclut Dr Mohamad Gomaa.
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