Des représentants des pays occidentaux et arabes soutenant l'opposition syrienne, réunis à Bonn en marge du G20.
(Photo:Reuters)
La réunion d’Astana s’est achevée jeudi dernier sans résultat concret, les préparatifs à celle de Genève, qui se tient ce jeudi 23 février, ont pris la relève. En effet, pour la première fois depuis l’entrée en fonction de l’Administration du nouveau président américain, Donald Trump, les pays occidentaux et arabes soutenant l’opposition syrienne se sont réunis vendredi à Bonn en marge du G20.
Une rencontre haute en signification, puisqu’elle intervient quelques jours avant les pourparlers de paix de Genève entre le régime de Damas et l’opposition, et qui a réuni le groupe dit des « affinitaires », c’est-à-dire censés partager la même opinion sur le dossier syrien, (une dizaine de pays occidentaux et arabes, ainsi que la Turquie). A l’issue de la rencontre, Berlin et Paris ont manifesté leur soulagement. « Il est apparu clairement que nous voulons dans tous les cas une solution politique dans le cadre de l’Onu », a déclaré le chef de la diplomatie allemande, Sigmar Gabriel, hôte de la réunion du G20.
« C’est important et nécessaire qu’il y ait un dialogue étroit avec les Etats-Unis sur cette question syrienne (...) nous avons vérifié ce matin que nous étions tous bien d’accord », a abondé le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault. « Nous demandons au parrain russe du régime de faire pression sur lui pour qu’il cesse de considérer toute l’opposition comme terroriste, car sinon à Genève il n’y aura pas de discussion », a souligné M. Ayrault. « Nous avons besoin d’unité, afin de parvenir à la reprise des négociations de Genève », a insisté jeudi le chef de la diplomatie allemande, Sigmar Gabriel. « Notre but est de nous assurer du retour du processus de paix sous le contrôle de l’Onu », insiste pour sa part un diplomate européen. Une mission difficile à l’heure où Moscou tient les ficelles du jeu.
Un échec répété
Outre ces défis, Genève apparaît comme chimérique après l’échec d’Astana. En effet, les discussions à Astana entre émissaires de Bachar Al-Assad et rebelles syriens se sont terminées sans percée majeure, les « parrains » russe, turc et iranien de la rencontre se mettant simplement d’accord sur un mécanisme de surveillance du cessez-le-feu. Les délégations des rebelles et du gouvernement syrien ne se sont pas rencontrées face à face et aucune déclaration commune n’a conclu la rencontre finale de 40 minutes incluant tous les participants. Seule avancée mineure, Téhéran, Ankara et Moscou ont poursuivi leurs efforts en faveur d’un mécanisme destiné à consolider le fragile cessez-le-feu en vigueur depuis le 30 décembre en Syrie, en créant un groupe commun de suivi et d’observation de la trêve. Selon le représentant du Kremlin pour la Syrie, « la question du cessez-le-feu est en train d’être résolue » et l’espoir de résoudre des « questions politiques » demeure. Mohammad Allouche, l’un des représentants rebelles, a reconnu que cette rencontre n’avait « débouché sur rien de concret », tout en affirmant avoir reçu des promesses de Moscou concernant « l’arrêt des bombardements sur les territoires tenus par les rebelles ». La Russie a aussi promis d’aider à la libération de prisonniers rebelles et à la mise en place d’un « programme » pour arrêter le siège de localités contrôlées par les rebelles dans une zone proche de Damas, a-t-il ajouté.
« La rencontre d’Astana a montré la voie vers la prochaine conférence de Genève », a estimé le principal négociateur du régime syrien, Bachar Al-Jaafari, blâmant les rebelles et la Turquie, leur principal soutien, pour l’échec de ces discussions. Le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Jaberi Ansari, qui menait la délégation de son pays, a reconnu que les deux camps « sont au début d’un chemin difficile ». Ces discussions dans la capitale du Kazakhstan suivent un premier round de négociations, le mois dernier, entre des représentants du gouvernement et des groupes rebelles syriens. Il s’était déjà achevé sans avancée politique majeure. « Les opérations militaires ont certes diminué, mais les liens entre les forces armées au sol et les participants à Astana et à Genève posent autant de problèmes qu’ils sont ambigus », explique un diplomate qui a requis l’anonymat. Selon lui, les représentants de l’opposition devraient prouver leur contrôle sur les troupes au sol .
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