Quel avenir attend la Syrie ?
(Photo : AFP)
Le gouvernement kazakh a invité les parties prenantes dans le conflit syrien à une deuxième réunion à Astana les 15 et 16 février. Le gouvernement syrien, les représentants de l’opposition armée syrienne et l’envoyé spécial de l’Onu, Staffan de Mistura «
ont été conviés à ces pourparlers parrainés par la Russie, la Turquie et l’Iran ». Selon le ministère, une délégation jordanienne participera aux négociations ainsi que des délégués américains, qui seront présents en tant qu’observateurs. Le respect du cessez-le-feu et des mesures de «
stabilisation » de la situation dans certaines régions de Syrie seront au menu des discussions.
Ces pourparlers dans la capitale du Kazakhstan ont suivi un premier round de négociations le mois dernier qui s’était achevé sans avancée politique majeure. Pour la première fois, la délégation comprend un représentant du groupe de Moscou, formé d’opposants proches de Moscou dont l’ancien ministre, Qadri Jamil, et un représentant du groupe du Caire, composé d’opposants indépendants dont l’ancien porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdissi. L’Iran, la Russie et la Turquie étaient toutefois convenus de la création d’un mécanisme de mise en oeuvre et de surveillance du cessez-le-feu en Syrie.
Tentative d’unité auprès de l’opposition
Pour assurer la complémentarité entre Astana et Genève, l’opposition syrienne tente d’arranger ses rangs. En effet, l’opposition vise à paraître non divisée face à un régime syrien fort de ces victoires sur le terrain. L’opposition a ainsi présenté dimanche dernier les 21 membres d’une délégation unifiée, dont 10 représentants des rebelles, qui se rendront à Genève pour les pourparlers de paix avec le régime sous les auspices de l’Onu, prévus le 27 février.
La composition de la délégation du Haut Comité de Négociations (HCN) a été décidée lors d’une réunion de deux jours à Riyad. Elle sera présidée par Nasser Al-Hariri, un cardiologue de 40 ans, anglophone, originaire de la ville méridionale de Deraa. Membre de la Coalition nationale de l’opposition, principal groupe de l’opposition, il remplace Assaad Al-Zoabi, qui présidait la délégation des opposants lors des précédentes négociations de Genève en février, mars et avril. Le négociateur en chef sera l’avocat Mohamad Sabra, qui faisait partie de l’équipe technique lors des négociations de Genève en 2014. Proche de la Turquie, il dirige le parti Al-Joumhouriya (la république) formé à Istanbul en 2014. Il remplace Mohamad Allouche, représentant de Jaych Al-Islam (armée de l’islam), un puissant groupe rebelle dans la région de Damas. Ce dernier sera le grand absent alors qu’il a mené en janvier la délégation des rebelles pour les pourparlers qui se sont tenus à Astana. Ni lui ni son groupe ne figure dans la délégation de l’opposition à Genève sans qu’une explication soit donnée.
Parmi les groupes rebelles figurent notamment l’Armée Syrienne Libre (ASL) du nord et du sud du pays, ainsi que Fayaq Al-Rahmane, faction islamiste de la banlieue de Damas, et Liwa Sultan Mourad, proche de la Turquie et implanté dans le nord. Jusqu’à présent, le HCN était opposé à la participation aux négociations de ces groupes, jugés plus flexibles à l’égard du régime. Leur participation cette fois-ci dans le cadre du HCN « signifie qu’il n’y aura que deux délégations, celle du régime et celle de l’opposition », a affirmé à l’AFP le porte-parole de la Coalition de l’opposition, Ahmad Ramadan. Lors des réunions précédentes, le représentant de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, devait faire la navette entre le HCN, les représentants du groupe de Moscou puis ceux du groupe du Caire.
Reste à savoir si les deux prochaines échéances apporteront une avancée. « La vision des Russes pour la résolution du conflit repose sur un rôle primordial de l’émissaire de l’Onu, de Mistura, tout en imposant de nouvelles règles du jeu », analyse un diplomate qui a requis l’anonymat. Selon lui, Astana instaure des termes de références qui remplaceraient les principes de Genève 1 et 2. « Ces principes reflétaient les rapports de force sur le terrain qui était dès lors en faveur de l’opposition. A présent, la réalité sur le terrain, plus favorable au régime, implique de nouveaux principes qui traduisent cette nouvelle donne », ajoute le diplomate.
Lien court: