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Kassem Al-Khateb : Bachar a laissé Daech réoccuper Palmyre à des fins précises

Maha Salem, Mercredi, 21 décembre 2016

Kassem Al-Khateb, membre du Courant de l’avenir, l’un des groupes d’opposition syriens, estime que la reprise d’Alep par le régime n’a pas tranché la guerre.

Bachar
Bachar

Al-Ahram Hebdo : Depuis plusieurs mois, on ne cesse de répéter que la bataille d’Alep est décisive dans la suite du conflit. La reprise de cette ville par les forces du régime signifie-t-elle donc une défaite irréversible pour la rébellion ?

Kassem Al-Khateb : Il est vrai que c’est une grande défaite pour l’opposition syrienne, mais ce n’est pas la dernière bataille. Ce n’est pas la fin. La perte d’Alep ne signe pas la fin de la révolution syrienne, au contraire, cette défaite va nous pousser à poursuivre notre révolte et notre lutte contre le régime de Bachar Al-Assad. Il faut noter qu’Alep n’était qu’une partie des régions contrôlées par l’op­position syrienne. Cette dernière contrôle toujours les villes de Hama, Idlib, Daraya, Homs, le Rif de Damas, de même que cer­tains territoires du nord et du nord-est du pays. Toutes ces régions sont toujours sous le contrôle de l’opposition, mais personne ne les mentionne. En plus, il y a les autres régions contrôlées par des djihadistes de l’Etat Islamique (EI).

Ce qui fait que le territoire qui échappe au contrôle du régime n’est pas moindre, et c’est pour cela que ce dernier a voulu redorer son image devant la communauté internationale et paraître fort et puissant. C’est aussi une guerre des nerfs contre la rébellion.

— Oui, mais avec la reprise d’Alep, Damas semble bel et bien en position de force ...

— Il faut d’abord noter qu’au cours de l’an­née dernière, le régime de Bachar et ses alliés ont intensifié leurs raids et leurs combats pour s’emparer d’Alep, bien que cette ville fût l’un des points faibles de l’opposition car elle n’y était pas bien armée. Pourtant, le régime a dû prendre tout ce temps pour la reprendre. Cela ne nous empêche pas de reconnaître que la chute d’Alep s’explique aussi par la faiblesse de l’opposition. Et, pour le régime, Alep est une ville-clé car elle lui ouvre la voie pour réaliser ses plans. Mais il faut aussi savoir que les médias syriens et internationaux ont exa­géré la victoire du régime, le but étant de faire pression sur l’opposition pour accepter la reprise des négociations sans conditions préa­lables, et, par la suite, accepter le règlement qui lui sera dicté. Un règlement tout en faveur du régime.

— Dans ce cas, toute tentative de passer à la table des négociations sera-t-elle vouée à l’échec ?

— L’Occident veut un règlement pacifique à la crise syrienne car il est désormais conscient que l’option militaire n’aboutira à rien. Mais l’opposition continue de rejeter toute solution n’incluant pas le départ de Bachar Al-Assad et de son régime. Pour l’opposition, le régime de Bachar, qui a le sang des Syriens sur les mains, a chuté et n’a plus de place. D’ailleurs, la pré­sence de Bachar est aujourd’hui rejetée même par ses partisans. Car Bachar a commis une erreur fatale : celle de laisser Daech occuper à nouveau Palmyre à des fins précises : inquiéter la communauté internationale, la presser de le soutenir et l’aider dans la lutte antiterroriste. Mais ce crime a incité ses partisans à l’aban­donner et les Syriens ne vont jamais lui par­donner.

Bachar Al-Assad n’est plus soutenu par les Syriens, il est protégé par l’étranger, par des milices armées en provenance de différents pays, des milices iraqiennes, iraniennes, celles du Hezbollah libanais, sans compter le soutien militaire d’une puissance comme la Russie.

— Cela dit, l’opposition est disloquée et on imagine mal qui pourra prendre les rênes du pays en cas de départ de ce régime ...

— Il existe une coordination avec les diffé­rents groupes et mouvements syriens. Et, l’op­position syrienne soutient le règlement paci­fique et la solution politique, mais sous condi­tion. Elle a présenté à l’émissaire onusien un plan de paix basé sur les résolutions onu­siennes. Quant à l’opposition armée qui com­bat sur le terrain, elle aussi veut arrêter les combats et veut un règlement pacifique. Quant à notre mouvement, nous n’avons aucun lien avec les groupes armés syriens qui combattent sur le terrain, mais nous connaissons leur posi­tion à travers les autres groupes de l’opposi­tion. Tous, nous rêvons d’une Syrie libre et démocratique et nous lutterons jusqu’à ce que nous réalisions notre rêve.

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