Al-Ahram Hebdo : Le dialogue national lancé le 10 février dernier ne semble pas avoir porté ses fruits. Qu’en est-il exactement ?
Samira Ragab : Le dialogue national, tout comme l’ensemble des initiatives officielles lancées jusque-là, a pour objectif premier l’intérêt du peuple bahreïni. L’idée du dialogue national a été initiée il y a plus d’un an par le roi Hamad Bin Issa Al Khalifa, et depuis, le souverain tient à la tenue de ce dialogue et à sa réussite. L’appel a ensuite été relancé par le prince héritier Salman Bin Hamad Al Khalifa. Cependant, une frange de l’opposition a voulu imposer ses conditions avant la tenue du dialogue et a véhiculé une mauvaise interprétation de cet appel, et ce, dans l’optique de leur propre agenda politique.
— Ce n’est pas la première fois qu’un dialogue soit tenu entre l’opposition et le pouvoir. Pourtant, les avancées sont minces ...
— Nous avons tenu une première session en juillet 2011, quelques mois après les fâcheux incidents qui ont lieu à Bahreïn. 300 représentants du peuple ont participé aux discussions qui ont duré quatre semaines et qui concernaient cinq axes principaux. Mais l’opposition a fini par se retirer de ce dialogue, qui a cependant abouti à une réforme constitutionnelle. Cette réforme a donné les pleins pouvoirs au Parlement. Quant au gouvernement, il participe au dialogue en tant que partie exécutive et non en tant que partie politique. Le rôle du gouvernement est de mettre en pratique les recommandations qui résultent du dialogue et sur lesquelles il y a un consensus.
— L’opposition met en doute le sérieux de ce dialogue, qu’en pensez- vous ?
— Le gouvernement est tout à fait sérieux et désireux de faire réussir le dialogue national. Notre objectif est que la session actuelle achève ce qui n’a pas été fait en 2011. La poursuite du dialogue avec la participation de différents acteurs politiques, de représentants du Parlement avec ses deux Chambres et du gouvernement prouve que nous voulons aller de l’avant dans la réforme, notamment en matière des droits de l’homme.
— Pourquoi la crise perdure-t-elle donc ?
— En effet, la crise perdure toujours à Bahreïn, et c’est pourquoi le roi manifeste toujours sa volonté d’ouvrir la porte au dialogue, considérant que la crise ne peut être résolue que par le dialogue. D’ailleurs, toutes les parties s’accordent sur ce point. Quant à la violence, elle ne peut aboutir à rien. Contrairement à l’image que certains veulent véhiculer, Bahreïn est un pays tout à fait tolérant, tant sur le plan intérieur qu’extérieur, où il n’existe aucune discrimination et qui croit au pluralisme.
— Bahreïn était un exemple de la cohabitation pacifique entre les différentes confessions, pourquoi une dissidence confessionnelle est-elle à l’origine de la crise ?
— La question du confessionalisme a commencé au lendemain de la fin de la Guerre froide, et pas seulement à Bahreïn, le but étant de créer des dissensions et des conflits dans l’ensemble de la région. Et il y a des parties internes, régionales et internationales qui y contribuent. Aujourd’hui, nous devons faire face à un danger de taille : l’expansion de la théorie de la « révolution khoméniste », qui appelle à la « welayat el faqih » et qui veut étendre la révolution islamique iranienne à la région, alors que chaque Etat a ses propres spécificités.
— Justement, qu’en est-il des relations entre Bahreïn et l’Iran ?
— La menace iranienne est réelle. Sur le plan politique, Téhéran tente de s’ingérer dans nos affaires. Il existe des parties qui oeuvrent à la déstabilisation de notre pays, notamment à travers des campagnes médiatiques. Et plus généralement, l’ensemble des pays du CCG (Conseil de Coopération du Golfe). Ensuite, il y a des menaces concernant l’environnement en raison des activités nucléaires iraniennes. Nous, nous défendons notre souveraineté et notre arabité face aux menaces de l’Iran.
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