Les forces iraqiennes et leurs alliés intensifient les combats pour préparer la libération de Mossoul.
(Photo : AFP)
Les forces iraqiennes et leurs alliés ont intensifié leurs combats contre les djihadistes pour couper les liaisons entre Mossoul et les territoires que le groupe Etat islamique contrôle en Syrie. Des combattants des unités de la mobilisation populaire (Hachd Al-Chaabi), une coalition de milices chiites soutenues par l’Iran, ont repris deux villages et plusieurs zones alentours. L’un de ces villages est Al-Imraini, situé à 45km de Tal Afar, l’objectif principal de leur offensive. Cette ville était majoritairement peuplée de musulmans chiites avant d’être prise par les djihadistes sunnites de l’EI en 2014. «
Cette ville est très importante pour l’EI, elle est considérée comme le point de départ et de connexion entre les territoires qu’il occupe dans les deux pays, la Syrie et l’Iraq. Et, avec l’intensification des combats autour de Mossoul, un nombre important de djihadistes a commencé à traverser cette ville pour fuir vers les territoires syriens occupés par l’EI », explique Dr Ahmad Youssef, professeur à la faculté d’économie et de sciences politiques à l’Université du Caire. Tout en ajoutant que pour les djihadistes, «
Mossoul est une bataille définitive et décisive: sa perte sera un coup fatal pour l’EI ».
Les milices chiites à l’ouest
Conscient de cette importance, Hachd Al-Chaabi veut également couper les lignes d’approvisionnement de l’EI entre Mossoul et l’est de la Syrie, en particulier son fief de Raqa. Mais pour y parvenir, le chemin à parcourir reste long. Peu impliquées jusque-là dans la vaste opération lancée le 17 octobre pour reprendre Mossoul, les milices chiites interviennent dorénavant sur le seul front où les forces terrestres iraqiennes n’étaient pas déployées, à l’ouest de la ville, en direction de la Syrie voisine. « L’opération vise à couper le ravitaillement de Mossoul depuis Raqa (fief de l’EI en Syrie) afin de resserrer le siège de Mossoul et de libérer Tal Afar », a déclaré à l’AFP le porte-parole des milices du Hachd Al-Chaabi, Ahmad Al-Assadi. Selon lui, l’opération vise à reprendre, outre Tal Afar, les villes de Tal Abta et de Hatra, à proximité de laquelle se trouve un site archéologique inscrit au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, mais déjà vandalisé par l’EI.
Mais la participation de ces forces est une source de tensions au sein de la vaste coalition anti-EI, Kurdes et Arabes sunnites iraqiens n’y étant pas favorables. Les milices chiites ont assuré qu’elles ne comptaient pas entrer dans Mossoul, après avoir été accusées d’exactions lors des précédentes reprises de villes peuplées majoritairement de sunnites comme Fallouja ou Ramadi. « La participation des chiites dans des batailles dans des villes sunnites est à l’origine d’importantes divergences au sein de la classe politique iraqienne. Car l’on craint les actes de violences commis par les chiites contre les sunnites, de tels actes de vengeance peuvent provoquer une guerre confessionnelle susceptible de toucher l’ensemble de la région », explique Dr Ahmad Youssef en ajoutant que ces groupes paramilitaires entretiennent également des relations difficiles avec la coalition internationale menée par les Etats-Unis, ainsi qu’avec la Turquie voisine qui suit de près l’évolution dans le nord de l’Iraq.
Une pause dans les opérations
Par ailleurs, afin d’encercler Mossoul, l’opération progresse également dans le sud, où les forces fédérales ont repris samedi la localité d’Al-Choura, dans une zone où se déroulaient des combats depuis plus d’une semaine. A l’est, le front semblait plus calme. Dans la ville chrétienne de Bartalla, à cinq kilomètres à l’est de Mossoul, l’armée et ses sections d’élite du contre-terrorisme consolidaient leurs positions en installant un nouveau dépôt. Ces opérations interviennent en dépit d’une annonce par la coalition internationale d’une pause des forces iraqiennes afin de consolider les gains obtenus depuis le début de leur offensive. « Pendant la pause, les troupes iraqiennes se repositionnent, se rééquipent et font du nettoyage dans les zones conquises », a affirmé le porte-parole militaire de la coalition anti-EI, le colonel américain John Dorrian.
En revanche dans l’autre camp, les djihadistes ont lancé une série d’attaques dans différentes villes pour faire diversion. « Ces actes de violences étaient prévus. Les djihadistes veulent affirmer leur existence tout en envoyant un message que la dernière bataille sera difficile et qu’ils ne céderont pas facilement », conclut Dr Youssef.
Risques humanitaires
Au fur et à mesure que progressent les troupes iraqiennes et leurs alliés vers Mossoul, le nombre de civils déplacés augmente, même s’il reste jusqu’à présent limité. Plus de 17600 personnes ont fui leur domicile vers les zones contrôlées par Bagdad depuis le début de l’offensive le 17 octobre, a indiqué dimanche l’Organisation Internationale pour les Migrations (OMI). L’Onu a prévenu que près d’un million de personnes pourraient être forcées de quitter leurs foyers, provoquant une situation d’urgence humanitaire.
Par ailleurs, les Nations-Unies ont fait état d’informations sur des exécutions de masse par l’EI à Mossoul et de l’enlèvement de près de 8000 familles, vraisemblablement pour être utilisées comme « boucliers humains ». « La stratégie dépravée et lâche de l’EI consiste à essayer d’utiliser la présence des civils pour mettre des zones ou des combattants à l’abri des opérations militaires », a dénoncé le Haut commissaire de l’Onu pour les droits de l’homme, Zeid Rayad Al-Hussein.
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