Lundi, 16 septembre 2024
Al-Ahram Hebdo > Monde Arabe >

La Syrie dans la tourmente

Abir Taleb avec agences, Jeudi, 06 octobre 2016

Alors que la guerre bat son plein à Alep, Washington a suspendu ses pourparlers avec Moscou sur la Syrie. Le Conseil de sécurité tente, timidement, d'instaurer un cessez-le-feu.

La Syrie dans la tourmente
Washington a suspendu ses discussions avec Moscou suite au bombardement d'un hôpital dans la zone rebelle d'Alep. (Photo : AFP)

Tiraillement entre les grandes puissances, notamment la Russie et les Etats-Unis, et impuissance des Nations-Unies. La crise syrienne n’en finit pas de se compliquer. En effet, les timides tentatives du Conseil de sécurité de l’Onu semblent dérisoires au vu de la situation sur le terrain et du bras de fer américano-russe. Lundi dernier, le Conseil de sécurité étudiait un projet français de résolution sur la Syrie visant à instaurer un cessez-le-feu à Alep, ville bombardée sans relâche par le régime syrien et son allié russe depuis l’échec de l’accord américano-russe. « C’est notre responsabilité de tenter tout ce qui est humainement possible » pour obtenir l’accord du Conseil autour d’un texte qui vise à « mettre un terme au martyre d’Alep », a déclaré à l’AFP l’ambassadeur français à l’Onu, François Delattre. Des diplomates ont aussi indiqué à l’AFP que le vote pourrait avoir lieu cette semaine sur ce texte, alors que l’ambassadeur russe à l’Onu, Vitali Tchourkine, a affirmé que ce plan n’avait « aucune chance de fonctionner ».

Ce qui semble plus plausible en effet. On imagine mal comment les cinq membres permanents du Conseil qui ont droit de veto (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni, France et Chine) puissent tomber d’accord sur une formule, alors que l’animosité entre l’Occident et Moscou au sujet de la question syrienne ne cesse de prendre de l’ampleur, et que la situation sur le terrain est des plus critiques : le plus grand hôpital d’Alep-Est (secteur rebelle) a été complètement détruit par des raids menés dans le cadre d’une vaste offensive que mène le régime depuis près de deux semaines sur cette deuxième ville de Syrie avec le soutien de la Russie. Et, après la destruction de l’hôpital, les Etats-Unis ont suspendu leurs pourparlers bilatéraux avec la Russie sur un cessez-le-feu en Syrie. « Tout le monde est à bout de patience avec la Russie », a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest. « Il n’y a plus de questions au sujet desquelles les Etats-Unis et la Russie puissent parler » à propos de la Syrie, a-t-il estimé. Réponse de la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova : « Nous regrettons cette décision (...). Washington n’a tout simplement pas rempli la condition-clé de l’accord, à savoir l’amélioration des conditions humanitaires aux environs d’Alep. Après avoir échoué à respecter les accords qu’ils ont eux-mêmes négociés, (les Etats-Unis) tentent de faire porter la responsabilité (de l’échec) par un autre ».

Des discours violents de part et d’autre qui n’augurent de rien de bon. Face à ces développements, impuissant, l’envoyé spécial de l’Onu pour la Syrie, Staffan de Mistura, s’est simplement dit lundi profondément déçu par la fin des pourparlers américano-russes sur un cessez-le-feu en Syrie, mais déterminé à oeuvrer pour une solution politique. Des voeux pieux que, pour l’heure, aucune partie n’a l’air de vouloir concrétiser.

Lien court:

 

En Kiosque
Abonnez-vous
Journal papier / édition numérique