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Yémen : Blocage politique et reprise de la guerre

Maha Salem avec agences, Lundi, 15 août 2016

Alors que sur le terrain les combats se sont multipliés à travers le Yémen après la suspension des pourparlers de paix du Koweït, les partisans de Saleh et les Houthis ont annoncé la mise en place de la création d'un conseil présidentiel mixte.

Yémen : Blocage politique et reprise de la guerre
Le parlement yéménite s'est réuni pour approuver la formation du conseil présidentiel mixte. (Photo:AFP)

Malgré l’échec des pourparlers du Koweït et la reprise des combats, les parties pourraient se retrouver d’ici un mois (et ce, pour la quatrième fois depuis juin 2015), selon le représentant spécial des Nations-Unies, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed. Entamées le 18 avril au Koweït, ces négociations se sont achevées le 6 août dernier sans la moindre avancée : elles auront donc simplement permis de geler partiellement les combats durant deux à trois mois.

La prochaine étape des pourparlers pourrait se tenir en Oman. On se demande pourtant, vu les divergences de vue et la situation sur le terrain, sur quoi porteront ces éventuelles discussions. En fait, le gouvernement avait accepté, début août, un accord minimal en quatre points : cessation des hostilités, libération de prisonniers (plusieurs vagues de libérations ont eu lieu depuis avril), mise en place de comités chargés de surveiller l’application du cessez-le-feu, accès à l’aide humanitaire.

Or, les rebelles, qui tiennent la capitale, Sanaa, et l’essentiel du territoire en dehors du sud côtier et de l’Est, refusent un plan axé sur les enjeux sécuritaires. Ils veulent un accord global, la mise en place d’un gouvernement de transition avant de rendre les armes. Pire encore, outre la reprise des combats, et dans une volonté de prouver leur suprématie politique, les Houthis ont franchi une nouvelle étape cette semaine. Après avoir unilatéralement annoncé, fin juillet, la formation d’un nouveau gouvernement, geste perçu comme une provocation, le parti de l’ex-président Ali Abdallah Saleh et les Houthis se sont mis d’accord cette semaine, selon Radio France Internationale, de transmettre officiellement les pouvoirs et les travaux du président à un conseil présidentiel mixte. Ce conseil politique a prêté serment devant le parlement. Pour lui donner une certaine légitimité, une session exceptionnelle de ce parlement a été tenue. Or, ce parlement lui-même manque de légitimité : tout d’abord, il ne regroupe que les membres du parti de l’ex-président Saleh qui représentaient initialement 70 % du parlement. Ensuite, son mandat s’est achevé en 2009, et en raison des conflits politiques, son mandat a été renouvelé plusieurs fois, la dernière datant de 2013. La création de ce conseil a été évidemment rejetée par le président actuel Hadi Abd-Rabbo et son régime.

Or, quelle que soit la portée de cette étape, elle vient prouver une fois de plus le blocage politique. Face à ces développements et comme on pouvait le prévoir, d’intenses combats ont éclaté après la suspension des négociations de paix interyéménites.

Cette semaine, on a assisté à une reprise des combats à grande échelle, notamment après que la coalition arabe, menée par l’Arabie saoudite et soutenant le pouvoir du président Abd-Rabbo Mansour Hadi, eut annoncé la reprise des raids aériens sur la capitale, Sanaa, entre les mains des Houthis. Pour la première fois en trois mois, des raids aériens intensifs sur la capitale ont entraîné la fermeture de l’aéroport. Le gouvernement signale par ailleurs qu’il entend asphyxier un peu plus les zones rebelles, soumises à un blocus de la coalition depuis mars 2015. Il menace de fermer la Banque Centrale yéménite, qui paie les salaires des fonctionnaires à Sanaa et qui arrive à court de liquidités. Par ailleurs, les rebelles ont, eux, multiplié les tirs de missiles sur le sud de l’Arabie saoudite.

Cette reprise des combats ne risque pas jusque-là de changer l’équation sur le terrain. Ni les positions de la coalition ni celles des rebelles houthis alliés aux forces de l’ex-président Ali Abdallah Saleh n’ont quasiment bougé depuis un an. « Chacune des deux parties augmente la pression avec l’espoir que l’autre cède et présente des concessions. Car, pour le moment, il n’y a ni gagnant, ni perdant. Chaque camp tente avant tout d’être maître de la situation sur le terrain en vue d’une éventuelle reprise du dialogue. Car après tout, ils sont tous conscients que c’est la seule voie de règlement, mais chacun veut dialoguer en étant le plus fort sur le terrain », explique Dr Eman Ragab, analyste au Centre des Etudes Politiques et Stratégiques (CEPS) d’Al-Ahram au Caire.

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