L'espoir est toujours légitime.
(Photo : AP)
Al-Ahram Hebdo : Vu la reprise des combats sur le terrain et l’échec, jusque-là du moins, des négociations de Genève, quelles sont selon vous les perspectives de la solution politique en Syrie ?
Majd Niazi : Certes, une solution politique s’impose en Syrie. Mais le gouvernement turc d’Erdogan représente un obstacle majeur à cette solution en continuant de laisser passer les combattants qui traversent les frontières pour joindre les groupes armés à Alep. La Turquie met de l’huile sur le feu. Par ailleurs, je pense que l’Administration américaine a reporté toute issue politique jusqu’à l’année prochaine après les élections présidentielles.
— Ne pensez-vous pas que le régime syrien ait vraisemblablement opté pour la solution militaire ?
Majd Niazi,
— Toutes les parties impliquées dans la guerre en Syrie sont persuadées de l’impossibilité d’une solution militaire. Mais chacun profite de son côté des opérations militaires pour améliorer sa position dans les négociations. Cependant, les troupes de l’Etat Islamique (EI) continuent d’agir comme des radicaux libres hors de tout contrôle, ainsi que d’autres groupuscules terroristes. Ceci impose au régime syrien de les affronter sans relâche. En outre, il s’est avéré, lors des pourparlers de Genève et ceux de Moscou, qu’une partie de l’opposition n’agit pas indépendamment des autres parties et des pays qui les soutiennent. Ces éléments rendent le cessez-le-feu pratiquement impossible.
— Quel est votre avis sur l’option du fédéralisme que certains avancent comme une solution potentielle ?
— Le fédéralisme est à mon sens un système politique qui ne correspond ni à la répartition géographique ni à la composition ethnique et sociale du pays. L’exemple du Liban où il y a une sorte de fédéralisme implicite a clairement démontré que dans notre région, il en résulte un pays paralysé et inefficace. En Iraq, ce système a mené à l’effondrement du pays. Dans le cas de la Syrie, je crois que l’idée a pour objectif de permettre aux Kurdes de déclarer leur Etat indépendant au nord du pays. A présent, la majorité écrasante du peuple syrien refuse catégoriquement cette proposition qui aboutirait sans aucun doute au partage de la Syrie.
— Selon vous, les idées suggérant une nouvelle Constitution mettant en place un système politique parlementaire sont-elles pertinentes ?
— Nous sommes très ouverts à toutes les idées liées à la réforme constitutionnelle. La priorité de cette réforme doit être accordée à l’Etat de droit, aux libertés fondamentales et à la citoyenneté. Cependant, je pense qu’il conviendrait de maintenir le système présidentiel en limitant les pouvoirs du président et en garantissant le principe de la séparation des pouvoirs.
— Au cas où les pourparlers de paix aboutiraient à une solution politique, sera-t-il facile de parvenir à une réconciliation réelle entre le peuple à même de guérir les malaises résultant de longues années de guerre ?
— Le processus de réconciliation a déjà commencé dans une bonne partie des territoires syriens. Notre peuple est de nature tolérante et pacifiste. Bien que nous ayons tous été entraînés dans cette guerre, nous avons pu garder cette conviction de la nécessité de savoir vivre ensemble. Au terme de cinq longues années de guerre, tous les Syriens ont compris que nous avons tous perdu et que la réconciliation est une fatalité. Il n’en demeure pas moins que toute réconciliation durable nécessitera le jugement des criminels qui ont perpétré les atrocités.
— Aux yeux des observateurs, l’opposition de l’intérieur est considérée comme faisant partie du régime de Bachar Al-Assad. Qu’en pensez-vous en tant que présidente d’un parti politique soi-disant de l’opposition de l’intérieur ?
— Il est normal que les Occidentaux et les pays de la région impliqués dans la guerre en Syrie essayent de brandir ces accusations à l’égard de l’opposition de l’intérieur puisque les partis de l’intérieur ne portent pas les armes et ne tuent pas les Syriens comme l’opposition dite de l’extérieur. Nous représentons une bonne partie du peuple syrien et nous sommes présents dans la plupart du territoire. A cet égard, je voudrais rappeler que les parties régionales et internationales préféraient que les groupes de l’opposition qui portent les armes monopolisent la représentation de l’opposition dans les pourparlers intersyriens. Ces groupes-là sont financés et armés par ces pays, et par conséquent, ils suivent les instructions reçues de l’étranger.
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