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Fallouja : La bataille de tous les dangers

Sabah Sabet avec agences, Mercredi, 08 juin 2016

Bien qu'elles gagnent du terrain, les forces iraqiennes font face à une résistance farouche de la part de Daech. Ce qui risque de retarder la libération de Fallouja.

Fallouja : La bataille de tous les dangers
Selon plusieurs ONG, quelque 50 000 civils se trouvent coincés dans le centre de Fallouja et vivent dans des conditions difficiles. (Photo : Reuters)

La semaine dernière, les forces iraqiennes annonçaient en grande pompe leur entrée dans Fallouja et présentaient comme imminente la libération de la ville contrôlée par l’Etat Islamique (EI). Depuis, les choses semblent avancer bien plus lentement que prévu. Alors que les forces iraqiennes soutenues par l’allié américain, et des milices chiites gagnent du terrain dans leur bataille pour reconquérir Fallouja, elles se heurtent à une résistance farouche de la part des forces de Daech.

Selon des sources militaires, les soldats et les policiers, appuyés par les forces paramilitaires du Hachd Al-Chaabi dominées par les milices chiites, ont reconquis samedi la localité de Saqlawiya, à environ 10 km au nord-ouest du fief djihadiste de Fallouja, dans la province occidentale d’Al-Anbar. Le contrôle de la zone rurale autour de Saqlawiya permet d’assiéger totalement Fallouja, que les forces armées cherchent à reconquérir depuis le 23 mai, date du lancement de l’offensive iraqienne qui se fait également avec l’appui aérien de la coalition internationale dirigée par les Etats-Unis. « La 14e division de l’armée et les Hachd Al-Chaabi ont pris d’assaut le centre de Saqlawiya et hissé le drapeau iraqien », a indiqué un communiqué du commandement des opérations militaires conjointes.

Alors que les troupes iraqiennes conduites par les forces d’élite tentent de progresser pour entrer dans le centre de Fallouja, d’autres forces continuent de « nettoyer » les zones aux alentours pour faire en sorte à ce que la ville soit complètement isolée. L’opération à Saqlawiya vise à couper Fallouja de Jazirat Al-Khaldiyah, une région plus à l’ouest utilisée comme point de passage par l’EI pour se rendre dans d’autres régions d’Iraq.

Contre-attaque de l’EI

Cela dit, malgré ces mini-victoires, la bataille s’annonce longue et difficile, le groupe extrémiste, étant bien ancré à Fallouja, tente toujours de résister. Après être entrées dans Fallouja à partir de trois axes, les forces armées ont atteint la banlieue de Naimiyah. Là, « environ 100 djihadistes lourdement armés » ont lancé une contre-attaque, mais les forces iraqiennes ont réussi à les repousser, tuant 75 djihadistes, a indiqué le général Abdelwahab Al-Saadi, commandant de l’opération militaire.

Une résistance tout à fait prévisible, d’autant plus qu’en Iraq, la question touche aussi aux divisions confessionnelles. En effet, une partie des habitants de Fallouja, sunnites, craignent la vengeance de certaines milices. Les sunnites étant souvent accusés d’aider les combattants de l’Etat islamique. Ce qui fait craindre que la bataille à Fallouja ne se transforme en conflit confessionnel, si le pouvoir n’arrive pas à contrôler l’affaire et empêcher les milices chiites de commettre des actes de vengeance contre les sunnites. « J’espère que le premier ministre sera à même de protéger les citoyens de Fallouja qui souffrent déjà depuis deux années des exactions de Daech. L’armée iraqienne doit prouver qu’elle protège la patrie et pas une certaine communauté », affirme ainsi l’écrivain et journaliste Makram Mohamad Ahmad, dans un éditorial publié le 30 mai dans le quotidien égyptien Al-Ahram.

L’Unicef tire la sonnette d'alarme

Plusieurs milliers d’enfants sont bloqués à l’intérieur de Fallouja et risquent d’être recrutés par Daech ou encore de servir de bouclier humain. « Les enfants risquent le recrutement forcé dans le combat (...) et une séparation avec leur famille », a alerté le représentant de l’Iraq à l’Unicef, Peter Hawkins. « Les enfants recrutés sont forcés à porter les armes pour combattre dans une guerre d’adultes. Leur vie et leur avenir sont en danger ». L’Unicef estime à au moins 20 000 le nombre d’enfants pris au piège dans la ville. L’Unicef a appelé toutes les parties à protéger les enfants dans Fallouja, à garantir un passage en toute sécurité à ceux qui souhaitent quitter la ville et à fournir un cadre sûr au civils qui ont fui la ville, a annoncé Peter Hawkins.

Les Nations-Unies ont également accusé les djihadistes de l’EI d’utiliser les civils comme boucliers humains. Ils sont environ un millier de combattants retranchés dans la ville de Fallouja, contrôlant 50 000 civils. Les rares habitants qui ont fui le centre de la ville depuis l’assaut ont parlé d’un manque d’eau potable et de nourriture. Et les centaines de familles ayant réussi à sortir des zones périphériques de Fallouja et les habitants toujours sur place se sont aussi plaints de très mauvaises conditions de vie.

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